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Le retour des quotas profite au Maghreb

Le bras de fer commercial qui oppose Pékin à l'Europe et aux Etats-Unis dans le dossier textile depuis neuf mois fait, contre toute attente, quelques heureux. Certains pays, ont en effet commencé à profiter du dépassement des quotas et du blocage de produits chinois en douanes pour reprendre la main. Ce n'est pas la panacée pour lutter contre ce rouleau compresseur, mais c'est une bouffée d'oxygène. En particulier pour les pays du Maghreb, comme le Maroc, qui sont passés très près de la catastrophe.

Avec une baisse de ses exportations textiles de l'ordre de 20% au cours du premier semestre, le Royaume dont l'économie dépend fortement de ce secteur d'activité, a craint le pire. Aujourd'hui, il respire. Un peu. «Après la grande ruée vers la Chine qui a suivi la levée des quotas, les industriels européens reviennent maintenant vers nous», constate le directeur général de l'association marocaine des industries de textiles et de l'habillement. «Ils se rendent compte qu'il est préférable de diversifier leurs fournisseurs et qu'une hyperdépendance à la Chine peut être problématique.» En témoignent les mésaventures de quelques PME qui ont dû mettre, cet été, la clé sous la porte faute de pouvoir récupérer leur marchandise en provenance de Chine bloquée dans les ports...


Mais, derrière la locomotive chinoise, c'est surtout l'Inde qui se pose définitivement en challenger. Au cours du dernier semestre, les exportations indiennes en Europe ont crû de 11% à 2,2 milliards d'euros. Sur l'ensemble du monde, elles devraient atteindre plus de 15 milliards de dollars l'année prochaine. Et de récentes statistiques estiment que d'ici à 10 ans ce chiffre grimpera allègrement jusqu'à 70 milliards de dollars. Delhi ne s'en cache pas : elle ne lâchera pas sa place de numéro deux et, pour ce faire, se fixe l'objectif de croître de 25% par an sur ce marché.


Alors le gouvernement met les bouchées doubles pour moderniser sa filière. Avec d'autant plus de ferveur que la création de 12 millions d'emplois est en jeu. Cinq milliards d'euros vont donc être investis dans les 12 à 18 mois à venir et près de 25 le seront dans les dix ans. En outre, la foultitude de petites unités de production tend aujourd'hui à se regrouper sous l'égide de grands groupes, à la force de frappe plus importante.


Le Bangladesh, dont l'économie dépend quasi exclusivement du secteur textile, a cru son heure arrivée : on parlait de 4 000 usines en sursis, de milliers d'emplois menacés. Finalement, le pays relève la tête. Les Zara, H & M, et autres Carrefour sont finalement restés. Et les exportations de vêtements vers l'Europe ont augmenté de près de 10% ces derniers mois. Car plutôt que de croiser le fer avec la Chine sur les jeans et autres tee-shirts, le Bangladesh mise sur un savoir-faire précis, comme la maille.


Quant au Pakistan, il s'est positionné depuis longtemps aux avant-postes, pour résister non seulement à la Chine, mais même la concurrencer. Sur les premiers mois, le pays a augmenté de près de 10% ses ventes vers l'Europe. Et, comme pour le Bangladesh, le Pakistan sait que la parade viendra de produits différenciés, à valeur ajoutée, en l'occurrence le linge de maison.

Source: Le Figaro

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