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Rating Maroc : Coup de pouce de Standard & Poor's

La nouvelle notation de Standard & Poor’s (S&P) attribuée à la dette souveraine du Maroc doit donner du baume au coeur au gouvernement.

En dépit de l’avalanche des mauvaises nouvelles de cette rentrée, l’annonce de l’amélioration du rating, de BB à BB+, ressemble à un encouragement. D’ailleurs, parmi les arguments avancés par l’agence américaine, la fermeté dont fait preuve l’équipe de Driss Jettou pour contenir la masse salariale de la fonction publique.

Bon point aussi à la politique monétaire, menée avec prudence. C’est ce qui permettra de contenir l’inflation autour de 2% en 2005, anticipent les analystes de S&P. En outre, l’adoption des nouveaux statuts de Bank Al-Maghrib est également citée comme une grande avancée car ils confèrent à la banque centrale plus d’indépendance et renforcent son pouvoir de supervision.

Quant à la politique de change, elle est jugée appropriée pour le moment car elle contribue à réduire les pressions inflationnistes. Le panier du dirham constitué des devises des deux principaux partenaires commerciaux (euro et dollar) n’est pas appelé à être modifié à court terme compte tenu de l’inélasticité de l’essentiel de nos exportations (produits agricoles et phosphates). Argument sans cesse ressassé par les autorités monétaires.

Pour autant, enchaînent les analystes, la bonne tenue des réserves en devises, accumulées jusque-là, devraient permettre d’introduire plus de flexibilité dans le taux de change dans les prochaines années. “Tant qu’elle n’est pas urgente, cette flexibilité devrait être introduite progressivement”, est-il suggéré. L’idée avait d’ailleurs été lancée par Bachir Hamdouch, professeur à l’Insea de Rabat, lors du congrès de l’Association internationale des sciences économiques qui s’est tenu à Marrakech début septembre, et provoqué une levée de boucliers de la part des responsables du ministère des Finances (www.leconomiste.com).

En attendant, le Maroc n’arrive toujours pas à surmonter ses faiblesses. Les lourdeurs administratives et l’étroitesse du marché du travail continuent d’entraver l’expansion des investissements directs étrangers (IDE). Mais l’agence reconnaît les efforts menés par le gouvernement pour réformer les systèmes fiscal et juridique notamment. “Ils devraient contribuer à donner un coup de fouet aux flux des IDE, en particulier dans les secteurs touristique et portuaire”. De même, l’entrée en vigueur d’ici 2006 des différents accords de libre-échange, notamment celui conclu avec les USA, sont de nature à accroître ces flux.

Par rapport à l’endettement, le Maroc ne s’est pas écarté de la ligne de conduite adoptée depuis la dernière décennie. Ainsi, le poids de la dette extérieure ne cesse de baisser, grâce notamment à la conversion de la dette onéreuse, à l’accumulation des réserves et au choix délibéré de recourir à la dette intérieure. “Et le Trésor compte bien continuer à solliciter le marché domestique pour financer ses besoins”. Pas de changement à attendre donc de ce côté.

A ce jour, le poids de la dette extérieure publique est jugé favorable. Elle est entièrement constituée de dettes à moyen et long termes. En 2004, la dette bilatérale portait sur 41% du total de la dette contre 43% pour la dette multilatérale. Les banques commerciales en détiennent 17%. Pour rappel, les 400 millions d’Eurobonds (à 5 ans) levés en juin 2003 n’ont pas contribué à alourdir le poids de l’endettement car l’opération visait à refinancer une partie de la dette onéreuse.

Malgré ces signaux encourageants, le Maroc n’échappera pas à une aggravation du déficit budgétaire pour les 2 prochaines années au moins. Les prévisions officielles tablent sur un déficit de 5,8% du PIB en 2005, compte non tenu des recettes de privatisation et sur la base d’un taux de croissance de 3%... Plus réalistes, les prévisions de S&P anticipent un taux de croissance de 2%.
En intégrant la contribution du Fonds Hassan II, l’agence de rating s’attend à un déficit budgétaire de 5,2% contre 4,3% en 2004. Mais si les réformes pour réduire le train de vie de l’Etat et améliorer le recouvrement des recettes fiscales sont menées à leur terme, elles contribueraient à renflouer les finances publiques, malgré la baisse des recettes douanières issues de l’accord de libre-échange avec l’Union européenne. L’optimisme est de rigueur.

Mouna KABLY
Source : L'Economiste

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