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Maroc : Consommer plus pour s’endetter…plus

Décidemment, la course à la consommation fait rage au Maroc. Posséder le dernier téléphone portable, accéder à la propriété, rouler au volant d’un véhicule de grosse cylindrée (alors que la niveau de pollution est à son comble et que le prix du baril de pétrole ne cesse de flamber), fréquenter les lieux en vogue,…constituent le centre d’intérêt principal d’une catégorie de personnes. Soit des privilégiés dont l’obsession est «money, money,… ».

Néanmoins l’envers du décor est nettement moins reluisant. En effet, en dehors d’une poignée d’individus particulièrement fortunés et ces «nouveaux riches», également largement minoritaires (on parle de moins de 5% de la population), la classe dite moyenne, en quête d’existence et de reconnaissance tente de faire sa place dans l’univers de la consommation.

Un univers «sans foi ni loi». Du coup, les ménages «éligibles» à un certain niveau de consommation (selon les règles fixées par les institutions bancaires) ont (été) dirigés vers une voie dont l’issue reste incertaine. Stress, angoisse, sont devenus le lot des citoyens. Inutile de s’étaler sur les répercussions sociales de plus en plus nombreuses au sein des cellules familiales (il n’y a qu’à voir le nombre de divorce en forte croissance).

Avec la baisse sensible des taux directeurs à la fin des années 2000 (de 13% à 6%) dans le cadre d’un emprunt immobilier par exemple, ainsi que la «démocratisation» du prêt personnel (et la facilité de caisse) a permis à de nombreux marocains d’accéder à la…modernité : acquisition d’un appartement, à un véhicule neuf, vêtements de marque,…

Qu’en est-il aujourd’hui ? Quel est le niveau d’endettement et (surtout) de surendettement des marocains ? Etat, exécutif et institutions bancaires ont accordé leur violon pour que rien ne filtre sur ce sujet…brûlant, mais d’actualité.

Dernière trouvaille, l’allongement de la durée des crédits immobiliers à 60 ans (remboursable sur plusieurs générations!). Où comment doper le marché de l’immobilier (et masquer la réalité de ce secteur qui accuse une perte de vitesse) sous la forme d’un cadeau…empoisonné. Alors que la durée maximale est fixée à 25 ans, l’Etat tente de faire passer l’idée de rallonger cette durée avec comme stratégie un ballon d’essai, histoire de sonder l’opinion publique. Si le ministre de l’Habitat, Taoufik Hejira s’est montré opposé à cette option, il n’en reste pas moins qu’il n’y a jamais de fumée sans feu.

Proposer une offre élargie en matière de produits à la consommation ne peut pas faire l’économie d’une approche politique et sociale très précise et approfondie. Pis, une réflexion de fond devrait accoucher d’une vision globale et cohérente. Etre aveuglé par une conception purement capitalistique constitue un danger pour une société jeune, immature et à la recherche de repères.

Au moment où toutes les économies mondiales serrent les rangs, préparent des plans de relance économique, se repositionnent sur la carte mondiale, «socialisent» leur politiques publiques…le Maroc préfère faire l'autruche et porter des critiques sur les outils utilisés par les différents organismes internationaux comme le FMI, la Banque mondiale et tout récemment le PNUD, chargé de mesurer l’indice de développement humain par pays.

Rachid Hallaouy
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