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Les prix du carburant de contrebande s'envole dans l'Oriental

Les prix du carburant de contrebande dans la région de l'Oriental ont carrément doublé en quelques mois. L'Algérie saisit davantage de carburant. Pourquoi maintenant ?

Le prix du carburant de contrebande a explosé dans l'Oriental cet été. Une hausse de plus de 50 DH pour les trente litres. A titre d'exemple, un jerrican de gasoil (30 litres), vendu en moyenne autour de 120 DH se négocie aujourd'hui entre 150 et 160 DH à Jerada. A Oujda, même topo. Le prix du super et du super sans plomb, vendu à 140 DH (par jerrican) en temps normal par les contrebandiers est désormais facturé à près de 200 DH.

Qu'est-ce qui explique cette hausse ? D'après des informations recoupées, deux raisons peuvent expliquer cette envolée des prix. Il y a d'une part le grand afflux de Marocains résidant à l'étranger et de touristes qui convergent en grand nombre vers l'Oriental. D'autre part, la surveillance au niveau des frontières se serait accrue côté algérien. «Les gens surnomment la région le Koweït, car ils savent que l'essence ne coûte pas très cher. Du coup, quand ils sont en vacances, ils ont tendance à venir ici pour acheter de grandes quantités, ce qui, bien sûr, se répercute sur les prix», explique Omar Hejira, député PI à l'Oriental. Même son de cloche de la part de cet autre député de Jerada, qui assure que chaque été les prix de l'essence s'envolent. «C'est surtout en août que l'essence coûte le plus cher. C'est durant cette période que la région connaît le plus d'effervescence économique», explique-t-il.

Terrorisme
Outre l'afflux de visiteurs, le prix de l'essence de contrebande dépend également de la surveillance des frontières. «C'est au gré de la conjoncture politique. Parfois, c'est du côté marocain que le contrôle est le plus draconien. D'autres fois, ce sont les Algériens qui serrent la vis», explique un observateur. Et aujourd'hui, c'est bien l'Algérie qui a décidé de mener une nouvelle campagne contre la contrebande. Selon «l'Expression», quotidien proche du pouvoir, les gardes-frontières algériens ont saisi le 6 et le 7 août dernier, aux trois postes frontières de Tlemcen, 2.940 litres de carburant abandonné. Les deux jours suivants, c'est 1.770 litres qui ont été saisis. Au total, les autorités de nos voisins de l'est ont mis la main sur près de 40.000 litres de carburant durant ce début de mois.

Les Algériens expliquent la multiplication et l'importance des quantités saisies à la hausse du prix du carburant à la pompe au Maroc et en Tunisie. «La saignée continue ! Plusieurs milliers, voire des millions de litres de carburant, tous types confondus, passent illégalement nos frontières», déplore l'éditorialiste de l'Expression. Soit, mais qu'est-ce qui explique cette nouvelle campagne estivale ? Selon un fin connaisseur des rouages de la contrebande, il faut chercher la raison ailleurs. «Les Algériens se sont rendu compte que les contrebandiers utilisent les clandestins africains pour transporter le carburant. Et pas seulement. Ils les utilisent aussi pour passer d'autres marchandises, notamment des armes», explique notre source. Le tour de vis qui s'est répercuté sur les prix s'explique donc également par souci de lutte contre l'immigration clandestine et le terrorisme.

Qu'en pense la partie marocaine ? Même si la position officielle refuse la contrebande, l'État ferme les yeux. «Pour le Maroc, la contrebande d'essence est bénéfique. N'oublions pas que l'Oriental décharge la caisse de compensation de se préoccuper de toute une région», affirme notre source.

Zakaria Choukrallah
Source: Le Soir Echos

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