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Offshoring. Des majors menacent de quitter le Maroc

Le manque de ressources humaines et l'inflation des salaire font planer le doute sur le secteur de l'offshoring au Maroc. Plusieurs grands noms de l'ITO penseraient sérieusement à plier bagages.

Jamais le problème des ressources humaines ne s'est posé avec autant d'acuité pour les opérateurs internationaux de nouvelles technologies qui ont délocalisé une partie de leurs activités de développement informatique au Maroc. L'offshoring informatique, communément appelé ITO (Informations Technologies Outsourcing), trouve plus de difficultés à mobiliser les ingénieurs et techniciens nécessaires pour faire tourner les systèmes installés à Casablanca. Et même lorsqu'ils les trouvent, ils sont obligés de leur «remettre une couche de formation», selon l'expression d'un opérateur du secteur. De plus, la course au recrutement des ingénieurs en informatique augmente sensiblement leurs niveaux de rémunération.

Face à ce casse-tête des ressources humaines et de la formation, plusieurs entreprises de renom de l'ITO penseraient sérieusement à abandonner leurs positions au Maroc, selon nos sources. Aucun nom ne filtre encore quant à l'identité de ces opérateurs, mais il s'agirait de grands noms du développement informatique. Quoi qu'il en soit, ils n'auront pas trop de difficultés à se désengager du Maroc. L'offshoring est l'un des secteurs où les droits de sortie sont parmi les moins élevés.

En examinant les détails des deux principales difficultés que rencontrent les opérateurs, il apparaît clairement que leur position est amplement justifiée. L'offre en ingénieurs et techniciens spécialisés en informatique se limite à 1.600 cadres par an. Ce chiffre est très faible par rapport aux besoins du secteur de l'ITO qui se chiffrent à plus de 3.000 nouveaux cadres, dès maintenant. L'Etat a certes lancé son programme de formation de 10.000 ingénieurs, en ouvrant plusieurs nouveaux instituts de formation. Mais il faudrait attendre au moins trois ans pour que les premières retombées de ce programme commencent à se faire sentir. En attendant, la course au recrutement des ingénieurs en informatique entraîne une hausse fulgurante de leurs salaires. Un jeune cadre de cette catégorie commence sa carrière avec un revenu net minimum de 10.000 DH, sans compter les avantages environnants. Les employeurs du secteur sont obligés de revoir à la hausse cette rémunération chaque trimestre. A défaut, ils trouveront facilement une meilleure offre chez les concurrents. A ce niveau de salaire minimal, les cadres marocains ne sont compétitifs que par rapport à leurs homologues espagnols, qui touchent 25% de plus qu'eux. Mais comparés aux ingénieurs de l'Europe de l'Est, notamment la Roumanie, ils coûtent beaucoup moins cher. De plus, les opérateurs d'ITO leur reconnaissent un niveau de compétence souvent plus élevé que chez les Marocains. En effet, certains logiciels enseignés aux ingénieurs marocains sont parfois obsolètes par rapport aux besoins des opérateurs de l'ITO. De plus, «les ingénieurs et techniciens marocains manquent de compétences en matière de communication et de langues», indique une source proche du secteur. Les couches de formation supplémentaires aussi bien dans les disciplines techniques qu'en communication nécessitent entre trois mois et six mois. Ce qui engendre des coûts et des manques à gagner considérables. D'autant plus que les opérateurs nouvellement installés ne sont pas sûrs que les lauréats du programme 10.000 ingénieurs seraient adaptés à leurs besoins.

Nouaim Sqalli
Source: Le Soir Echos

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