Menu

Projet de loi de Finances 2008: Un budget record d’investissement

Un fait marquant et pas des moindres qui distingue le projet de loi de Finances 2008, l’importance des ressources consacrées aux investissements publics. Le cap de 100 milliards de DH sera dépassé. Plus précisément 106,93 milliards y compris la contribution du Fonds Hassan II.

Ce chiffre est en hausse de 8% par rapport à 2007. Mais à l’analyse de la répartition, on rend compte de l’importance de l’effort consenti par le budget général de l’Etat: 36,07 milliards de DH. Montant en augmentation de 39%. De ce fait, il représente avec la contribution des Comptes spéciaux du Trésor et des Segma 32,95% de l’enveloppe globale. Le reste étant réparti entre les EEP (établissements et entreprises publics), 58,64%, les collectivités locales, 5,61% et 2,81% pour le Fonds Hassan II. Or, si le concours des derniers intervenants paraît acquis, car à l’abri de tout amendement parlementaire, il en va autrement du budget général de l’Etat. «Il s’agit encore d’un projet soumis aux débats des représentants de la nation, affirme Salaheddine Mezouar, en insistant sur la vocation désormais économique du département en charge du projet».

En clair, l’approche adoptée se veut globalisante, en ciblant le développement économique et social. Et l’investissement apparaît comme levier principal pour stimuler la croissance via la promotion de l’emploi.

Transposer le plan Emergence
En effet, ni réduction de l’impôt sur les revenus ni augmentation des salaires ne sont prévues. Tout au plus, l’intervention de la Caisse de compensation pour soutenir le pouvoir d’achat face à un taux d’inflation prévisionnel de 2%, prévision que bien des ménages auront du mal à croire en cette période de hausse des prix des matières premières. Et dans l’objectif, encore lointain d’une réforme de la compensation. Cela pour sceller le «Contrat social», cher à Abbas El Fassi. En revanche, les réajustements apportés à la fiscalité d’entreprise versent dans la même approche. «Il s’agit de créer l’environnement approprié à la dynamisation des investissements privés mais aussi de consolider l’attractivité du pays».

Aussi l’activité économique sera-t-elle marquée par la poursuite des grands chantiers structurants initiés dans les domaines portuaire et aéroportuaire, les réseaux des transports terrestres et ferroviaires ainsi que les structures d’accueil des investissements industriels et touristiques. «L’objectif à terme étant de transformer le pays en une plateforme d’investissements et d’exportation», justifie le ministre des Finances. La recette? Mezouar l’a déjà testée à travers le plan Emergence, lorsqu’il était à l’industrie. Il s’agit donc de l’élaboration de nouvelles visions sectorielles pour l’agriculture et l’énergie. Dans le même cadre s’insère aussi la promotion de la PME.

Des mesures fiscales et institutionnelles favorisant la mise à niveau et les fusions seront consenties dans le cadre du contrat-programme en cours de discussion. Et pour cause! Des opportunités d’affaires vont être fournies par la libéralisation de certaines activités qui relèvent encore du monopole d’offices et entreprises publiques. Sont citées à titre d’illustration la gestion d’eau d’irrigation, l’externalisation de nombreuses activités et la sous-traitance pour le compte des grandes entreprises délocalisées.

L’autre volet de la stratégie a trait à la promotion du développement régional. L’objectif est d’assurer un développement harmonieux de l’ensemble du territoire et de faire profiter les régions de la dynamique économique à travers la création de pôles régionaux. L’approche permettrait à coup sûr de lutter contre l’exode rural en plus du gain en compétitivité. Surtout pour les projets agro-industriels où la possibilité de ruraliser le salaire minimum trouverait un terrain propice.

Les bonnes surprises
Avant d’aborder le projet de loi de 2008, il était d’abord question de mettre le point sur les faits marquants de cette année. Il y a d’abord l’aggravation des dépenses de compensation (11 milliards de DH), suite à la hausse des cours des matières premières énergétiques et agricoles. «Nous avons supporté les effets de cette flambée pour éviter remous sociaux qui auraient pu découler d’une hausse des prix», précise le ministre. Mais l’intervention de l’Etat n’a pas empêché les Sefriouis de se révolter.

Autre signal d’alarme, l’effondrement de la balance commerciale de 26,6%. «Certes, cela traduit l’ouverture renforcée de l’économie marocaine. Mais la résorption de ce déficit demeure l’une de nos principales priorités», poursuit Mezouar.

Heureusement qu’il y a les recettes touristiques (+10% à 45 milliards de DH), les transferts des MRE (+14,7% à 41 milliards de DH) et des centres d’appels (+33% à 1,8 milliard de DH) pour éponger ce déficit. Le ministre se dit d’ailleurs confiant par rapport à la progression de ces ressources. Mais la couverture du déficit sera-t-elle toujours assurée? «Nous devons impérativement augmenter notre part de marché dans les exportations internationales», note-t-il.

Mezouar se félicite également du trend haussier des investissements directs étrangers (31,3 milliards de DH). «Cela montre que le Maroc devient plus attractif et plus compétitif. Il offre plus de visibilité aux investisseurs internationaux», se réjouit-il. A noter que les avoirs extérieurs nets s’améliorent de 20 milliards à 210 milliards de DH, soit dix mois d’exportation.

Au final, les réalisations du budget 2007 réservaient de bonnes surprises. Si les dépenses termineront l’année avec 7,5 milliards de plus que prévu, les recettes ont surperformé les prévisions de 12,5 milliards de DH. Cela réduirait le déficit budgétaire à 1,9% et 2,4% compte non tenu des recettes de privatisation. «Les équilibres économiques peuvent bien être maintenus avec un déficit de 3%. Autant affecter le différentiel à l’investissement», lance Mezouar.

Source: L'Economiste

Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com