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Tindouf : Enfin libres ! Par Mohamed SIHADDOU

Les dernières cartes d’Alger viennent de tomber : Les séquestrés de
Tindouf enfin libres

Victoire de la diplomatie populaire

Grâce à la remarquable mobilisation de la société civile marocaine au Maroc et à l’étranger, Alger a fini par lâcher du lest et a été contrainte à mettre un terme au long internement des derniers prisonniers marocains dans les camps de Tindouf (sud-ouest algérien). La société civile marocaine a réussi à rallier l’opinion publique internationale, dont la très influente association des anciens prisonniers de guerre américains présidée par le sénateur de l’Arizona John McCain (vétéran du Vietnam), pour défendre la libération des anciens prisonniers de guerre au monde.

L’exhortation des organisations internationales des droits de l’homme, ainsi que la pression de la communauté internationale sur Alger, particulièrement l’intervention des Etats-Unis, ont finalement porté ses fruits. Alger, qui soutien et abrite sur son sol le Polisario, a fini par céder et accepte la libération des prisonniers marocains sans aucunes conditions. Conformément aux rumeurs qui circulaient déjà depuis peu de temps, ces prisonniers ont été libérés sous la supervision de l’Américain Richard Lugar, sénateur républicain de l'Indiana et président de la commission des Affaires étrangères de la chambre haute et du Comité International de la Croix-Rouge (CICR).

Le calvaire et les conditions inhumaines qu'ont enduré les détenus marocains dans les geôles du Polisario les ont certainement marqués à vie.
Après avoir passé, pour certains, plus de vingt-cinq ans en captivité dans des conditions effroyables qui ont brisé leur existence, ces anciens prisonniers vont tenter malgré tout de retrouver leurs familles qui restent encore en vie et de reconstruire une nouvelle vie. Il faut signaler que ces prisonniers ont battu tous les records comme étant les plus anciens détenus de guerre au monde. La plupart de ces 404 prisonniers marocains sont détenus depuis plus de deux décennies dans des camps de Tindouf surnommés les camps de la honte. Camps situés officiellement en territoire algérien (sud-ouest) mais tenus en façade par le front Polisario, organisation inventée et dirigée effectivement par les services secrets militaires algériens depuis l’époque de la guerre froide.

Il est vrai que sur 2200 soldats marocains qui ont été faits prisonniers entre février 1976 et septembre 1991, date de l'arrêt officiel des hostilités, la plus grande partie de ces prisonniers militaires ont été libérés, mais marchandés au compte-gouttes avec les organisations internationales comme monnaie d’échange contre l’aide humanitaire. En vertu des conventions de Genève et conformément au droit international humanitaire, à de nombreuses résolutions du Conseil de sécurité, tous ces prisonniers auraient dû être libérés dès l'acceptation du cessez-le-feu.
Les stratèges algériens ont préféré utiliser et exploiter ce drame humanitaire à des fins politiques en considérant ces prisonniers à la fois comme une main-d’œuvre gratuite pour l’entretien et le maintien des camps de Tindouf et un moyen de pression contre le Maroc. Au contraire, le Maroc a dénoncé régulièrement dans les forums internationaux le maintien en détention de ces prisonniers depuis l'entrée en vigueur de la trêve de l'ONU et a refusé d’utiliser ce dossier dans le jeu politique du conflit du Sahara.

La situation dramatique de ces anciens prisonniers de guerre n’a intéressé les médias et les organisations internationales des droits de l’homme que ces dernières années, grâce à la forte mobilisation de la société civile marocaine, notamment les Marocains expatriés en Europe et en Amérique et les associations marocaines sahraouies. Les séquestrés de Tindouf suscitent moins de passions que les Palestiniens ! disent certains marocains et observateurs. Il faut reconnaître également que ce n’est qu’avec l'avènement d'un nouveau roi que le sort de ces prisonniers a enfin été évoqué sur la scène publique, et que la détresse de leurs familles a pu être citée finalement dans les médias publics marocains. Le 6 mars dernier, 20 000 personnes ont manifesté, dans les rues de Rabat, pour exiger la libération des prisonniers marocains et le 19 juillet dernier, plusieurs milliers de manifestants ont participé à El Ayoun, à une grande manifestation appelant également à la libération des Marocains détenus à Tindouf. Des associations marocaines de défense des droits de l’homme au Maroc et à l’étranger et des associations marocaines d’origine sahraouie, ainsi que les familles des marocains séquestrés, ont tenu plusieurs rencontres avec des organisations et associations de défense des droits de l'homme, en marge de leur participation aux forums internationaux, pour les mettre au courant de ce qui se passe réellement dans les camps de Tindouf.

Le grand intérêt porté récemment par la société civile marocaine et la mobilisation populaire pour la libération de ces prisonniers, ne doit pas occulter le fait que le dossier du Sahara reste jusqu’à présent confidentiel et entre les mains de quelques personnes, et réservé aux officiels des Ministères de l’Intérieur et des Affaires Etrangères. A mon avis, ce traitement de la question du Sahara est une grave erreur diplomatique, car le temps où la gestion des dossiers à caractère vital pour le pays et d’intérêt national dans des cercles fermés est révolu depuis longtemps.

La capacité de mobilisation et la dynamique de la société civile marocaine a pu mettre en échec les manœuvres des ennemis de l’intégrité territoriale du Maroc. En adoptant une attitude offensive, la société civile parvient, avec succès, à détruire la propagande algérienne et séparatiste et à gagner la compréhension, voire le soutien fort des hommes politiques de qualité et des poids lourds de la politique des pays occidentaux. Ceci donne une idée du potentiel important que recèle notre pays en matière de militantisme et de diplomatie populaire, qui sont le complément indispensable de l’action officielle. Contrairement à l’idée reçue que les potentialités n’existent qu’à l’intérieur de l’appareil de l’état et des professionnels de la politique, ce succès dans la libération des prisonniers marocains est la preuve de la vitalité de la nouvelle génération de la société civile née du nouveau régime sous le règne du roi Mohamed VI.

Cette leçon doit servir d’exemple lorsqu’il s’agit de désigner des responsables au gouvernement, à l’administration territoriale, à la diplomatie ou à la tête des établissements publics. Malheureusement, au Maroc, on est encore loin de l’assimilation de la culture du mérite par la classe politique et dirigeante du pays. Un certain nombre de dirigeants de partis politiques ont encore aujourd’hui tendance à sous-estimer le fort potentiel humain que recèle la société civile marocaine. Cette volonté de marginalisation de la société civile de la part des responsables politiques ou plutôt des technocrates est dommageable, car elle prive le pays de compétences de valeur dans les différents domaines. En définitive, le perdant, c’est le Maroc qui a tant besoin de toutes ces énergies pour faire face aux défis du développement et des adversités. Un constat : depuis la mobilisation et l’engagement de la société civile marocaine pour défendre l’intégrité territoriale, l'Algérie ne cesse de perdre du terrain dans la guerre diplomatique qu'elle livre au Maroc depuis 1975 à travers le Polisario.

Mohamed SIHADDOU - Yabiladi.com
Ingénieur en Télédétection Aérospatiale
Toulouse - FRANCE

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