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Ahmed Chami: « Le modèle de financement du projet Renault est envisageable p

L’implantation d’une usine Renault au Maroc n’a été possible que grâce à l’engagement financier de la Caisse de Dépôt et de Gestion. Celle-ci a mis sur la table près de 50% du montant d’investissement qui s’élève à 600 millions d’euros. A cela s’ajoutent les engagements des banques marocaines. Selon le ministre marocain de l’Industrie, ce modèle peut être dupliqué si des constructeurs sont intéressés par le Maroc.

Maroceco.ma : Pourquoi ce refus de traiter la demande de baisse des droits de douanes formulée par les importateurs de véhicules asiatiques ?

Ahmed Réda Chami : Notre position par rapport à la baisse des droits de douane appliqués à l’importation de voitures d’Asie est claire et légitime. Quand vous signez des accords de libre échange avec certains pays, vous permettez une liberté d’accès à leurs produits et à vos exportations vers les partenaires commerciaux. Et à ce titre, nous ne pouvons ouvrir notre marché aux Asiatiques que s’ils acceptent de faire de même pour nous.

Le projet Renault à Tanger est-il la raison directe de cette position tranchée ?

Le projet Renault est une des raisons qui justifient notre position. Lors de ma tournée mondiale pour inciter les constructeurs et équipementiers automobiles à venir investir au Maroc, les Asiatiques figuraient parmi notre cible. Nous leur avons présenté notre pays et ses atouts et nous avons attendu un feedback de leur part. S’ils se sentent défavorisés au Maroc, ils n’ont qu’à venir y installer une usine de montage ou d’équipement. C’est une logique légitime et fortement présente dans les démarches politiques et commerciales de tous les pays du monde.

Lors de vos rencontres avec les constructeurs asiatiques, avez-vous proposé un financement de l’investissement comme en a bénéficié Renault au Maroc avec les 48% des 600 millions d’euros engagés par la CDG ?

Le projet Renault est un projet structurant pour l’industrie automobile marocaine. Il a été conçu dans un climat difficile marqué par une crise de liquidité sur le marché international. Le Maroc a joué la carte du financement en encourageant la Caisse de Dépôt et de Gestion à y mettre ses ressources sachant qu’elle peut se désengager n’importe quand et se retirera certainement le moment venu. C’est un modèle de partenariat envisageable pour d’autres projets et nous pouvons le dupliquer à tout moment. Honnêtement, aucun constructeur asiatique ne nous a demandé de mettre en place le même modèle ; et si le cas se présente, nous ferons preuve d’ingéniosité.

La politique d’incitation à l’investissement intègre désormais le financement, mais aussi des facteurs optimums d’exploitation. La stratégie logistique du Maroc en fait partie, sauf qu’elle a besoin, selon les professionnels, de 20 ans pour être réalisable. Que proposez-vous entretemps ?

La logistique est effectivement un facteur de compétitivité et c’est pour cela que le Maroc est en phase de mettre en place une stratégie ambitieuse, dont la charge incombe à mon collègue M. Karim Ghallab. Valeur d’aujourd’hui, nous n’avons pas encore le rendu de l’étude stratégique lancée par le ministère de l’Equipement et du Transport et je promets d’emblée que l’horizon de l’application des recommandations qui en sortiront ne sera pas 20 ans, mais quelques années. Je m’y engage personnellement. Mais indépendamment de ce plan, le Maroc est déjà sur la bonne voie. La réalisation du port Tanger Med en est la preuve. D’ailleurs, cette infrastructure portuaire nous a propulsés dans le classement mondial en termes de logistique.

Après la présentation du pacte national pour l’émergence industrielle, certains secteurs se sont sentis exclus et cherchent actuellement à se positionner, mais vous semblez les ignorer. Pourquoi ?

Le plan Emergence a défini six métiers mondiaux du Maroc. Je rappelle que c’est un cabinet international indépendant qui a conclu sur l’existence d’un fort potentiel à l’export pour ces métiers. Il est donc tout à fait normal que l’Etat concentre tous ses efforts sur la promotion de l’offshoring, l’automobile, l’aéronautique, l’électronique, l’agroalimentaire et la valorisation de produits de la mer. A ces métiers s’ajoute celui du textile et cuir. Cela n’empêche que dans le pacte pour l’émergence industrielle, nous avons prévu des mesures qui s’appliquent à tous les secteurs, même à ceux qui ne sont pas inclus dans les métiers mondiaux. C’est le cas des zones industrielles intégrées à caractère généraliste, qui sont ouvertes à tous et qui réduisent le coût de l’investissement pour tous les secteurs qui souhaiteraient s’y installer. En outre, si demain, il s’avère que le Maroc pourrait être compétitif sur d’autres secteurs, nous les intégreront dans notre stratégie de déploiement. C’est à ce titre que nous avons lancé des études pour les secteurs de la chimie-parachimie et de la pharmaceutique. Il ne s’agit pas seulement de lancer des études tout azimut. Le plus important, c’est d’implémenter les stratégies qui découlent des études de positionnement. Et à ce titre, nous procédons par priorisation. Nous devons d’abord mettre en marche le pacte pour les six métiers. Les autres attendront leur tour.

Où en êtes-vous quant aux études stratégiques concernant les secteurs de la chimie-parachimie et de la pharmaceutique, sachant que vous avez refusé les premières conclusions de l’étude portant sur celui de la chimie ?

Nous avons demandé le recadrage de cette étude car elle n’intégrait pas un acteur majeur du secteur : l’OCP. Actuellement, nous sommes en phase finale d’un consensus partagé avec Mustapha Terrab, président de l’OCP SA, sur la vision du secteur et ses priorités. Quant à l’étude sur le secteur pharmaceutique, nous sommes aussi en phase finale et nous sommes en passe d’élaborer le plan d’action. Mais intégrer ou pas le plan Emergence, ne relève pas uniquement de nous. Dans le cas de l’industrie pharmaceutique, il y a des préalables que les professionnels doivent implémenter par eux-mêmes et s’ils ne le font pas, ne nous pourrons rien faire pour eux.

L’un des piliers du pacte Emergence est l’attraction des investissements étrangers. Lors de vos road-shows auprès des acteurs mondiaux, faites-vous la promotion de ces secteurs qui ne figurent pas dans le pacte ?

L’incitation à l’investissement étranger est l’un des piliers de notre politique pour l’émergence industrielle. Il est vrai que dans le cas de la chimie, de la pharmacie et des IMME (industries mécanique, métallurgique et électromécanique), nous n’avons pas de stratégie concertée destinée à la promotion et donc à l’incitation de l’investissement étranger dans ces secteurs. Mais comme je l’ai dit auparavant, il y a des préalables. A titre d’exemple, dans le secteur de la pharmacie, la quête de la taille critique est importante pour se positionner à l’export. Les professionnels gagneraient à fusionner pour offrir des coûts de production compétitifs.

Khalid Tritki
Source: Maroceco.ma

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