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Quelle citoyenneté pour les MRE ? Interview avec Nouzha Chekrouni

Alors que le programme de consultations destinées aux MRE touche à sa fin (l’ultime rendez-vous est prévu fin juin sur le thème de l’exercice de la citoyenneté), Nouzha Chekrouni, Ministre chargée des Marocains résidents à l’étranger, s’exprime sur les travaux initiés jusqu’à lors par le comité d’experts du CCDH sur la création du Conseil Supérieur et ses prérogatives, sur le vote en 2007 de la communauté MRE,…

- Yabiladi : Quel est le bilan d’étape que vous faites des travaux conduits par les experts du CCDH?
-Nouzha Chekrouni :
Je ne me hasarderai pas à faire un quelconque bilan ! Le principe, qui repose sur le dialogue et l’échange, est positif, ainsi que la capacité de chacun à prendre plaisir à se retrouver afin de produire des recommandations liées à l’intérêt commun. De plus, je ne peux que me féliciter que le terme de citoyenneté soit devenu une réalité pour tous. J’ai toujours défendu que l’exercice de la citoyenneté ait une priorité pour nos compatriotes.
Quant au travail réalisé par le CCDH, et il n’est pas encore achevé, il permet d’apporter un regard nouveau et frais. Il ne faut pas oublier que dans le cadre des recommandations de l’IER figurait le gel des amicales basées dans les pays d’accueils. C’est donc une page qui se tourne et une autre qui s’offre à nous.

- Dans son discours du 5 novembre 2006, le Chef de l’Etat a annoncé la création d’un Conseil Supérieur des Marocains sans frontières. Quel sera sa composition, ses missions,…
- Les consultations que mènent le CCDH permettront de dégager un éventail de positions et un catalogue de propositions, et ce n’est qu’à partir de là, que les missions et les objectifs seront définis. Pour l’heure, personne ne peut prétendre connaître le futur visage de cette plateforme.
Cependant, il faut retenir que pour la première fois dans l’histoire du Maroc, les MRE auront une institution qui leur assurera une représentation et leur permettra de participer à la gestion publique en étant force de propositions. Ils auront la possibilité d’exprimer pleinement leurs expériences et expertises au service de leur pays d’origine, en relation avec les pays de résidence.

- Comment intervenir, impacter, sur la gouvernance publique lorsque l’on réside à l’étranger la plupart de son temps? Cela paraît difficile, non?
- Un des avantages majeurs que constituera ce Conseil, c’est sa souplesse dans son fonctionnement. Il ne s’agit pas de «débaucher» les MRE de leurs pays de résidence, mais de les confiner dans un rôle d’acteurs à distance. De facto, il n’y a pas de contraintes comme l’obligation d’une présence physique permanente au Maroc. La philosophie de la structure institutionnelle sera la rencontre, l’échange, le transfert, le partage,…pas la gestion de dossiers. Les Marocains de l’étranger sont des acteurs de modernisation, riches d’une double culture, et c’est là-dessus que nous devons capitaliser.

- Nombreux sont ceux qui s’interrogent sur l’avenir de votre ministère, sur celui des fondations,…avec la création du Conseil. Pas vous?
- Le rôle premier d’un ministère, c’est l’élaboration d’une vision stratégique en adéquation avec la politique gouvernementale. Si un changement doit s’opérer, il s’effectuera au niveau organisationnel. Le Département MRE devrait se repositionner et assurer plus un rôle de coordinateur et de régulateur. Dans tous les cas de figure, toutes les initiatives doivent obéir à la vision globale et au projet de société du Maroc.

- Après moult rebondissements et tergiversations, le droit de vote des MRE est effectif. Néanmoins, ils sont nombreux à dénoncer l’obligation de voter au Maroc, et non de pouvoir s’exprimer dans des bureaux de vote installés dans les consulats. Qu’en pensez-vous?
- Le processus de construction politique d’un Etat de droit ne peut se faire sans la participation de l’ensemble des citoyens. De fait, notre souci était de trouver la formule la plus efficiente afin de favoriser la participation massive des Marocains de l’étranger. Espérons que la mobilisation sera au rendez-vous car elle conditionnera, influera sur les choix politiques futurs.

- Qu’est-ce qui n’a pas permis la tenue de bureaux de votre dans les différentes représentations consulaires. Des raisons d’ordre politique, diplomatique, économique,…
- Ce n’est pas un problème de volonté ! La problématique dominante résulte dans la logistique à déployer pour mettre en place des bureaux de vote dans chaque consulat à travers le monde. Compte tenu du mode de scrutin, de nombre de circonscriptions, de bulletins de vote, de l’origine géographique des votants,…il est rapidement apparu que ce projet devenait irréaliste.
Ceci étant, cet état de fait renforce le rôle prochain du Conseil Supérieur.

- Revenons aux élections législatives 2007. On entend ici et là que l’enjeu majeur est la mobilisation. Partagez-vous cet avis ?
- La dynamique enclenchée depuis 1998 commence à s’ancrer, à savoir l’édification d’un Etat démocratique et moderne. Ce processus est en cours de finalisation. Faut-il rappeler le travail de fond engagé par les différents gouvernements depuis 1998 à ce jour ? La visibilité, la notion d’objectif, de travail, d’engagement,…sont au goût du jour grâce à l’investissement des responsables politiques. L’heure a sonné pour que chaque marocain se réapproprie son pays et joue un rôle dans l’espace collectif. Le Challenge de 2007, c’est que ce processus devienne irréversible.

- Casablanca vient de vivre des scènes de violence horrible et sanglante. Selon vous, ces actes peuvent-ils menacer le processus d’ouverture du pays?
- Tout à fait. C’est pour cette raison que tous les citoyens doivent soutenir, défendre, le projet de société initié, tracé, par le Chef de l’Etat, ainsi que de soutenir le gouvernement qui a la charge, la responsabilité, de le concrétiser. Nul n’a le droit de se cantonner à un rôle de spectateur. Nous devons, chacun à notre niveau, être vigilant car le processus engagé peut à tout moment être menacé, perturbé.

- Plus on se rapproche de l’échéance législative, plus certains membres du gouvernement Jettou se montrent distant du bilan de la législature. Où vous situez-vous ?
- J’assume et je soutiens l’action menée par la coalition gouvernementale. La croissance est au rendez-vous, de nombreux chantiers sont en cours et les perspectives sont encourageantes. Cependant, l’action politique n’est pas un long fleuve tranquille. Nous devons maintenir nos efforts afin de doter le pays d’infrastructure nécessaire à son développement, agir sur le gap entre le milieu urbain et le monde rural, poursuivre le combat pour plus d’égalité entre les hommes et les femmes,…Pour atteindre ces objectifs, il est primordial de mettre en place les mécanismes qui permettront une redistribution des richesses et de remettre la valeur du travail au cœur de toutes politiques publiques.

- Faut-il lire une candidature de Nouzha Chekrouni en septembre prochain ?
- La décision appartient au parti. Si l’USFP me sollicite, je serai de la partie.

Rachid Hallaouy
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