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Maroc / Immobilier : Menaces sérieuses sur le logement dédié aux populations vulnérables

La programme national initié en 1994 par Hassan II et dédié à la construction de logements sur l’ensemble du territoire pour pallier au déficit estimé (par l’Etat) à plus de 1 million, tend à connaître un ralentissement, voire un coup d’arrêt.

Qu’est-ce qui peut expliquer cette situation ? Du côté des promoteurs immobiliers, on avance que construire des logements à 140 000 dirhams (environ 14 000 euros) est quasi impossible. Y compris en bénéficiant d’allègements fiscaux. Du côté de l’Etat, on semble désemparé. Quid de la politique de gestion déléguée de logements modestes ? La «carotte» fiscale et les «passe droits», sous la forme d’acquisition de terrains publics à prix préférentiels, ne semblent pas avoir convaincus les entreprises de promotion immobilière d’investir dans le logement social. Elles ont viré vers les marchés du haut et moyen standing pour des raisons purement économiques (plus de 50 % de marge bénéficiaire).

D’une part, cela a contribué à une flambée sans précédent du foncier sous le regard impuissant de l’Etat. Et d’autre part, cela s’est traduit par un phénomène d’éviction de certaines populations (essentiellement la classe moyenne) et le maintien de populations dans des logements de fortune.

Un Etat faible, passif, des villes désorganisées, sans schéma d’aménagement du territoire, totalement dépassées par l’exode rural, voilà la réalité des grandes agglomérations avec Casablanca comme révélateur. Fleuron économique, la ville blanche a perdu de sa superbe pour endosser une couleur beaucoup plus sombre. Celle qui a (toujours) subi l’absence de gestion politique et intégrée de la ville, est dans un piteux état.

Dernièrement, Mohamed Sajid, Maire de la ville, déclarait que «pour organiser un réseau de transport en conformité avec les réalités et les exigences de Casablanca, un budget de 50 milliards de dirhams devait être mobilisé». Soit le budget alloué à la construction du programme national autoroutier et ferroviaire.

Construire des logements, déplacer des populations, sans la mise en place d’une infrastructure moderne dédiée au transport ne pourra que détériorer la situation dans nos villes. Du coup, la problématique liée au coup d’arrêt de la construction de logements sociaux pourraient se transformer en opportunités pour les «penseurs» et décideurs de l’avenir des villes du pays.

Rachid Hallaouy
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