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Maroc : Le nucléaire comme alternative

Pour le président de la Fédération de l’Energie, Abdellah Alaoui, en attendant la concrétisation des recherches pétrolières, l’Etat doit rechercher une alternative énergétique autre que celle fossile. Le débat est lancé.

ALM : Depuis la refonte des textes régissant la prospection pétrolière au Maroc, l’intérêt des sociétés de prospection s’est accru. Quel état d’avancement faites-vous ?
Abdellah Alaoui :
La structure géographique très difficile du Moyen-Atlas est responsable de la difficulté que rencontrent le forage et la recherche pétrolière au Maroc. D’où la motivation des sociétés de prospection de se tourner vers des zones plus hospitalières où les résultats sont évidents. Considérant les investissements très capitalistiques dans le domaine, le coût de production pourrait paraître insurmontable et non rentable à court terme. En plus, la concurrence des pays du Moyen-Orient où des gisements très importants sont appelé à être à exploiter, en Afrique (Nigeria, Angola), et même le Kaukaze qui recèlent de réserves importantes, l’Etat marocain est appelé à investir dans la cartographie et dans les études sismiques afin de mieux couvrir les sites promoteurs. Toutefois, il serait juste et équitable de rendre un hommage appuyé au ministère de Mr Mohamed Boutaleb et l'ONYM de Mme Amina Benkhadra, pour leur vision stratégique concernant la recherche pétrolière.
Tous les deux ont développé , en structure humaine et en expertise, un département de Géologie , qui, en coopération avec des organismes internationaux, sera à même de dresser une cartographie complète géologique et d'établir prochainement un cahier des charges et de lancer des appels d'offres, pour susciter l'intérêt des sociétés internationales sur des sites qui restent à couvrir, aussi bien sur l'on-shore que sur l'off-shore du pays.
Par contre, en attendant la concrétisation des recherches, l’Etat doit rechercher une alternative énergétique autre que celle fossile.

Vers quel genre d’alternative peut-on tendre ?
Le Maroc, à mon avis, n’échappera pas un jour ou l’autre au nucléaire. Dans 20 ans minimums ou 40 ans maximums, il y’aura une production d’énergie nucléaire au Maroc.

Pensez-vous que le pays pourra consentir des investissements aussi lourds dans ce sens ?
Le problème financier n’est pas un obstacle infranchissable, les pays OCDE riverains, la France et l’Espagne notamment, pourront participer à l’effort financier nécessaire.

Par contre, d’autres obstacles, lorsqu’il s’agit du nucléaire, se poseront inéluctablement …
Le principal obstacle à ce jour reste la culture de sûreté. Cette notion suppose la prise de conscience à tous les niveaux de la hiérarchie impliquée dans l’exploitation d’un réacteur nucléaire. Cela implique la nécessité d’une discipline sans faille dans le respect des règles d’exploitation d’un réacteur nucléaire. Côté coûts, il faut prendre en compte deux composantes : interne et externe. Les coûts internes portent sur les investissements, les recherches ainsi que les combustibles. Pour les coûts externes, ils s’articulent autour des conditions sanitaires et environnementales. Ils peuvent, d’ailleurs, être bien évalués comme ce fut le cas en 1997 à la demande de la Commission européenne par des experts européens et américains, en accord sur des méthodes d’évaluations. Ainsi, la somme des coûts internes et externes fait ressortir un coût pour le nucléaire de 3,5 centimes le KWH, le charbon 9 centimes, le pétrole 14 centimes, le gaz 7 centimes et l’éolien 6 centimes.

Certes, le coût est moindre, mais les écologistes opposent un autre argument …
Le nucléaire présente l’avantage de ne pas contribuer à l’effet de serre et de procurer une électricité à un prix avantageux. Il pourrait être éventuellement envisagé dès 2015 avec l’introduction d’une tranche de 600 MW maximums. Par contre, avec la demande en électricité de 8 à 10% par an, je pense qu’il faut entamer dès aujourd’hui la réflexion pour qu’en 2020, nous nous dotons d’un réacteur nucléaire. Je ne peux résister à citer la célèbre phrase d’André Sakharov dans la préface de la Vérité sur Tchernobyl en 1988 : «Pour ma part, je suis convaincu que l’énergie nucléaire est nécessaire à l’Humanité. Il faut la développer mais seulement en garantissant une sécurité absolue».

Bensalem FENNASSI
Source : Aujourd'hui le Maroc

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