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La médaille et le chagrin !

Suite à la publication de l'interview de Aziz Souizi, fils d'un ancien tirailleur de l'armée française, et de l'article écrit par Hamid Lechhab sur la participation à la libération de l'Autriche du joug nazi, les réactions ont été vives, passionnées, révoltées par cette injustice dont sont victimes les quelques retraités marocains encore en vie mais oubliés par l'armée française.
Omar Samaoli est gérontologue et s'intéresse particulièrement -de par sa profession- à la situation dramatique des immigrés retraités en France. Pour enrichir le débat sur la condition des tirailleurs marocains en cette année anniversaire (1945-2005), nous publions son indignation sur le cas de ces marocains médaillés mais au combien délaissés.

Une décoration militaire est porteuse d’une charge affective inégalable. C’est un souvenir de bravoure et de sacrifice au combat. C’est le témoin du sang versé, du sang mêlé et donc d’une fraternité scellée entre les hommes avec ses exigences aussi. Comment alors supporter cette iniquité dans le traitement et dans la reconnaissance que nous devons à tous ces anciens combattants au seul motif qu’ils ne sont pas français ?

C’est bien avant l’arrivée dans le bordelais de combattants marocains qui se « sont invités » pour montrer à la France oublieuse, leur précarité, le délabrement de leur l’état santé et leur souffrance que j’avais déjà signalé cet état de fait. Ni les gouvernements de gauche, ni les gouvernements de droite qui se sont succédés en France n’ont pris résolument ce problème à bras le corps pour y mettre un terme. Puisqu’il reste entièrement posé.

L’histoire jugera aussi ceux qui se hasardent à nous vendre au plus bas prix cette situation comme une banale « émigration de retraités ». Il n’ y a rien de comparable dans la situation de ces gens avec celle des citoyens français (ou autres) qui passent le temps de leur retraite au Maroc même ou ailleurs et ils ont raison de profiter d’une retraite bien méritée. Seul le besoin et la nécessité sont à l’origine de ces situations et plus encore un besoin de reconnaissance et le recouvrement de droits légitimes.

Rendons à la décoration toute sa symbolique, toute sa valeur, pour qu’elle ne soit pas qu’une médaille sur le revers d’une djellaba. Bref, ce problème reste de facture juridique, médico-sociale et financière et en cela le travail des organisations et associations d’aide ou de solidarité mérite reconnaissance. Tout le monde sait, que les gens ou leurs ayant droit n’ont ni les moyens, ni la maîtrise des mécanismes pour des recours à répétition devant les juridictions. Mais tout honnête responsable sait l’absurde injustice faite aux gens.

Mais au delà de tout cela, entre contentieux et promesses, viendra la mort prendre son dû emportant avec elle les arrêts du Conseil d’Etat, la Convention Européenne des Droits de l’Homme et son article 14 ou la revalorisation à minima des pensions des combattants étrangers en 2002. Et subsistera une page d’histoire traversée par un sentiment d’injustice.
Sans excès, sans polémique. C’est juste mon regard sur le temps.

Omar Samaoli - Yabiladi.com
Gérontologue


Pour aller plus loin :
- La coopération entre le Maroc et l´Autriche dans le domaine de la jeunesse
- Aziz Souizi : "Mon père touchait une pension d’ancien combattant de 50€/an"


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