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Place à la Vision 2020 du tourisme au Maroc

On attendait de la VIIe édition des Assises internationales du tourisme (27-29 avril à Fès) non pas un évènement majeur, mais juste un bilan optimiste des résultats enregistrés en termes d’arrivées et de nuitées ainsi que des avancées en matière d’open sky et de financement à travers les fonds d’investissement. Mais c’était sans compter la lettre royale qui a lancé aux opérateurs un nouveau défi : se projeter 10 ans de plus dans la vision touristique.

Le Souverain a, en effet, exhorté le ministère et la Fédération du tourisme «à ouvrir, d’ores et déjà, le chantier de la Vision 2020» en demandant «à ce que les études poussées et les choix d’aménagement du territoire qui en résulteront, ainsi que le débat entre les différents intervenants soient achevés d’ici 2009». Objectif : conclure, en 2010, un nouveau contrat-programme Vision 2020 pour le tourisme marocain. Le ton a ainsi été donné car il ne s’agit, à présent, plus de se complaire en chiffres et en réalisations, en répétant à qui veut l’entendre que les 10 millions de touristes seront atteints en 2010. Aujourd’hui, un nouveau challenge est sur la table et il faudra s’y atteler pour préparer le nouveau contrat-programme d’ici 2009.

Cela dit, six années après le lancement de la Vision 2010, beaucoup de chemin a été parcouru, tels qu’en témoignent, aujourd’hui, l’ensemble des indicateurs du secteur touristique marocain, et ce, souligne la lettre royale, «malgré une conjoncture internationale qui ne nous a pas toujours été favorable».

C’est l’expectative quant aux hommes qui vont conduire le nouveau chantier
Ces réalisations, l’Observatoire du tourisme les a bien soulignées durant les assises. Tous les indicateurs sont au vert : à fin mars, les arrivées touristiques ont connu une hausse de 7% par rapport à la même période de l’année dernière. Dans le même temps, plus de 3,8 millions de nuitées ont été enregistrées. Les prévisions s’annoncent également favorables puisque les 10 millions de touristes seront dépassés à l’horizon 2010, alors qu’il y a deux ans, on ne tablait sur l’atteinte de ce seuil qu’en 2012. Il reste que certains chantiers sont en retard. Ainsi, selon Mohamed Benamor, un des artisans du contrat-programme actuel, «nous n’avons réalisé que 9 500 lits contre les 20 000 prévus en 2007 par l’accord d’application.

Il faudra trouver le moyen de doubler la cadence des réalisations. Il faudra aussi apporter des ajustements en matière de réalisation des stations balnéaires et des PDR (plan de développement régional) pour respecter les cahiers des charges. Pour l’aérien, des avancées comme l’Open sky sont à saluer, mais des villes comme Ouarzazate, Fès ou Tanger sont encore très mal desservies.» De même, le volet ressources humaines reste une faiblesse et «les pouvoirs publics n’ont pas eu la vision nécessaire pour accélérer la formation de milliers de lauréats dans ce secteur», ajoute M. Benamor, qui n’omet pas de préciser également que «le secteur privé n’a pas accompagné de manière efficace la mise en œuvre des axes stratégiques de ce contrat-programme dont il est à l’origine.»

Il faudra donc prévoir la continuité tout en palliant les lacunes. S’il est trop tôt pour avancer des données quantitatives pour 2020, une chose est sûre, le prochain contrat-programme devra assurer une articulation plus étroite du secteur touristique national avec les autres secteurs économiques et sociaux, comme l’artisanat, la culture, l’agriculture et les ressources naturelles, et faire en sorte qu’on ait un tourisme marocain authentique, propre et responsable.

Reste à savoir quels seront les hommes qui auront pour charge de mettre en œuvre ce nouveau chantier car, au niveau ministériel, les élections législatives auront lieu en septembre prochain, et au niveau de la Fédération du tourisme, de nouvelles élections sont prévues dans les semaines qui viennent...


Avis

Mohamed Benamor, Initiateur du contrat-programme, ex-président de la Fédération du tourisme

«Un forum national pour réfléchir sur la stratégie»
Après 30 ans d’improvisation, le Maroc s’est doté d’une véritable stratégie nationale. Le tourisme a connu une première phase, la Vision 2010, qui constitue un acquis grâce à l’effort conjugué des opérateurs privés et publics. La mise en œuvre de ces réalisations s’est faite sur quatre segments : le balnéaire à travers le Plan Azur, l’aérien avec l’Open sky, le financement et la formation. Le bilan est globalement positif, mais il faut garder un esprit critique pour éviter la pensée unique. La Vision 2020 devra prendre en compte ces paramètres. La solution est d’organiser un forum national réunissant toutes les forces vives pour mener une réflexion stratégique sur les meilleurs moyens pour mettre en œuvre les directives royales.

Abbas Azouzi, DG de l’ONMT

«Le développement humain doit être pris en compte dans la nouvelle stratégie»
Pour mettre en place un nouveau contrat-programme à l’horizon 2020, il faudra prendre en considération une diffusion plus large sur le territoire en prévoyant notamment un développement touristique du Sud du pays, en-dessous d’Agadir.

L’industrie touristique marocaine est arrivée à un stade où elle a acquis une crédibilité sur le plan international, les grands tour-opérateurs internationaux présents aux assises l’ont confirmé. Nous pouvons à présent nous projeter jusqu’en 2020 avec plus de professionnalisme. Les verrous aériens, financiers, fonciers... sont aujourd’hui levés, c’est, à présent, la conception de notre tourisme qu’il faudra définir. Le développement humain, social et économique doivent être pris en compte dans cette définition. Il faudra également beaucoup d’études, notamment d’aménagement du territoire, de diffusion... et une concertation avec les autres départements : culture, environnement, transport, artisanat... pour concevoir ce nouveau plan.


Ahlam Jebbar
Source: La Vie Eco

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