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Textile: vive inquiétude du Maroc face à la concurrence asiatique

L'annulation des quotas textiles le 1er janvier 2005 a provoqué une vive inquiétude au Maroc où une concurrence sévère venue d'Asie menace un secteur essentiel pour l'industrie et l'emploi dans le royaume.

Les autorités s'efforcent de rassurer une profession angoissée face au démantèlement de l'accord Multifibres de 1974, qui élimine notamment les derniers quotas imposés aux produits chinois et indiens et se traduira inéluctablement par un déferlement de textiles très bon marché - déjà présents jusque dans les souks marocains.

Ces arrivages massifs défient une industrie nationale qui compte 1.687 entreprises et emploie plus de 200.000 personnes pour un chiffre d'affaires de 35 milliards de dirhams (3,15 milliards d'euros environ), selon les données du ministère de l'Industrie.

L'effet classique de concurrence sera aggravé par la perspective de fermeture pure et simple au Maroc d'unités de confection étrangères qui réorientent leurs délocalisations notamment vers la Chine, pour bénéficier des coût de production qui y sont très inférieurs, assurent les professionnels marocains.

"Le textile au bord de la crise cardiaque", a ainsi titré vendredi l'hebdomadaire marocain La Vie Eco, proche des milieux d'affaires. Selon ce journal, plusieurs grandes marques comme Kindy, Nike et Puma ont pris la décision de quitter le Maroc pour la Chine, plongeant la profession dans "les moments les plus difficiles de son histoire".

La fin des quotas aura "des effets bien plus désastreux qu'on ne le craignait", a ajouté ce même journal, estimant de 20.000 à 50.000 le nombre des emplois qui sont menacés dans le secteur.

"C'est malheureux de le dire, mais un certain nombre d'entreprises marocaines devront penser dès maintenant à faire autre chose", a estimé Roger Mouchet, un consultant en textile. "Pour le même coût, vous avez un seul article en France, 9 au Maroc et 29 en Chine, les donneurs d'ordre iront là où ils obtiendront les coûts les plus bas", a-t-il ajouté.

La fin des quotas textiles représente "un bouleversement, un véritable séisme", a estimé de son côté Karim Tazi, le secrétaire général de l'Association marocaine de l'industrie textile et de l'habillement (Amith).

Le ministre marocain de l'Industrie, du Commerce et de la mise à niveau de l'Economie, Salaheddine Mezouar, lui-même ancien responsable de l'Amith, a assuré vendredi à l'AFP que "la situation difficile mais prévisible" du secteur ne doit pas empêcher de penser que "le textile-habillement reste une activité qui a de l'avenir" dans le royaume, pour peu qu'il joue le jeu de l'innovation.

M. Mezouar reconnaît les fermetures d'usines, mais estime que les prévisions pessimistes sont fondées sur l'idée que le Maroc "n'allait pas réagir, et comme si les Chinois et les Indiens devaient obligatoirement être plus agressifs en termes de prix".

Le ministre souligne l'importance d'une stratégie de produits "à forte valeur ajoutée" et l'idée de passer "de la sous-traitance à la co-traitance" - "où le fabriquant est appelé à prendre en charge le produit complet".

"Ce qu'on risque de perdre sur le marché européen peut être compensé sur le marché américain", a ajouté M. Mezouar, soulignant les aides apportées par son gouvernement à l'industrie textile et les espoirs qu'il fonde, pour ce secteur, dans l'accord de libre-échange conclu en 2004 avec les Etats-Unis.

Pour Badr Kanouni, directeur général de Settavex, fabricant espagnol de tissus installé à Settat (centre), le secteur doit en effet se "recycler" mais les pouvoirs publics marocains doivent continuer à "assainir" l'environnement du textile: administration, fiscalité, douanes et incitations à l'investissement.

Source : AFP

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