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Kamal Lyatim : « Je ne peux vivre pire que ce que je vis dans mon pays ! »

Il y a quelques mois, Yabiladi.com avait interviewé un jeune artiste marocain, Kamal Lyatim qui avait une passion assez originale : faire des maquettes de voitures miniatures en papier. C'est d'ailleurs le seul marocain à s'adonner à une telle passion et il a été récompensé au Mondial de la maquette.
A cette époque Kamal était très motivé pour faire découvrir et vivre de son art au Maroc. Malheureusement, les sponsors et les aides n’ont pas été au rendez-vous. Découragé et déçu, Kamal a pris la décision de sa vie : quitter sa patrie pour s'installer au Canada. Il vit dans ce pays depuis 1 mois maintenant. Interview.

- Yabiladi : Quel est le bilan de ces derniers mois au Maroc ? Avez-vous eu l'opportunité de mieux présenter vos maquettes au public marocain ?
- Kamal Lyatim :
Si je dois faire le bilan de ces derniers mois, disons que depuis le début de l'année 2009 à ce jour, j'ai eu beaucoup de projets de maquettes. J'ai réalisé de nouvelles maquettes automobiles en papier mais surtout des maquettes d'architecture de projets immobiliers. A vrai dire c'est un choix voire même une obligation, car comme je devais préparer mon voyage au Canada, je devais me concentrer sur mon gagne pain. C'était une nécessité et je devais laisser ma passion de côté pour un certain temps.
Concernant l'alimentation de ma passion pour les maquettes automobiles, je ne pouvais plus continuer à investir et financer mes expositions, faute de moyen essentiellement.


- Qu'allez-vous trouver au Canada que vous ne trouverez pas ici au Maroc ?
- Vous savez à un certain moment le doute a commencé à s'installer dans mon esprit, je me disais que peut être je fais n'importe quoi, que je ne suis pas aussi talentueux que je le pensais et comme me le disaient beaucoup de gens, je me posais la question de savoir si j'étais vraiment un artiste. Après toutes les portes sur lesquelles j'ai frappé, sans succès, je me suis dis qu'il y avait sûrement quelque chose qui n'allait pas !
Mais, grâce à Dieu, j'ai passé l'examen mental, car je me suis dis "Kamal, si les Européens - aux championnats d'Europe de maquette- t'ont décerné un certificat de mérite pour tes maquettes... c'est parce que tu le mérites. Si les juges internationaux du Mondial de la Maquette t'ont décerné des médailles et des diplômes pour tes créations de maquettes automobiles, c'est parce que je les ai mérité. Avec tout mon respect, ces gens-là savent reconnaître les vraies valeurs et les talents chez les personnes.


- Est-ce que vous appréhendiez votre départ pour le Canada ?
- J'ai ainsi jugé qu'il fallait dépenser le reste d'énergie qui me restait, ailleurs tant que je suis jeune. D'où l'idée de partir au Canada. Je n'ai aucune idée sur ce qui m'attend au Canada, ni sur les débouchés de mon action, aucun contrat ou promesse d'organisme culturel canadien. Mais une chose est sûre, je ne peux vivre pire que ce que je vis dans mon pays, abandonné à mon sort, sans appui, ni aide et sans reconnaissance.
Cependant, et malgré toutes ces circonstances, quitter le Maroc, la famille et les amis ce n'est pas facile pour moi. J'ai l'espoir de revenir un jour et peut-être trouver le changement tant attendu. Je reste optimiste, une nouvelle expérience m'attend.

Farida Lamrani
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