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Une femme nommée gouverneur au Maroc

Tailleur strict, cheveux mi-longs impeccablement coiffés et lunettes à montures dorées… Le look de Fouzia Imanssar (55 ans) est à l’image de son personnage : raffiné et sans fioritures. Cette ri­gueur, sinon cette austérité, lui vient sans doute de son enfance dans une famille modeste et très religieuse. Son père était en effet imam d’une petite ville de province, Essaouira. Le 2 octobre, elle a été nommée par le roi gouverneur de l’une des préfectures urbaines les plus importantes, l’arrondissement d’Aïn Chock, à Casablanca. C’est la première fois dans l’histoire du Maroc qu’une femme accède à un tel poste.

Mère de deux enfants, elle est depuis trente-quatre ans au service de l’État. Sa nomination, estime-t-elle, constitue « une marque de confiance à l’égard de toutes les femmes ». Elle s’inscrit dans le droit fil de la politique royale, qui s’est déjà traduite par l’entrée en force des femmes au Parlement et même au gouvernement. On sait que Zoulikha Nasri, par exemple, la secrétaire d’État chargée de l’Entraide nationale, est l’une des plus proches collaboratrices du souverain. « L’un des derniers bastions est tombé », commente fièrement Fouzia Imanssar.

Au cours de sa longue carrière, elle a passé son temps à bousculer les obstacles. Diplômée de l’ENA (Maroc) et titulaire d’un doctorat de 3e cycle obtenu à l’Institut supérieur de commerce et d’administration des entreprises (Iscae), elle fait ses premières armes au ministère des Finances, où elle acquiert le goût du travail bien fait. Sa réputation de rigueur et d’intégrité s’est construite au fil des années, mais surtout après sa nomination, en 1986, à la tête de l’Agence urbaine du Grand Casablanca.

L’aménagement de la capitale économique du royaume draine en effet des sommes vertigineuses. Et provoque une corruption qui ne l’est pas moins. Fouzia Imanssar parvient à imposer sa méthode, qui repose sur le strict respect de la loi. Ni plus ni moins. Son premier objectif est de décongestionner la mégapole. Pour cela, elle entreprend d’unifier les nombreux plans d’aménagement en cours de réalisation. Elle reprend en main l’octroi des permis de construire, passe au crible les dérogations accordées au cours des années précédentes et s’oppose à la construction anarchique de cités dortoirs à la périphérie de la ville. Bien sûr, elle ne se fait pas que des amis. Syndicats d’architectes, spéculateurs, promoteurs immobiliers et entrepreneurs de travaux publics lui reprochent de bloquer des projets dans lesquels ils sont impliqués.

Comment une femme est-elle parvenue à s’imposer dans cet « univers impitoyable » ? « Avec de l’endurance et une inébranlable confiance en ses capacités », répond-elle.

Nadia Lamarkbi
Source: Jeune Afrique

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