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Les cybercafés résisteront-ils à la démocratisation d’Internet au Maroc ?


Les cybercafés seraient-ils menacés de disparition? Avec le PC et Internet qui se démocratisent, on serait tenté de le croire. Certes, le nombre de foyers raccordés au réseau des réseaux a doublé entre 2004 et 2005, selon la dernière enquête de l’ANRT et l’Apebi, s’élevant à 240.000 (cf. www.leconomiste.com). Mais, des cybers, il en continue de naître, encouragés par la baisse des prix d’Internet et le commerce qu’ils engendrent.

D’après l’Agence nationale de réglementation des télécommunications (ANRT), aujourd’hui, le nombre de cybercafés au Maroc est d’environ 11.500 et «le taux de renouvellement des autorisations est de l’ordre de 60%». 3.500 espaces de ce genre ont été créés en 2006, contre 4.200 une année auparavant. Ce recul augure-t-il d’une tendance structurelle? Toujours est-il qu’avec la baisse des prix de connexion (une heure de navigation coûte entre 5 et 10 DH selon les quartiers), de nombreux cybers se rabattent sur d’autres services comme la télécopie, la vente de CD et autres friandises pour gonfler leurs revenus. Est-ce à dire que l’activité n’est plus aussi lucrative qu’à ses débuts?

Plusieurs cybers, petits et grands, ont mis la clé sous le paillasson.
La fermeture la plus spectaculaire est sans doute celle de Giganet, réputé le plus grand cybercafé d’Afrique. Une feuille affichée à la porte du cyber casablancais (Bd Zerktouni) signale «en travaux». Pourtant à l’intérieur, il n’y a pas âme qui vive et la porte en verre est soigneusement fermée. Aucune trace, donc, de travaux et tout le matériel est encore en place. Selon le voisinage «Giganet a bonnement et simplement fermé». La ligne téléphonique a été suspendue. L’adresse sur le Net aussi. Là, c’est certainement la démocratisation de l’Internet qui a eu raison de cet espace même si beaucoup parlent aussi de difficultés de gestion.

Devenu même un point de repère pour les touristes, Giganet accueillait une population de tous âges, qui pour travailler, qui pour chatter, ou jouer… Ses clients se comptaient parmi la classe moyenne, voire moyenne supérieure, capable aujourd’hui de s’offrir un PC et une connexion ADSL. Pour un abonnement à 200 DH, l’internaute à domicile a accès à la toile 24h/24h pendant un mois. Avec le même budget et à raison de 10 DH de l’heure, à Giganet, on ne pouvait se connecter que moins d’une journée par mois.

Mais Giganet, ouvert 24 heures sur 24 de son temps, était plus qu’un cyber. Conçu comme un lieu de détente et de rencontre, il faisait le bonheur des internautes casablancais et même d’ailleurs. Les adolescents particulièrement se délectaient de ces longs après-midi consacrés spécialement aux jeux vidéo. Dans un cadre agréable et convivial, c’était l’effervescence autour d’une centaine de PC. Vu la pénurie des espaces de jeux, ne serait-ce que virtuel, voilà tout un pan de la jeunesse casablancaise déçue.

Toujours plus d’abonnements
Avec 399.720 abonnés, Internet poursuit sa pénétration avec une croissance de 52,4% entre 2005 et 2006, selon les derniers chiffres de l’ANRT (cf. www.leconomiste.com). Ces derniers englobent tous les segments de clientèle (entreprises, foyers, cybercafés). Une ascension de 253% depuis 2004 portée par l’ADSL. En 2006, 390.843 abonnés privilégiaient ce mode de connexion, soit 97,8% du total (www.leconomiste.com).

Loubna Moussali
Source: L'Economiste

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