Elections 2008: création d'un observatoire dédié la diversité politique

- Yabiladi : Vous venez de créer un observatoire dédié à la promotion de la diversité…politique ? Qu’en est-il ?
- Najat Azmy : En ce qui concerne notre comité national pour la diversité qui pourrait se transformer en observatoire national de la diversité, l'idée est toute simple. Il s'agit de rompre avec la logique anti-républicaine d'absence de diversités dans les conseils municipaux, les conseils régionaux, les conseils généraux, l'Assemblée nationale et le Sénat. Pour lancer notre initiative, la première action vise les élections municipales. Nous avons mis en place ce comité à quelques uns, et ce pour plusieurs raisons. Tout d’abord, le but est d’encourager les citoyens français de la diversité à se présenter aux élections municipales de 2008, de réaliser une veille active sur la composition des listes électorales, d’inciter les citoyens partout en France à signifier leur désaccord avec la composition des listes électorales monocolores de leur municipalité et plus largement au plan national. D’étudier les programmes dans leurs contenus permettant de vérifier leurs contributions dans la lutte contre les discriminations et à promouvoir la diversité et d’amener les politiques à réfléchir sur la place de la diversité au sein de notre Vème République.
Nous avons vocation à vérifier qu’à l'entre deux tours, il n'y ait pas de dérapage et de sortie de liste des candidats de la diversité.

- Le 16 mars 2008 au soir, le comité a-t-il prévu de mener des actions ?
- A l'issue des élections municipales, nous remettrons deux prix. Celui de la diversité républicaine attribué à la liste qui aura défendu les valeurs d'égalité et de fraternité par son programme, par la composition de sa liste ou encore par l'accession effective de la diversité à des postes de responsabilité. Ensuite, le prix du communautarisme pour la liste la plus monocolore, celle qui aura le moins respecté la diversité, celle qui aura le moins respecté les valeurs de la République

- Quels sont les profils des personnes qui siègent dans ce comité ?
- Les personnes qui y siègent sont des élus, des candidats aux élections municipales, des personnalités de la société civile. Nous sommes des hommes et des femmes de catégories sociales diverses : cadres, employés ou chefs d'entreprise. Parmi nous, il y a des présidents d'associations nationales, des responsables de partis politiques. Nous appartenons à différentes familles politiques et nous travaillons, tous ensemble, dans le pluralisme des partis, avec comme dénominateur commun, celui de mettre au coeur du débat la diversité qu'elle soit liée à l'origine sociale, culturelle, ethnique, de genre ou de handicap.

- Missions et objectifs de votre plateforme ?
- Depuis sa création, plusieurs actions ont été menées dans plusieurs grandes villes de France. Le comité a tenu des conférences de presse, il a organisé des rencontres avec les dirigeants politiques. De là, il y a eu des réajustements sur certaines listes électorales.
Nous tiendrons une conférence de presse juste avant le premier tour des municipales pour rappeler, d'une part aux citoyens d'aller voter pour les listes où ils s’identifient, et d'autre part, au travers du programme et de la liste qui leur ressemble sociologiquement, culturellement,…
Ce qui ressort globalement de nos rencontres avec les partis politiques, c'est qu'ils sont éloignés des réalités de la société, ils ne vont pas au même rythme que la société elle-même. La société évolue en terme de représentations beaucoup plus qu'ils n'ont la capacité à le faire. La tendance, c’est aussi qu'il y a des efforts consentis et qu'ils veilleront à l'avenir à prendre en compte cette diversité. Par ailleurs, certains politiques ont salué cette initiative innovante car elle est participative et engagée.

- Et votre rôle précis au sein du comité ?
- Je suis membre actif et je fais des propositions d'actions à mettre en place. J’apporte ma contribution à toutes les publications, je participe à la réalisation des contenus des communiqués de presse et à l’organisation des points presse. J’assure les contacts avec les élus et les responsables politiques pour accompagner les candidats qui rencontrent des difficultés et qui souhaitent notre intervention.

- Selon vous, la France a-t-elle gagné en maturité sur les questions liées à la représentativité dans ses institutions politiques ?
- Effectivement, la France a franchi un pallier. Les responsables politiques sont conscients du changement qui est en train de s'opérer mais ils n'y étaient pas préparés. Il y a plus de personnes issues de la diversité sur les listes, mais à quel niveau et à quel degré de responsabilités seront ils dévolus, s'ils sont élus ?
Certains élus manifestent de l'intérêt sincère ou électoraliste, mais l'initiative a été saluée par certains d'entre eux.
L’installation et le rôle de l’observatoire sont vitaux car il est connu que beaucoup de candidats de la diversité sont des variables d'ajustement soit sous prétexte d'accords électoraux soit pour des raisons inconnues et ainsi les partis utilisent et fabriquent des candidats jetables.

Rachid Hallaouy
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