Menu

Maroc : Grippe H1N1, business juteux pour les laboratoires privés

Que fait l’Etat marocain pour accompagner, sensibiliser et assurer des soins aux millions de personnes soucieuses, angoissées, parfois affolées, par le débarquement de la grippe H1N1 ? La semaine dernière, des établissements scolaires comme le lycée Al Jabr, à Casablanca, ont été sommés par le ministère de l’Education - seule autorité compétente pour prendre la décision de fermer un établissement ou d’ordonner la fermeture de classes – de fermer l’école pour «risques de propagation de la grippe H1N1 après avoir identifié des élèves atteints par cette grippe».

Yasmina Baddou, ministre de la Santé, annonçait que le Royaume avait passé commande de 16 millions de vaccins afin de lutter efficacement contre la grippe H1N1. Une partie de ces dits vaccins seraient arrivés au Maroc, dimanche 1er novembre 2009, et les personnes se rendant à la Mecque ont pu se faire vacciner, contrairement à la première vague de départ qui, elle, a été vacciné dès son arrivée en Arabie Saoudite.

Reste à savoir comment l’Etat a décidé de s’organiser (territorialement) pour assurer une couverture médicale à l’ensemble du territoire. Après mûres réflexions et des brochettes de conciliabules, le ministère de tutelle a tranché. Mobilisation générale décrétée et campagne de communication adaptée.

Sur le terrain, cela se traduit par le choix stratégique de désigner l’hôpital Moulay Youssef, à Casablanca, comme lieu (unique) d’accueil et de soins pour toutes personnes désireuses de se faire vacciner. Ce qui devait arriver, arriva, avec la prise d’assaut de l’établissement publique de santé qui s’est retrouvé saturé au bout de quelques jours.

Dès lors, comment faire ? Réunion au sommet, benchmarking, ont abouti à un plan «B». Et si l’Etat faisait appel (officieusement) à des laboratoires privés pour assumer cette…tâche ? Ainsi, un premier laboratoire privé à Casablanca – qui jouit d’une convention avec la CNOPS, organisme public de mutuelle pour les fonctionnaires – a été «saisi» pour prendre le relais de l’Etat. Puis, un deuxième laboratoire, également installé dans la capitale économique, a fait valoir sa «candidature». D’autres devraient suivre.

On peut regretter la gestion déléguée au privé d’un devoir non assumée par l’Etat, mais bon….Là où le bât blesse, ce sont les conséquences directes du désengagement de l’Etat. En effet, les personnes désireuses de bénéficier d’un vaccin anti-grippe H1NI devront observer au préalable une visite dans un laboratoire (obligatoire pour établir un diagnostic médical) et s’acquitter de la somme de 300 Dh (montant de la consultation).
Une aubaine pour les «labos» et un coup dur pour les portefeuilles. Au rythme de 20 nouveaux cas / jour déclarés (le Maroc a largement dépassé les 400 cas à ce jour), autant dire que la grippe H1NI va se transformer en manne financière pour les uns et en véritable cauchemar, pour d’autres.

Rachid Hallaouy
Copyright Yabiladi.com

Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com