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Microcrédit au Maroc : Nouvelle approche du gouvernement

Le lancement officiel de l’année internationale du microcrédit, décrétée par l’ONU, au Maroc a eu lieu hier à Rabat. C’est un tournant important pour la microfinance nationale. En une décennie, les associations ont touché 450.000 personnes (à majorité des femmes), distribué plus de 2 millions de prêts pour un montant cumulé de près de 5 milliards de DH.

Aujourd’hui, le secteur, plus mature, n’est plus seul. Le microcrédit fera, dans le futur proche, partie intégrante des politiques publiques de développement social. D’autant que le potentiel estimé à atteindre est de quelque 3 millions de personnes (selon la Fnam).

Pas de doute donc, le rôle de la microfinance dans la lutte contre l’exclusion fait l’unanimité. Du beau monde a assisté à l’événement présidé par le Premier ministre, Driss Jettou, aussi président du Comité national du microcrédit, le gouverneur de Bank Al-Maghrib, Abdellatif Jouahri, le président de la Fnam (fédération des associations de microcrédit) Rida Lamrini et le représentant du Pnud au Maroc, Emmanuel Direckx de Casterlé.

Les Conseillers du Roi, Meziane Belfqih et André Azoulay, aussi membres du Conseil d’administration d’Al Amana, des ambassadeurs, artistes, opérateurs économiques comme HPS, ont fait le déplacement.
Plus de 200 personnes se sont retrouvées au superbe centre de formation de Bank Al-Maghrib. Le ministre du Développement social Abderrahim Harouchi, le président de la fondation M’Jid, Mohamed M’Jid…étaient, bien entendu, de la partie.

Le gouvernement, avec l’appui direct du Souverain, s’attelle, de concert avec les acteurs de la microfinance, à élaborer une stratégie nationale “pour faire du microcrédit un levier pour l’insertion sociale et la lutte contre la pauvreté”, selon les termes de Jettou.

Mais attention, si le Maroc est exemplaire dans ce domaine et nettement en avance, cela ne fait pas du microcrédit une baguette magique.

Et le chef du gouvernement l’a bien expliqué: “Le microcrédit ne peut pas constituer la panacée, ni la solution providentielle”. Il s’intégrera dans les politiques publiques de santé, d’éducation et d’emploi. C’est l’objectif de cette année qui se terminera par une évaluation à remettre aux Nations unies. Il y a notamment au menu de cette année, un forum national des associations de microcrédit, et la création d’un fonds d’investissement.

L’étude d’impact réalisée par Planet Finance Maroc et commanditée par la Fnam l’a d’ailleurs montré: la microfinance au Maroc ne sert que dans 5% des cas à la création d’une nouvelle activité. Mais l’impact sur la qualité de vie n’est plus à démontrer. Ce soutien apporté aux plus démunis n’a pas de prix. C’est même plus: “Un ancrage au mécanisme financier classique” pour le gouverneur de la Banque centrale et un “système financier alternatif” pour le représentant du Pnud au Maroc.

L’Agence de développement social, représentée par son directeur Najib Guédira, a signé une convention avec la Fnam. L’ADS, qui a intégré dans ses priorités les activités génératrices de revenus, donne son soutien au refinancement des institutions de microcrédit par des prêts rémunérés. Elle s’engage, avec d’autres partenaires, à la création d’un fonds de garantie. Très attendue également l’étude d’impact qu’elle doit mener, axée sur les revenus supplémentaires générés, l’emploi, la valeur ajoutée liée au secteur d’activité.


Taux d’intérêt

La question du taux d’intérêt doit être prise avec des pincettes. Car elle fait rapidement des mécontents pour peu qu’on parle de “taux élevé”. Tout le monde a compris que ce taux (moyen de 28%) couvrait la prise de risque inconsidérée des associations envers des personnes, en temps normal, non solvables. Mais le succès fulgurant du microcrédit auprès des populations cibles, et qui plus est, disposées à payer plus pour plus de crédits, ne peut que faire baisser ce taux. C’est d’ailleurs la tendance. Mais l’étude n’a pas développé ce volet pour savoir jusqu’où les associations peuvent aller. L’élargissement des populations cibles se fera par la diversification des produits, mais aussi par la réduction de ce taux.


Engouement pour le crédit logement

D’après les résultats de l’étude d’impact, les clients auraient formulé une demande significative pour le crédit logement (la moitié des clients l’ont sollicité), mais dans une moindre mesure pour le crédit à la consommation (10% seulement).
Par ailleurs, certains des clients demandent à ce que soit revue la périodicité des remboursements (bimensuelle) pour la rendre mensuelle et adaptée au cycle des produits. Et, “en général, les clients sont prêts à payer plus de taux d’intérêt pour obtenir des crédits plus élevés”, ajoute l’enquête.

Mouna KADIRI
Source : L'Economiste

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