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Scientifique à la NASA, comment Kamal Oudghiri promeut le Maroc aux Etats-Unis

Directeur de projets au sein de la NASA, Kamal Oudghiri est l'un de ces marocains qui hisse haut les couleurs du Maroc. Au niveau professionnel d'abord, en prouvant que les compétences marocaines peuvent accéder aux plus hautes fonctions dans des secteurs de pointes. Au niveau associatif et culturel ensuite, en promouvant l'histoire du Maroc aux Etats-Unis. Interview d'un Marocain, la tête dans les étoiles mais les pieds toujours sur terre...

- Yabiladi : Intégrer la célèbre Nasa n’est pas chose simple. Comment accède-t-on à cette institution spatiale de renommée mondiale?
-Kamal Oudghiri :
Par le travail, la détermination, l’orgueil et le facteur chance car lorsque vous vous retrouvez au milieu de milliers de postulants, c’est ce qui fait la différence. L’année de ma réussite au concours d’entrée, il y a treize ans, nous étions seulement cinq à connaître les faveurs de l’institution basée à Los Angeles, à Passadena, le centre robotique le plus important du pays sur les dix centres installés aux USA. Depuis, j’y suis toujours et j’exerce la fonction de directeur de projets où je pilote une équipe de 80 personnes.

- Parlez-nous de votre quotidien professionnel, de vos missions…
- Je suis partie prenante de différents projets dont les missions «Mars et Cassini» dans l’espace avec l’envoi de robots sur Mars, ce qui nous a permis de découvrir l’existence d’eau liquide dans un état stagnant sous forme de lac ou de mer, datant de centaine de millions d’années. Actuellement, nous tentons d’analyser pour mieux comprendre la vie à cette époque-là, car elle a toute son importance pour deviner ce qui nous attend sur Terre au travers de phénomène naturels lié, entre autres, à l’eau. En outre, on s’interroge sur la disparition de l’eau sur Mars ainsi que sur les facteurs qui ont créé une atmosphère qui a changé dramatiquement l’espace. Les réponses à ces questions nous permettront d’anticiper l’apparition de ces phénomènes sur Terre.
Quant au projet Cassini, nous observons les interactions entre la Terre et la Lune qui produisent de nombreux phénomènes naturels. Sur la quarantaine de lunes existantes, nous en avons découvert dix, ces derniers années. Si on arrive à comprendre les interactions entre différents paramètres, cela nous permettra de savoir comment le système solaire s’est formé et l’origine de la Terre.

- Revenons justement sur Terre et sur votre présidence à la tête de la fondation Grove of Hope (jardin de l’espoir), quels sont ses objectifs ?
- Créée en 2003, cette fondation a pour objectif la promotion de la science en Afrique et plus particulièrement au Maroc auprès de la jeunesse, au travers d’un partenariat entre professeurs et chercheurs marocains et américains. Nous organisons régulièrement des ateliers au Maroc avec la présence d’experts américains spécialisés dans l’éducation scientifique des enfants. La philosophie de ces actions est la collaboration et le partage de méthodologies qui ont fait leurs preuves aux USA.
De plus, nous avons le projet de créer une Cité des Sciences à Casablanca, en partenariat avec les autorités de tutelle.

- Vous faites cette annonce avec un brin de fierté. Ce retour aux sources génère-t-il en vous de l’enthousiasme?
- Avec des amis, nous avons créé le Centre culturel marocco-américain aux USA avec le souci de faire la promotion de l’Histoire du Maroc, méconnue des citoyens américains. Pour lancer notre initiative, nous nous sommes appuyés sur le 700ème anniversaire de Ibn Battouta alors que celui-ci a effectué trois fois la distance parcourue par Marco Polo. Ainsi, en collaboration avec des universités américaines, nous avons proposé un cycle de conférence dédié à Ibn Battouta. L’initiative a été reconduite pour Ibn Khaldoun qui a joué un rôle essentiel dans l’instauration d’un esprit critique et d’analyse.
Il faut savoir que l’ancien président des USA, Ronald Reegan, s’était inspiré de Ibn Khaldoun quant à son programme de relance économique par une politique fiscale plus souple afin de redonner du pouvoir d’achat aux citoyens.

- S’intéresser à l’histoire du Maroc, c’est faire référence inéluctablement à celle de Fès, votre ville natale?
- En effet, je m’intéresse beaucoup à l’histoire de Fès, mais au travers de témoignages vivants de citoyens qui y ont vécu dans les années 1930/1940, seuls survivants de la période du protectorat français, de la présence française et de son départ. C’est à ce moment-là que la ville s’est transformée avec la naissance de la nouvelle ville et sa cohabitation avec les habitants de la vieille médina. Dans un premier temps, mon objectif est la collecte de témoignages qui représentent la diversité tant sur le plan culturel que religieux. Puis, il s’agira de traduire ces propos sur papier livre et d’étoffer l’offre de lecture dans les bibliothèques des universités américaines. L’idée est de favoriser le rapprochement des peuples et des cultures pour une meilleure compréhension.

- Au vu de vos engagements, de votre militantisme, il faut avoir une sacrée vitalité? Où puisez-vous votre motivation?
- A mes yeux, une vie doit être vécu au rythme de la curiosité et du savoir. Si tous les Hommes sont curieux, il n’en reste pas moins qu’il faut le développer afin de mieux comprendre son environnement, l’histoire des peuples,…
En outre, il y a l’aspect nostalgie et ce renvoi à ses origines, celles de ses ancêtres, de la tranche de vie vécue au Maroc, des vacances en famille à la mer trois mois par an,…
Tout ceci constitue une force et une envie de croquer la vie. Une vie, très courte, trop courte. La vie humaine, c’est la chose la plus précieuse dans l’univers. La durée de vie d’une étoile est de milliards d’années alors que celle d’un homme est en moyenne de 80 ans. Dans l’exercice de ma fonction, je constate des phénomènes qui datent de millions d’années et je n’ai que très peu de temps pour les vivre. Quoi de plus motivant que cela ?

- L’après 11 septembre 2001 a-t-il perturbé votre cadre de vie ? Vous sentez-vous à l’étroit aux USA?
- Je suis chanceux de vivre aux Etats-Unis d’Amérique. Les gens sont agréables, ouverts et tolérants avec ceux qui respectent autrui et leurs engagements citoyens respectifs.
Toutes cultures sont représentées et chacun peut vivre selon ses propres convictions. Que demander de plus !
Los Angeles, deuxième ville du pays, a permis au Marocain que je suis, d’organiser un semi marathon en fermant la ville durant une journée complète, l’année dernière, et dont les fonds récoltés ont été reversés aux écoles primaires américaines. Alors…

Rachid Hallaouy
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