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Les dépenses des ménages marocains d'abord dans la nourriture et le téléphone

Entre manger, parler et se divertir, les Marocains ont vite fait leur choix. La majorité des dépenses des ménages part en alimentation et en communication.

Cela fait plus de cinq ans que le Haut commissariat au plan (HCP) ne nous a pas donné de nouvelles du niveau de vie des Marocains. Il s'est enfin décidé, cette semaine, à livrer les premiers résultats de sa toute dernière enquête du genre qui fait le point sur la situation en 2007.

Les investigations des 160 enquêteurs du HCP se sont surtout focalisées sur les dépenses des Marocains, leur évolution et leur effet sur le niveau de vie. En 2007, les ménages ont dépensé 11.222 DH en moyenne par personne. En 2001, la dépense n'était que de 8.280. Une importante évolution qui pourrait aussi bien démontrer une hausse faramineuse du coût de la vie qu'une amélioration du ni-
veau de vie. La conjoncture internationale, caractérisée par une flambée générale des prix, favorise la première hypothèse. La bonne nouvelle, c'est que les ruraux ont apparemment amélioré leurs revenus puisque leurs dépenses ont crû plus vite qu'en ville. En effet, la dépense individuelle s'est établie à 13.894 DH chez les urbains et 7.752 chez les ruraux. En 2001, les dépenses étaient respectivement de 10.642 et 5.288 DH. L'amélioration dans les campagnes est ainsi supérieure à celle des villes avec une moyenne de 6,5% contre 4,5%. Toutefois, l'écart entre les deux milieux se creuse : 5.354 DH en 2001 et 6.142 en 2007.

Les Marocains dépensent donc plus, mais est-ce que l'on peut en déduire pour autant que leur niveau de vie, voire leur,, qualité de vie, s'est amélioré ? La structure des dépenses ne donne pas d'indice probant. Elle dégage, plutôt, la prééminence des dépenses alimentaires. Et ce sont d'autres dépenses qui en pâtissent. Ainsi, en 2007, la nourriture a largement empiété sur les budgets de renseignement, de la culture et des loisirs. Toutefois, les Marocains consacrent une partie importante de leurs ressources au transport et à la communication.

Ceci dit, le HCP n'en démord pas : la qualité de vie des Marocains s'est améliorée. Pour preuve, ils ont commencé à changer leurs habitudes alimentaires. Ainsi, ils consomment moins de céréales et de sucres (25%en2001 contre 22%en 2007) au profit des viandes, poissons et produits laitiers dont le ratio est passé de 33,1% en 2001 à 36,9% en 2007.

Le constat est général. Et l'amélioration a aussi bien concerné les couches aisées que celles plus pauvres. Ceci dit, le niveau d'amélioration entre riches et pauvres a quasiment stagné en 5 ans. Ainsi, 20% des plus riches ont dépensé 48,1% des dépenses de consommation totale tandis que 20% des plus pauvres n'ont consommé que 6,5% de cette masse. L'on peut au moins se réjouir du maintien de l'écart au lieu de son creusement. La vraie embellie est en revanche enregistrée au niveau de la pauvreté, dont le pourcentage a régressé de 6,3% en l'espace de 5 ans pour s'établir en 2007 à 9%, soit 2,8 millions de personnes. Dans le chapitre de la pauvreté, le HCP met la pauvreté alimentaire (incapacité à s'offrir le minimum requis qui est de 1.984 kilos calories/ jour) ainsi que les pauvretés absolue et relative dont le seuil est calculé sur la base d'un ensemble d'éléments (acquisitions alimentaires et non alimentaires). En milieu urbain, la pauvreté abaissé de 25,1% à 14,5% alors qu'en milieu rural, le pourcentage n'est passé que de 7,6% à 4,8%. Le taux de vulnérabilité (populations qui se trouvent au seuil de la pauvreté) s'est amélioré, passant de 22,8% à 17,5% au niveau national. Moralité, les Marocains mangent mieux et sont moins pauvres. Ce n'est pas pour autant qu'ils ont le moral ! 35% des enquêtes ne reconnaissent aucune amélioration de leur niveau de vie et 30% constatent, au contraire, une régression.

Ichrak Moubsit
Source: Le Soir Echos

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