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Station Saïdia : belles réalisations... mais gros retard !

Incontestablement, la station balnéaire de Saïdia est un bijou qui est en train de naître sur la côte de Méditerranée orientale. Première du plan Azur, cette station est certainement promise à un bel avenir. Le visiteur qui arrive sur place est séduit par la beauté du site et des infrastructures en construction, et en même temps saisi par le doute.

Concernant les échéances annoncées et les ouvertures prévues. Concrètement, des lots d’appartements et de villas sont prêts, finis, livrés à leurs propriétaires, d’autres sont en phase de l’être. La marina, qui n’a pas sa pareille au Maroc, un vrai chef-d’œuvre, est également fonctionnelle et accueille déjà quelques bateaux de plaisance...

Le premier hôtel, dont l’ouverture est prévue en été, avec une année de retard sur le calendrier, est pratiquement achevé. Sur la plage trône une première et belle paillotte, d’autres sont prévues. Ce qui fera le bonheur des estivants et des plaisanciers. Pour le reste, il ne faut pas se faire trop d’illusions : la station Saïdia ne sera pas opérationnelle cet été, et là-bas, sur place, les raisons sont connues de tous.

Addoha a préféré une livraison clés en mains plutôt que des travaux en plusieurs lots
Les membres de la délégation de la Fédération nationale de l’industrie hôtelière (FNIH), avec qui nous avons pu visiter la station, et qui ne sont pas des novices en matière de construction de complexes touristiques, tout en étant impressionnés par les lieux, ne cachent pas leur scepticisme.

En effet, tous les chantiers sont aujourd’hui à l’arrêt, et il n’y a pas âme qui vive sur la station. Même pour un dimanche, prétexte avancé par un responsable de la société sur place pour expliquer l’absence de mouvements et de va-et-vient, on n’a pas pu apercevoir un seul ouvrier du bâtiment, pas un seul camion, pas un seul engin, pas un seul tas de sable ou de ciment qui servirait le lundi à la reprise des chantiers. Seul travaille le personnel de la société chargée de la sécurité du site.

Des retards dans le processus de règlement liés au changement de la méthode de travail
Selon plusieurs sources concordantes sur place, les chantiers sont effectivement à l’arrêt car les entreprises qui travaillaient sur le site n’ont pas été payées suivant les termes des contrats signés. En fait, au lendemain de l’entrée dans le capital de Fadesa Maroc du groupe Addoha, à hauteur de 50%, ce dernier a préféré changer de méthode de travail. Comme il est expliqué auprès d’Addoha, «le groupe a une longue expérience dans l’immobilier et a toujours travaillé avec des maîtres d’œuvres qui lui livraient clés en main, contrairement à Fadesa qui procédait par lots».

A son arrivée, le groupe Addoha a donc décidé d’adopter sa façon de faire en commanditant, au passage, un audit, ce qui est normal. Le fait est que le changement de la méthode de travail avec les fournisseurs a naturellement perturbé le processus, ce qui s’est traduit par des retards au niveau des procédures de règlement.

«Ce sont des choses certes normales qui relèvent de la gestion privée, fait remarquer un entrepreneur de Saïdia. Mais, par expérience, on sait que lorsqu’un chantier qui avançait tout de même à un rythme exceptionnel s’arrête, il est très difficile de le relancer, et là, il ne s’agit pas d’un seul, mais de plusieurs chantiers». Assurément. Les relations seraient également tendues avec les acquéreurs étrangers d’appartements et de villas qui voudraient finaliser les contrats d’achat et disposer de leurs propriétés le plus tôt possible.

Du côté du promoteur aménageur, qui s’est exprimé il y a quelques jours à l’occasion d’une conférence de presse organisée à Casablanca, les travaux évoluent dans les délais, mais seulement sur certaines parties. Ces travaux seraient même en avance, comme pour la marina, par exemple. Mais sur place, l’état du chantier laisse un peu perplexe. S’il est vrai que la marina est opérationnelle, tous les commerces à proximité, pour la plupart dédiés à la restauration et à l’animation, ne sont pas encore aménagés, ou sont même à l’état brut. Il est difficile de croire que d’ici l’été prochain (c’est-à-dire dans un mois et demi !), tous ces magasins seront ouverts, aménagés, embellis, équipés, et pourront accueillir les clients.

Pour éviter qu’il y ait des déceptions, il aurait fallu peut-être que les responsables du projet annoncent simplement que l’ouverture de la station Méditerrania Saïdia se ferait de manière progressive et qu’elle ne tournerait à plein régime que dans deux ou trois ans ou même plus. Il n’y a aucune honte à cela.

Mohamed Moujahid
Source: La Vie Eco

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