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A Casa, ruée sur les appartements meublés en location

Jeunes professionnels arrivant d’autres régions du Maroc, consultants étrangers, Marocains résidant à l’étranger en vacances, hauts cadres bénéficiant d’un avantage en nature : les candidats à la location d’appartements meublés se font de plus en plus nombreux dans la métropole. Ce segment de marché est en pleine «explosion», selon de nombreuses agences immobilières.

Ces dernières sont plus de 300 à avoir pignon sur rue à Casablanca, et un bon nombre d’entre elles proposent des services de location d’appartements meublés. Si certaines se contentent de mettre en relation les propriétaires et les locataires, d’autres effectuent de la gestion locative intégrale. C’est-à-dire qu’elles prennent tout le processus de location en main, de la visite au paiement du loyer, en passant par les assurances, les abonnements à la Lydec, etc. Il faut aussi compter les particuliers, sans aucune structure, qui proposent des logements directement au noir en usant du bouche à oreille.

Les propriétaires préfèrent la stabilité des baux à plus long terme
Les appartements meublés peuvent être loués à court, moyen ou long terme. Les deux derniers scénarios sont les plus fréquents, quoique l’augmentation du nombre de personnes à la recherche de séjours courts, de deux nuits à trois mois, laisse présager une segmentation plus élargie du marché. «Les hommes d’affaires qui voyagent beaucoup se lassent des chambres d’hôtels et des restaurants. Les appartements meublés leur apportent à la fois intimité et confort», explique Rihab Karhat, conseillère chez Casablanca Connexion. Quelques agences proposent même à leur clientèle des services de nettoyage à domicile.

Les prix varient cependant beaucoup, selon la superficie et/ou le nombre de pièces, l’équipement des appartements et le quartier. «Entre 500 et 1 500 DH la nuitée, selon la saison», poursuit Mme Karhat. Il s’agit d’appartements entièrement équipés, ce qui permet au locataire de recevoir des invités à domicile. Mais attention, les agences doivent demeurer très vigilantes à ce niveau. «Nous sommes en contact constant avec les gardiens d’immeubles, qui nous signalent le moindre problème avec les locataires», explique la conseillère. Inutile donc d’employer cette voie pour organiser des soirées de fête. «Il ne faut pas oublier qu’il y a toujours des voisins», affirme-t-elle avec un sourire.

Les agences semblent cependant moins enclines à offrir la location à courte durée. C’est un travail énorme dont les bénéfices dépassent rarement 20% du prix de la nuitée, toujours selon la conseillère. Et les propriétaires préfèrent la stabilité des baux à plus long terme.

Pas plus d’un mois de caution
Le moyen et le long séjour concerneraient plutôt une population de jeunes. «Les professionnels qui arrivent d’autres régions du Maroc sont très demandeurs», explique Mme Karhat. Il faut compter entre 2 000 et 3 000 DH de plus par mois que pour les appartements non meublés. «Les jeunes en début de carrière n’ont pas les quelque 20 000 à 30 000 DH nécessaires pour meubler leur appartement d’un coup», explique-t-on chez Century 21. Les familles de Marocains résidant à l’étranger adoptent également cette solution. «Il y a tout ce qu’il faut pour recevoir la famille, dans le confort d’un foyer, avec le lecteur DVD, la parabole, etc.», indique Rihab Karhat.

La flambée du prix de l’immobilier aidant, la location d’appartements est devenue un moyen de financement transitoire pour beaucoup de jeunes couples également. «Les propriétaires achètent, meublent et louent leur maison quelques années avant de l’habiter. C’est une forme d’autofinancement», poursuit-on chez Century 21. Les locataires doivent toutefois rester prudents, car certaines agences demandent des loyers exorbitants. Les étrangers en mission pour quelques mois sont vulnérables. «Nous effectuons une visite et nous déterminons avec le propriétaire le montant du loyer», explique Dounia Boukhari, directrice d’agence chez Laforêt Immobilier. «J’ai vu des gens demander 14 000 DH par mois pour de petits studios!», prévient Rihab Karhat.

S’il est impossible d’obtenir des chiffres sur le nombre d’appartements meublés en location à Casa, tous s’accordent à dire que le marché est très dynamique. «Nous effectuons beaucoup de transactions, et l’offre est étoffée», soutient Mme Boukhari. Elle met par ailleurs en garde les clients contre des pratiques douteuses. «Des clients m’ont demandé combien coûtait la visite d’un appartement. Il est complètement illégal de faire payer quelqu’un pour lui montrer un logement !», s’indigne-t-elle. Tous les agents consultés par La Vie Eco ont d’ailleurs répété que le locataire devait impérativement exiger un état des lieux, au moment de l’emménagement et du départ. La moindre cuillère doit être inventoriée. Attention aussi à ceux qui exigent plus d’un mois de caution : «Selon la loi, on peut demander le loyer du mois courant et un mois de caution. Rien de plus !», insiste Mme Boukhari.

Deux mois d’honoraires pour la longue durée
Souvent, les baux courent sur une année, et l’agence immobilière prend deux mois de loyer en honoraires. «Une moitié versée par le propriétaire, l’autre par le locataire», explique-t-on chez Laforêt Immobilier.

La gestion locative semble aussi faire des adeptes. Casablanca Connexion et Laforêt Immobilier offrent déjà ce type de prestation. Chez Century 21, on prévoit aussi de s’y mettre en 2009. Dans ce cas, l’agence prend le processus de location en main de A à Z. Les propriétaires sont des investisseurs qui souhaitent sous-traiter la gestion de leurs biens immobiliers, ou encore des promoteurs qui délèguent la gestion de programmes neufs. Les agences sont toujours un peu frileuses vis-à-vis de la gestion locative, car il n’existe toujours pas d’assurances «risque locatif et loyer impayé» au Maroc.

Ce à quoi Laforêt Immobilier tente de remédier. «Nous sommes en négociations avec de grandes compagnies d’assurances à ce sujet», avance Dounia Boukhari. Ceci faciliterait grandement le travail des agences. «Mais nous devrons toutefois trier nos locataires sur le volet, et demander de sérieuses références», précise-t-elle.

Marie-Hélène Giguère
Source: La Vie Eco

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