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Pêche: Céphalopodes vs sardines

C'est le bras de fer entre les céphalopodes et les sardines. Alors que les premiers sont peut-être pauvres en volume par rapport aux autres variétés de poissons, ils sauvent tout de même la mise au niveau des débarquements en valeur. Ce qui est loin d’être le cas des sardines qui autrefois, de par leur quantité, arrivaient à faire afficher à la pêche côtière et artisanale d’honorables performances.

Les dernières statistiques de l’Office National des Pêches pour le 1er semestre 2007 en témoignent. Les volumes des débarquements de la pêche côtière et artisanale sont en baisse, alors que les valeurs sont en hausse. Selon l’Office, le premier semestre 2007 a connu une baisse de la production nationale en volume de 2%, contre une hausse de 8% en valeur, par rapport à la même période en 2006.
La sardine serait encore à l’origine de cette baisse de volume.

D’après l’ONP, le recul de la flottille sardinière au niveau du port de Laâyoune est la principale cause de cette diminution. Par contre, l’appréciation de la valeur des débarquements est notamment due à l’évolution des apports en poulpe de la pêche artisanale, commercialisés dans les ports d’Agadir, Laâyoune et Tan Tan. Le poulpe qui abonde rehausse le niveau. Cela dit, de nombreux professionnels de la pêche estiment qu’il y a d’autres espèces non exploitées qui pourraient soutenir la production nationale.

En Méditerranée, les débarquements sont de moins en mois bons. Par rapport à la même période de l’année précédente, ils ont connu une baisse à la fois en valeur et en volume, de l’ordre de 12% et de 19%. Ceci en raison du recul des débarquements pélagiques (notamment la sardine), de l’espadon et du poisson blanc.

Toutefois, l’Atlantique, qui assure tout de même près de 92% du volume et 91% de la valeur de la pêche côtière et artisanale s’en sort mieux. Les volumes sont restés stables, et les valeurs se sont appréciées de 11%, par rapport au premier semestre 2007. Les ports de Tan Tan et de Laâyoune, principaux fournisseurs de l’Atlantique, ont enregistré une baisse de volume de 13%, contre une augmentation en valeur de 5%. Cette tendance est encore due à la sardine qui se raréfie (-13%) et au poulpe qui foisonne (+86%). De son côté, le port de Dakhla a enregistré une hausse et en valeur et en volume, de l’ordre de 12% et de 28%.

Les céphalopodes sont apparemment les champions des débarquements. C’est la seule espèce à avoir observé une hausse en valeur (37%) et en volume (24%). D’après l’ONP, ceci s’explique par l’importance des débarquements de poulpes aux ports de Tan Tan et de Laâyoune. Cela n’est pas le cas des poissons pélagiques. Ces derniers ont connu une diminution en valeur et en volume de 3% et 4%. Bien évidemment sous l’influence du recul de la flottille sardinière, plus particulièrement au port de Laâyoune. Les poissons pélagiques représentent 76% des captures totales de la pêche côtière, pour une valeur de seulement 33%.

Les poissons blancs, quant à eux, n’ont connu aucun changement de volume. Mais ont enregistré une baisse de valeur de 2%.
De leur côté, les débarquements de crustacés et de coquillages ont connu une baisse de volume de 8%, alors que leur valeur a augmenté de 17%, tirée par les apports en langoustes (+155%).

S’agissant des destinations des débarquements, elles vont surtout vers la conserve et la consommation, avec une part de 75%. Près de 17% sont transformés en farine et huile de poisson. Cette part est en augmentation de 44% par rapport à 2006. Cela dit, ces dernières années, la destination farine a beaucoup reculé. Auparavant, elle représentait une part avoisinant les 40%. La part destinée à la congélation a connu le même sort, en diminuant de 14%.
Les ressources halieutiques du Royaume, premier producteur et exportateur africain de produits de la mer, évoluent visiblement à la baisse. Ceci est notamment le cas pour la sardine, dont les prises ne cessent de diminuer.

Par ailleurs, le secteur de la pêche souffre de plusieurs maux. Certains opérateurs estiment que l’interdiction de capture de plusieurs espèces disponibles en abondance, accentuée par des mois de chômage technique, l’activité informelle et la faiblesse des infrastructures entravent l’exercice de leur profession.

Ahlam NAZIH
Source : L'Economiste

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