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Les facteurs entravant la croissance au Maroc

La Banque Mondiale vient d’identifier, dans une copie du mémorandum économique sur le Maroc, les facteurs entravant la croissance au Royaume.

D’abord, l’évolution du PIB est jugée insuffisante pour aider le pays à faire face à ses défis, notamment la création d’emplois. La BM estime à quelque 3,3 millions d’emplois qui devraient être créés d’ici 2015, avec une hypothèse de croissance de 4 % annuellement. Ce qui devrait permettre l’absorption, au moins, des nouveaux demandeurs d’emploi.

Sur la période 1999-2004, le taux de croissance du PIB n’a été que de 3,3 % alors que celui du PIB non-agricole a été 3,6 %. Malgré cette situation, la BM estime que le Maroc a pu quand même réduire le taux de chômage.

En somme, la BM estime que le marché du travail du Maroc est l’un des plus rigides au monde. Elle ajoute même que le Code du Travail est en deçà des aspirations. Il implique des coûts de licenciement plutôt élevés.

La copie du mémorandum économique de la BM sur le Maroc, fort médiatisée actuellement, évoque aussi la faiblesse de l’investissement privé. Sur ce point, il semble que les experts de la Banque n’ont pas pu en identifier les causes.

Pour la BM, il n’existe pas plus un frein de financement pour l’investissement. Les ressources disponibles dépassent l’investissement intérieur. Bien plus, les taux d’intérêts réels sont en baisse. Ils ont passé de 9,5% en 1997 à 6% en 2004. La BM ajoute aussi que les entreprises n’ont pas de difficultés pour s’emprunter auprès des banques. Pour elle, seules 10% des demandes de crédit sont rejetées par les banques.

Les infrastructures, elles-aussi, ne représentent plus un facteur de blocage à l’investissement. Leur niveau est considéré même meilleur que dans beaucoup d’autres pays de la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord). Le seul point « noir » soulevé est le coût élevé de la logistique au Maroc.

La copie du mémorandum économique sur le Maroc, présentée par François Bourguignon, économiste en chef et premier vice-président de la BM, lors de sa récente visite au Royaume, pointe également le système fiscal. Elle en ressort que ce système est largement déséquilibré avec des impôts directs rapportant plus que les impôts indirects. Chiffres à l’appui, l’IS et l’IGR ont rapporté 36 milliards de dirhams en 2004 contre seulement 34 milliards de dirhams pour les impôts indirects, dont 25 milliards de dirhams au titre de la TVA. En économie de marché, ça doit être l’inverse.

Dans le même registre, il est considéré que les taux appliqués pour les impôts directs sont trop élevés. L’IGR appliqué au Maroc est parmi les 20 plus élevés du monde.

La politique de change est aussi pointée du doigt. La BM suggère l’instauration d’un taux de change plus flexible, c’est-à-dire faire des ajustements nécessaires le plus souvent. L’objectif est, bien entendu, d’essayer de dynamiser le commerce extérieur.

Ce sont là quelques facteurs qui entravent la croissance au Maroc. Ce qu’il faut, pour la Banque Mondiale, c’est d’élaborer un pacte national pour la croissance et l’emploi. Le but est de diversifier la production industrielle au Maroc et d’inciter le secteur privé à investir davantage et surtout dans les secteurs à forte valeur ajoutée.

A. CHANNAJE
Source : L'opinion

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