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Maroc - Immobilier : Débarquement de promoteurs étrangers, mais à quel prix ?

Le ministère de l’Habitat et de l’aménagement du Territoire piloté par Taoufik Hejira lance un appel aux promoteurs immobiliers internationaux susceptible de construire des logements sociaux à 140 000 dirhams pour faire face au désintérêt manifesté par les opérateurs nationaux et le «danger» qui pèse sur ce segment de marché.

On annonce, ici et là, un véritable coup de semonce envers les promoteurs locaux, voire un affront, envers les acteurs du secteur qui n’ont pas montré d’enthousiasme et de dynamisme pour la construction de logements destinés au recasement des populations vulnérables qui découle du programme national initié par feu Hassan II, en 1994.

Pour rappel, aucun projet d’investissement dans ce type de produit ne figure dans l’agenda 2010. D’où la montée au créneau de Taoufik Hejira - particulièrement discret depuis le début de la crise dans le secteur immobilier – qui se montre déterminé à relancer le marché du logement social, et ce coûte que coûte, semble-t-il

Il est vrai que ce dernier agit (et s’agite) car la situation est devenue inquiétante voire alarmante. En effet, le centre d’intérêt majeur du programme national de l’habitat reposait sur l’engagement de l’Etat à impulser (et à encadrer) une politique publique dédiée aux catégories de populations les plus démunies afin que chaque ménage puisse avoir accès à un logement digne. D’où la naissance du label «Villes sans bidonvilles».

Malheureusement, très vite, l’environnement de l’immobilier s’est enflammé. Bulle immobilière, spéculations tout azimut, flambée des prix, course au foncier, pratiques corruptives, endettement des populations,…. Le tout sous le regard de l’Etat. Encourager l’accès à la propriété est un acte noble et responsable, mais ne pas jouer son rôle de «garde fous» et de régulateur est irresponsable. Il ne suffit pas de lancer des programmes !

Comment expliquer que le holding public, Al Omrane, ne soit pas le moteur de croissance des logements sociaux au même titre que les Offices publics dans les pays voisins ? Pourquoi Casablanca, la capitale économique, ne jouit-elle pas d’un schéma d’aménagement du territoire clair et (surtout) disponible ?

S’il est vrai que durant la décennie qui vient de s’écouler de nombreux foyers ont pu devenir propriétaires de leurs biens, que des groupes immobiliers se sont créés, que des milliers d’emplois ont été créé, que des investisseurs étrangers ont mis le cap sur le Maroc, il n’en reste pas moins qu’aujourd’hui le bilan est mitigé, que la situation est critique et que le contexte sur fond de crise est inquiétant.

Faire appel à des promoteurs étrangers pour construire des logements sociaux illustre bien l’incapacité de l’Etat à «auto-gérer» ses politiques publiques. Pis. Quel sera le prix à payer de cette opération ? Que ce soit en matière d’exonération fiscale, des conditions d’accès au foncier, au circuit dédié aux démarches administratives, aux conditions requises pour le rapatriement des dividendes, … Bénéficieront-ils de «largesses» consentit par l’Etat ? Cela parait inéluctable…

Pour l’heure rien ne filtre sur ces sujets. On se contente d’agiter le chiffon rouge en guise de menace à l’égard de promoteurs nationaux qui semblent plus préoccupés par l’état de leur trésorerie, par les piqûres de rappel des banquiers et la perspective de décroissance du secteur.

Rachid Hallaouy
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