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Croissance au Maroc: Attention aux pressions inflationnistes

L’heure est à l’optimisme. Les dernières prévisions du HCP tablent sur une croissance du PIB à 7,3%. Soit sept fois plus que le taux (1) enregistré l’année dernière (+1,7%). La contribution des secteurs non agricoles s’établit à 3,4 points. Ces chiffres dépassent largement les 5% prévus au début de l’année.

Ces performances trouvent leur origine dans le succès de la campagne agricole, la croissance soutenue du tourisme et des télécoms et le redressement du textile. La poursuite du boom immobilier et les chantiers d’infrastructures en verve sont également d’un apport considérable.

Toutefois, le pouvoir d’achat des ménages a été touché par le raffermissement des pressions inflationnistes. L’indice du coût de la vie (ICV) s’est apprécié de 2,7% contre 1,1% seulement en 2005. Le prix de l’énergie ne cesse de flamber tout comme celui des services et de certains produits alimentaires.

Pour autant, cette tendance ne devrait pas freiner la hausse de la demande intérieure, boostée par «l’amélioration des revenus», selon le HCP. Elle progresserait de 10,7% contre 4,4% seulement en 2005. Et ce, en dépit du recul de la consommation publique sous l’effet du départ volontaire à la retraite.

Aussi, la croissance n’a pas réussi à résorber le déficit commercial qui se creuse davantage malgré la progression des exportations (+8,7%). Le taux de couverture s’est déprécié de 1,8 point à cause de la facture énergétique qui gonfle les importations (+11,1%). «L’évolution favorable des transferts des MRE et des recettes touristiques permettrait d’alléger l’impact de ce déficit sur la balance courante», explique le HCP dans un communiqué.

Le détail des performances sectorielles fait état d’une relance tous azimuts. L’agriculture affiche de bons résultats en 2006. Sa valeur ajoutée a crû de 30,6% grâce notamment au redécollage de la production céréalière (86 millions de qx). Cette croissance de l’offre se traduit par une hausse sensible de la demande intérieure et une progression soutenue du PIB agricole.

La croissance économique est dopée par le dynamisme des BTP. Ce secteur est en plein boom grâce aux projets d’infrastructure et d’habitat social. Preuve en est, la croissance des ventes de ciment (+8,8%) et des crédits immobiliers (+26,3%), à fin avril. Ces chiffres porteraient la valeur ajoutée du secteur à 7,4% contre 5,9 en 2005.
Longtemps pénalisée par le retard de plusieurs activités, le secteur secondaire devrait se ressaisir en 2006. D’ici la fin de l’année, il devrait croître de 3,4% contre 2,6% en 2005. Cette performance est le fruit de la redynamisation du textile, qu’on disait en deuil. Les commandes étrangères de vêtements confectionnés ont progressé de 10,9% à fin avril. Outre le textile, les performances industriels résultent du bon comportement des ventes dans plusieurs autres secteurs. Il s’agit notamment des composants électroniques (+22,1%), du matériel de transport et des conserves de poissons (+5,8%).

En revanche, l’énergie et les mines sont à la traîne à cause du tarissement des minerais non métalliques et la hausse des cours du pétrole. Les ventes du phosphate brut a reculé de 3% au terme du premier quadrimestre 2006 et la production énergétique a reculé de 1,1% au premier trimestre. Par ailleurs, le repli de la consommation de fioul et d’essence a contribué au recul de la production de pétrole raffiné.

Le tourisme et les télécoms continuent de mener la dense dans le secteur tertiaire. Ce constat est une résultante logique du développement de la téléphonie mobile et récemment de la télévision via ADSL, d’une part. De l’autre, les nuitées touristiques ont crû de 9% générant une hausse des recettes du secteur (18,2% à fin avril). Grâce à ces réalisations, la demande des non-résidents a «maintenu sa tendance ascendante pour la troisième année consécutive», selon un communiqué du HCP.

Investissements
En dehors des indicateurs encourageants de croissance, le communiqué du HCP fait état d’une bonne dynamique de l’investissement. Preuve en est, la hausse des importations de biens d’équipement (+11,1%) et des certificats négatifs délivrés par l’Ompic (+26%) à fin avril. Les porteurs de projets profitent de la baisse tendancielle des taux d’intérêt débiteurs et les liquidités abondantes sur le marché. Les concours à l’économie devront ainsi progresser de 7,2%. Et ce, grâce à la progression des crédits à l’équipement (+5,3%) et à l’immobilier ainsi qu’à la réduction des créances en souffrance. Les répercussions sociales de cette dynamique n’ont pas tardé à se révéler. Selon le HCP, le taux de chômage est ressorti à 9,8% au terme du premier semestre 2006, contre 11,3% à la même période de l’année précédente. Cela dit, le potentiel d’investissement étranger au Maroc demeure intéressant. Le pays devrait profiter de la demande étrangère qui lui est adressée (+7,8%) ainsi que de l’appréciation de l’euro sur les marchés de change, selon le HCP.

(1) Calculé selon l’ancien système de comptabilité nationale base 1980

Nouaim SQALLI
Source : L'Economiste

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