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Photovoltaïque au Maroc, remède pour temps de crise

La crise énergétique est-elle inévitable? Face à l’actuel contexte, la demande d’électricité qui croît chaque année de 8% et les prix des combustibles qui ne cessent d’augmenter à l’échelle internationale, la situation peut sembler compromise si le pays n’accélère pas la cadence dans la diversification de ses sources d’énergie.

Comme ne cesse de rappeler Younès Maâmar, patron de l’ONE, c’est la consommation d’une ville comme Rabat qui s’ajoute chaque année. A cet égard, le programme photovoltaïque de l’Office, inscrit au chapitre Energies renouvelables, se poursuit activement. En témoigne son ambitieux programme baptisé Chourouk, qui s’insère dans les «programmes d’efficacité énergétique» initiés par l’Office.

Schématiquement, le programme consiste en l’utilisation de l’énergie solaire à travers la technologie photovoltaïque pour l’alimentation domestique en électricité, puis l’injection de l’excédent produit dans le réseau national. Son objectif est double: pour les consommateurs, il s’agit de réduire la facture d’électricité et pour l’One, celle d’achat du combustible. «L’objectif est de diminuer les investissements de l’Office dans la production d’électricité dans ses usines», explique Abdelmajid Essa-Egh, directeur-conseiller à l’ONE. Chourouk a été conçu en 2 temps: la mise en œuvre de la première microcentrale solaire photovoltaïque à l’échelle nationale, suivi de 2 autres projets pilotes similaires, un à Errachidia et l’autre à Benguérir. Désormais, il sera possible de combiner l’alimentation en électricité avec de l’énergie solaire comme il est déjà d’usage pour le chauffage. C’est en juin 2007 que l’Office a inauguré sa première microcentrale solaire photovoltaïque installée sur le toit du site de l’ONE à Tit Mellil, dans la province de Médiouna (Grand Casablanca).

Elle débitera l’énergie constituée sur le réseau basse tension de l’ONE. Selon l’Office, ce projet aura nécessité une enveloppe budgétaire de 3,5 millions de DH. Les 2 autres projets pilotes d’Errachidia et Benguérir dont l’appel d’offres, a été lancé en octobre 2007, consisteront, quant à eux, en l’installation de 1.200 microcentrales solaires photovoltaïques d’une puissance unitaire de 500Wc à 1kWc. L’installation concerne des emplacements de particuliers et 15 agences commerciales de distribution ONE. l’Office dernier a déjà désigné, fin février, suite à un appel d’offres la société qui fournira les composants pour les 1.200 microcentrales dont l’office contrôlera les prestations. C’est également à lui qu’incombe le rôle de sélectionner et désigner les bénéficiaires du programme. Les techniciens privés d’Instelecs agréés par l’ONE, pourront réaliser et mettre en service les microcentrales sous la responsabilité de cette société.

Quel est l’objectif du projet? «Promouvoir les énergies renouvelables soit, mais surtout contribuer à la préservation de l’environnement en évitant un rejet de près de 500 tonnes de CO2 et réduire la consommation des énergies d’origine fossile, soit 100.000 kWc/an», indique Essa-Egh. Le projet tend aussi à l’encouragement des particuliers à utiliser cette forme d’énergie pour l’alimentation domestique. Les foyers qui participeront à cette opération bénéficieront d’ailleurs d’une incitation financière sur leurs factures d’électricité. «Il s’agira d’un abattement équivalent au tiers de l’énergie solaire produite par la microcentrale photovoltaïque installée sur le toit», explique le conseiller. Le client devra, en outre, régler 5 DH TTC par mois, pendant toute la durée du contrat d’abonnement qui est de 20 ans. Selon les responsables, ce sera en somme une économie de 25% par mois sur la facture d’électricité.

Par ailleurs, un autre projet sur Ouarzazate est en discussion avec le Fonds arabe de développement économique et social (Fades) pour équiper 200 foyers en microcentrales photovoltaïques. Finalement, le choix des sites n’est pas un hasard, l’ONE étant distributeur d’électricité dans ces régions. Il est donc encore difficile aujourd’hui d’appliquer la même technologie dans les villes où la gestion de la distribution d’électricité est le fait de sociétés privées. L’ONE espère, grâce à ces expériences, doper les enseignements techniques et commerciaux en la matière, et sensibiliser les autorités publiques tout comme les bailleurs de fonds, à l’utilité de généraliser le photovoltaïque.

Le kit à partir de 50.000 DH
Le kit photovoltaïque se compose de modules photovoltaïques avec supports et accessoires, onduleurs avec supports, câbles et accessoires de montage, compteurs de l’énergie produite et disjoncteurs.

Le prix est fonction de la puissance produite par les capteurs. Il faut compter à partir de 50.000 DH. Toutefois, la durée de vie moyenne d’un panneau photovoltaïque est de 30 ans, le retour sur investissement devrait donc être rapide. «Nous souhaitons proposer un financement particulier. Des pourparlers sont en cours pour bénéficier d’un financement international», indique Abdelmajid Essa-Egh.

Thermique ou photovoltaïque
L’énergie solaire peut être transformée en chaleur ou en électricité, à l’aide de différentes technologies. Le solaire thermique consiste en des capteurs solaires qui transforment le rayonnement solaire en chaleur. Celle-ci est ensuite distribuée par un système de circulation d’eau ou d’air. Cette technologie permet d’obtenir de l’eau chaude à moindre coût. Elle capte mais ne produit pas d’électricité, contrairement au solaire photovoltaïque. Celui-ci est composé de panneaux contenant des cellules photovoltaïques qui transforment l’énergie solaire en courant électrique continu. L’électricité produite peut être utilisée localement par le bâtiment où elle a été produite, ou transmise sur le réseau électrique.

(*) Watt crête: unité de puissance d’un capteur photovoltaïque. Il délivre une puissance de 1 watt sous un ensoleillement de 1 kW/m2.
1 kWc représente la puissance de 10m2 de modules solaires.



Jihane Kabbaj
Source: L'Economiste

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