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Crise économique : Le Maroc touché mais encore debout

Dès que l’ampleur de la crise a été connue – et plus tardivement reconnue – les dirigeants des grandes puissances économiques ont pris l’engagement de ne pas reproduire les erreurs commises par leurs aînés en 1920 avec la non intervention des Etats, au nom du respect des équilibres économiques. Ce qui avait mené à la catastrophe.

La grande question qui taraude le lanterneau des experts économiques est de savoir si l’économie mondiale peut se rétablir en 2009 ? Ou, si au contraire, elle va continuer à s’enfoncer dans une spirale dépressionnaire…durable.

Du côté du Fond monétaire international (FMI), on annonce «fort probable une réduction des prévisions de croissance, peut-être même de manière substantielle». Y compris pour les pays émergents dont la croissance a été tirée grâce à leurs exportations vers les pays développés. On parle de 5 % voire 6 % de croissance pour la Chine (qui a connu un taux de croissance à 2 chiffres depuis des années, un niveau nécessaire pour maintenir ses équilibres socioéconomiques).

Du coup, c’est le monde qui se trouve menacé par la récession et la dépression. Quels sont les dangers qui nous menacent ? Ils sont nombreux (Krach obligataire, crise émergente,…), mais celui qui semble le plus menaçant est le retour du protectionnisme (et ses conséquences sur les opinions publiques).

Le discours de François Fillon, Premier ministre Français, lundi 2 février 2009, ne s’inscrit-il pas dans cette philosophie avec son propos axé sur la mise en place d’une politique de relocalisation et son engagement pris de suivre, personnellement, tous les projets économiques à l’échelle…nationale.

Un discours très éloigné de la déclaration commune des chefs d’Etats et de gouvernement du G20, réunis le 15 novembre 2008 à Washington, qui «rappelaient leur attachement à des économies ouvertes et qu’il était vital de rejeter le protectionnisme».

Une fois de plus, le fossé qui sépare le politique de la réalité économique semble bien large. Contraints de gérer la crise, les gouvernements s’attachent à intervenir pour soutenir les secteurs en crise, notamment l’automobile, et d’autres, comme la Chine, sont tentés de déprécier leur monnaie.

Si l’interdépendance des économies est bien réelle dans un monde globalisé, «l’individualisme» économique, sous la forme la plus personnelle qui soit, est en passe de s’installer durablement.

Au Maroc, la crise commence à pointer le bout de son nez, et d’ores et déjà, les conséquences économiques (et sociales) sont importantes. S’il est quasi impossible de mesurer la casse sociale – l’activité informelle est trop importante dans les secteurs les plus touchés comme l’automobile ou le textile -, il n’en reste pas moins que la déprogrammation du projet phare de Renault Nissan à Tanger illustre bien le climat ambiant.

Cependant, la crise mondiale présente des aspects positifs pour le Maroc. Outre une baisse des coûts de l’énergie qui se traduit par une réduction du déficit de la balance commerciale, l’Etat a décidé de soutenir la consommation interne pour relayer la croissance.

La Loi de Finances 2009 a prévu une hausse des salaires (pour les secteurs publics et privés) de l’ordre de 5 à 10 %. Une mesure qui a pour but de doper le pourvoir d’achat et la consommation.

Une résolution plus efficace que de créer une antenne de veille économique (au sein du ministère de l’Economie et des Finances) pour les secteurs fortement impactés par la crise économique mondiale. Comme si le temps économique au Maroc n’était en rien identique à celui de l’horloge mondiale.

Rachid Hallaouy
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