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Conseil Supérieur des MRE: El Guerrab M’jid, Marocain dans le sang

El Guerrab M’jid, membre du Conseil fédéral du Cantal au Parti socialiste en France, nous livre sa lecture du Conseil Supérieur des Marocains du monde, sa vision, ses attentes, ses interrogations,…

- Le Roi Mohammed VI vient d'annoncer la création d'un Conseil supérieur dédié à la communauté marocaine basée à l'étranger. Qu'est ce que cela vous inspire ?
- J’ai collaboré avec le CCDH au sein des groupes de travail pour la rédaction de l’avis du Conseil Consultatif des Droits de l’Homme sur cette question. C’est une structure qui pourra permettre de raffermir le lien entre les MRE et leur pays d’origine. Je crois donc que c’est une initiative qui tombe à point nommé. Ces dernières années, on sentait une volonté de plus en plus forte chez les Marocains du monde d’investir pour et dans leur pays d’origine. Nous aurons enfin une institution représentative de la diaspora marocaine en espérant qu’elle ait vraiment les pouvoirs pour agir dans ce sens.

- Selon vous, cette instance sera-t-elle en mesure de répondre aux exigences de cette communauté comme l’exercice du vote ou encore la mise à niveau des antennes consulaires ?
- En tout cas, je ne crois pas que la vocation de cette haute instance soit d’être une coquille vide ! Tout au contraire, nous avons besoin qu’elle soit le relais des revendications légitimes de cette population qui contribue au développement du Maroc. Les Marocains de l’étranger n’ont pas uniquement vocation à faire rentrer des devises ! Nous avons aussi beaucoup à apporter à notre pays d’origine en terme de richesse culturelle et de développement humain, et à l’inverse, nous avons beaucoup à apprendre de nos racines.


- On parle souvent de nationalité double, de double culture, d'appartenance plurielle, de citoyenneté universelle,... Quelle lecture faites-vous de l'exercice de la citoyenneté pour les Marocains du monde ?
- En France, nous sortons d’une campagne présidentielle dans laquelle la question de l’identité nationale a eu beaucoup d’importance. Je me définis très tranquillement comme un Franco-maroco-berbero-cantalou ! Je dis cela avec une pointe d’ironie bien sûr parce que je trouve cette question de l’identité nationale totalement absurde. S’il s’agit de valeurs partagées alors je dis oui, nous partageons les mêmes valeurs, s’il s’agit d’un lit de Procuste dans lequel on veut m’allonger, alors je dis non ! Personne ne viendra définir mon identité à ma place.
Nous sommes pluriels, nous sommes le fruit d’un mélange et chacun est fier de ce qu’il est. J’aime le Maroc, chacun a sa sensibilité pour dire si il est plus ceci que cela, mais soyez sûr que celui qui réussira à me couper de mes racines avec « mon bled » n’est pas né ! Je pense que beaucoup de Marocains dans le monde ressentent les choses comme cela.

- Des bruits de couloir font état de 80 "cooptations" qui assureront la représentativité de la communauté ? Etes-vous intéressé pour apporter votre contribution ? Ce nombre a-t-il une signification pour vous ?
- Je ne suis candidat à rien. Si on m’appelle, ce sera un grand honneur même si je pense que beaucoup de gens de qualité sont beaucoup plus légitime que moi. Je pense à des personnes qui ont beaucoup œuvré pour le Maroc au premier rang desquelles Brahim Abbou et Lhoucine Garrouge. Avec des modèles de femmes chefs d’entreprises dont nous pouvons être fiers comme Sihame Arbib ou Fatima Hal. Je pense aussi à de jeunes personnalités politiques françaises qui reflètent la France qui réussit comme Kamal Chibli ou Najat Vallaud-Belkhacem. J’aimerais aussi y voir figurer des intellectuels comme Rachid Benzine qui peuvent offrir à cette structure une réflexion de fonds sur des questions fondamentales comme celle du rapport à l’Islam. Et pour terminer, j’espère sincèrement que la parité y sera respectée.

- Connaissez-vous la structure qui statue sur les cooptations ?
- Non, mais je sais que le CCDH en fait partie et je tiens à saluer le travail de cette instance qui tire notre pays vers le haut. J’imagine qu’en dernier lieu, c’est le Palais qui va trancher. En vérité, cela m’importe peu de savoir qui va nommer les membres du Conseil, ce qui m’intéresse, c’est que cette institution soit représentative de la diversité de notre diaspora.

- Le Chef de l'Etat a annoncé la lancement de ce Conseil sous la forme d'expérience pilote d'une durée de quatre années. Cela vous gêne-t-il ?
- Oui, car cela me paraît un peu long avant de faire place à des élections.

- Et enfin, qu'en est-il de la communauté française, est-elle sensible à la création d'une instance politique qui leur est consacrée ?
- Comme dirait Feu Sa Majesté Hassan II, que vous soyez britannique, français, américain, allemand, belge ou hollandais – et moi j’ajoute juif ou chrétien –, quand on a des origines marocaines, c’est dans le sang… Tous les Marocains se sentent concernés.

Rachid Hallaouy
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