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Mise à niveau : La Tunisie fait toujours mieux que le Maroc

Encore un point de gagné pour la Tunisie. Pour la mise à niveau des entreprises, elle fait mieux que le Maroc. C’est ce qui ressort d’une série d’études réalisées par les soins de l’Agence française de développement et présentées récemment en grande pompe à Tunis en présence de responsables gouvernementaux.

A la clé, efficacité, coordination des étapes... Et ce n’est pas tout. Plusieurs autres points sont mis en avant dans le modèle tunisien: architecture simple axée autour du comité de pilotage, bureau de mise à niveau et fonds national, procédures peu contraignantes avec adhésion libre, montage institutionnel jugé souple et efficace.

Le clou du système, un dispositif incitatif d’octroi de primes communément appelées carottes. Celles-ci ont constitué le principal moteur des adhésions en Tunisie. Au Maroc, la mise à niveau pose encore de gros problèmes et le regroupement des lignes de crédit étrangères en une seule agence (Agence nationale pour la PME) pour une plus grande efficacité, n’a pas donné les résultats escomptés. Les procédures sont interminables et les fonds, peu garnis, difficilement accessibles.

L’analyse des chercheurs est tout à l’honneur de la Tunisie. Et ce, non pas parce que les enjeux sont moins ambitieux chez nous que chez nos voisins, mais parce que la façon de procéder est nettement différente. En Tunisie, le processus a déjà commencé à donner ses fruits et le système paraît bien parti. Si l’enjeu a été donc identique au niveau des deux pays, à savoir l’encouragement à l’investissement et le renforcement de la compétitivité, la distinction s’est jouée sur l’approche de chacun des pays.

Pour la Tunisie, il s’agissait de piloter, d’orienter le programme, les outils financiers, de réguler, et d’interférer au niveau des politiques d’investissement des entreprises, expliquent les analystes. Si ce n’est en orientant, par le jeu desdites primes, des choix d’investissement, vers l’acquisition de nouvelles technologies ou la modernisation des systèmes de gestion. Le succès du programme tunisien s’explique, selon les chercheurs, par son application réussie avec, en avant-plan, la flexibilité du marché du travail, la mise en œuvre en parallèle de la réforme du système de formation professionnelle, l’incitation à l’investissement immatériel…

Pour le Maroc, la logique était plus libérale, l’approche plus globale et plutôt sectorielle. Ce choix impliquait donc d’agir pour corriger les imperfections du marché qui expliqueraient la faiblesse des investissements et celle de la compétitivité des entreprises. «Et non de positionner l’Etat comme acteur de mise en oeuvre d’une politique nationale de mise à niveau». Sans mécanisme de financement national et sans réelle appropriation par les acteurs nationaux, le programme est resté, selon les analystes, dans un premier temps un programme de bailleurs, peu mobilisateur et soumis aux procédures et financement d’un projet extérieur.

Néanmoins, ces derniers reconnaissent que des efforts de dynamisation du programme de mise à niveau ont néanmoins été entrepris au cours des dernières années.


Interrogations

On reproche au processus de mise à niveau marocain la faiblesse des adhésions et l’absence d’un outil de financement national rappelant qu’aucun mécanisme de ce type n’a pu être mis en oeuvre dans le cadre de la première phase du programme au Maroc. Certes, «le fonds Foman a été mis en place mais des interrogations fusaient sur sa pérennité en tant qu’outil de financement basé sur des flux de ressource dépendants de contraintes budgétaires et de ressources de bailleurs de fonds», est-il précisé.

Yousra MAHFOUD
Source : L'Economiste

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