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L’économique marche, le social traîne

Le Maroc économique et politique est en marche, selon Standard & Poor’s. Reste au social de suivre.

Le relevé est fait par comparaison à un échantillon de pays notés BB, qui compte l’Egypte, le Salvador, l’Inde, la Colombie, la Jordanie, le Costa Rica et le Pérou. Le Royaume occupe une place relativement bonne parmi tous ces pays, compte tenu de sa capacité de résistance aux chocs externes (11 septembre 2001, 16 mai 2003 et hausse des prix du pétrole), l’engagement de réformes structurelles et le maintien de la stabilité des prix et des taux de change. Il rivalise très favorablement encore avec cet échantillon sur les finances extérieures, mais son endettement intérieur et extérieur reste élevé, même si ce dernier diminue globalement. Le Royaume est en revanche parmi les derniers de la classe lorsqu’il s’agit de comparer sa structure économique et ses indicateurs sociaux, bien que ceux-ci soient partiellement équilibrés par les réformes engagées.
Autre point fort du Royaume: sa stabilité politique. Elle est plus élevée que dans la République de Kazakhstan (BBB-/Stable/A-3) et l’Egypte (devise étrangère BB+/Stable/B), deux pays où le processus de transition est relativement incertain. S&P considérant que la monarchie constitutionnelle au Maroc a une longue expérience «professionnelle» pour assurer une transition en douceur et ordonnée.
En raison des politiques monétaires et économiques prudentes, le Maroc a maintenu avec succès l’inflation que la majorité de l’échantillon, avec une hausse des prix à la consommation contenue à 1,7% en 2005, comparé à la moyenne de l’échantillon (5%), à 3,5% pour l’Inde et 3% pour l’Egypte. La liquidité extérieure s’est également améliorée à un niveau meilleur que ses pairs.

En 2005, S&P s’attend à ce que les besoins bruts en financement soient d’environ 69% des comptes courants en devises et des réserves utilisables, comparé à 97% pour la moyenne de l’échantillon. S&P s’attend également à ce que la dette extérieure publique brute totale diminue à 57,2% des comptes courants en devises en 2005 contre 91,2% en 2002. Un niveau en dessous de la moyenne de l’échantillon 2005, et en particulier, en dessous des rapports en Egypte (107,4%) et en Colombie (102,2%). S&P s’attend enfin à ce que le secteur public marocain enregistre une position nette d’actif en devises de 17,9% du compte courant en devises en 2005, comparé à une position nette de dette de 33,2% par rapport à la moyenne de l’échantillon. En dépit d’une diminution de ses déficits et un endettement stabilisé, le Maroc rivalise toujours défavorablement avec ses pairs en termes de flexibilité fiscale. La réduction des dépenses et la perception plus élevée des impôts demeurent une priorité, en raison du rétrécissement de la base fiscale et la diminution des recettes douanières sous l’effet du libre-échange. La Jordanie et la Tunisie relèvent un défi semblable.

Au Maroc, malgré les efforts du gouvernement pour limiter les dépenses et les subventions publiques, S&P prévoit que les dépenses publiques générales grimpent jusqu’à 34,7% du PIB en 2005. La moyenne de l’échantillon est de 31,9%. S&P s’attend également à ce que le déficit budgétaire grimpe jusqu’à 3 et 3,1% en 2005 et 2006 comparé à 2% en 2004. Cela en raison des dépenses supplémentaires occasionnées par le nouveau système de retraite anticipée du secteur public. Le déficit 2005 est, lui, en conformité avec la moyenne de l’échantillon BB (3,3%), mais inférieur à ceux de l’Egypte (3%) et l’Inde (9,6%).
Côté endettement public, tenant compte de 50% des recettes de privatisation prévues en 2005-2006, l’endettement public qui était de 71,8% du PIB en 2004, est susceptible grimper lentement jusqu’à 73,5% en 2005 et 74,6% en 2006. Ce niveau demeure élevée par rapport à la catégorie BB, avec une moyenne de 49,7% du PIB. Cependant, le Maroc dispose de conditions favorables pour sa dette car l’intérêt lui coûte environ 12,7% de son budget, contre 13,6% en 2004 pour la moyenne échantillon.

Selon S&P, «le rating Maroc reste conditionné par ses mauvais indicateurs sociaux». Estimé à 1.555 dollars en 2005, le revenu par habitant du pays est inférieur à celui de la majorité de ses pairs. Il est en dessous du niveau relevé en Jordanie (1.988 dollars) et plus important que celui de l’Egypte (1.065 dollars). Le Royaume est classé 125 dans l’indice de développement humain de la Banque mondiale, semblable au rang de l’Inde (127), et inférieur au Brésil (72), au Panama (61), à la Colombie (73), aux Philippines (83), au Pérou (85) et à la Turquie (88).

Source : L'Economiste

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