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Sanaa Hamri, une Marocaine à Hollywood

«Trois filles et un jean 2» (The sisterhood of the travelling pants 2) sort en août au Canada et au Etats-Unis. C'est le troisième long-métrage de Sanaa Hamri, la seule Marocaine à réaliser des films à Hollywood.

Cette Tangéroise de 33 ans n'en est pas à ses débuts. Elle a une grande réputation de réalisatrice de clips et de concerts. Elle a réalisé des clips pour Sting, Lenny Kravitz, Prince, et Mariah Carey pour ne citer qu'eux. Son père n'est personne d'autre que Mohamed Hamri, un des plus grands artistes peintres marocains. De mère américaine, elle fait ses classes à l'école américaine de la ville.

D'un tempérament plutôt rebelle, Sanaa ne voulait pas finir comme la plupart des femmes au Maroc. «Il n'y a pas beaucoup d'opportunités de réussite pour une femme au Maroc. Au mieux, elles se marient. Moi, je sentais que je pouvais réaliser de grandes choses. J'étais prête à me battre contre le monde pour réaliser mes rêves», explique-t-elle.

A17 ans, elle décroche une bourse pour faire une école de théâtre à New York, la Sarah Lawrence school, à Bronxville. Une fois ses études réussies haut la main, elle tente sa chance dans les théâtres de Broadway. Eu égard à la grande concurrence, elle ne réussit pas à intégrer ce milieu très fermé. Pour vivre, elle apprend à filmer et monter ses films vidéos sur une petite machine Avid. Intelligente et pleine de ressources, elle parvient à travailler avec des réalisateurs de clips de grande renommée comme Hype Williams, Brett Ramer ou Paul Hunter.

Il ne lui a pas fallu beaucoup de temps pour se faire une place dans ce milieu, et très vite, elle commence à réaliser ses propres vidéos jusqu'au jour où Prince lui demande de filmer son méga concert «Life at Aladin in Las Vegas». Cette vidéo lui a servi de référence. Après cela, une foule de stars l'ont sollicitée pour qu'elle réalise leurs clips.

Le cinéma, elle l'intègre rapidement en signant «Something new» en 2005, une comédie romantique sur fond de brassage ethnique, qui a eu un grand succès à sa sortie. Un an plus tard, on lui demande de réaliser plusieurs épisodes de la saison 3 de «Desperate Housewives», la série culte qui a fait le tour du monde et a été doublée dans presque toutes les langues.

Notre jeune Tangéroise est aujourd'hui considérée comme l'une des «power directors» (réalisateurs influents) aux USA. Dans son numéro de décembre 2005, «The Hollywood Reporter», une revue mensuelle hollywoodienne, l'a répertoriée parmi les plus grandes réalisatrices !

Elle enchaînera sur le plateau de «4 filles et un jeans 2», s'offrant le luxe de diriger l'actrice America Ferrera, héroïne de l'hilarante série «Ugly Betty». «The sisterhood of travelling pants», une histoire d'amitié entre quatre jeunes femmes, sort aux Etats-Unis et au Canada en août prochain.

Cette comédie relate l'histoire de quatre amies aux parcours divers qui se rencontrent, comparent leurs expériences et leur capacité à appréhender l'amour, la vie et les autres. Ce n'est peut-être pas une histoire qui va glaner des trophées prestigieux à Cannes ou à Venise, mais juste le fait qu'une arabe, musulmane, puisse se faire une place aussi grande dans le domaine du cinéma et du show business, est un exploit en. soi.

En tout état de cause, l'artiste marocaine a démontré une grande compétence, une grande ténacité et un brin de créativité qui lui ont valu d'être admise dans ce cercle hollywoodien très select. Il y a des chances qu'elle nous fasse découvrir certaines facettes de sa créativité que nous ne connaissons pas encore.

Tout porte à croire qu'elle fera très vite partie du gotha du monde du cinéma avec autant d'aisance que son père mettait à croquer des scènes du quotidien de Tanger avec sa touche si personnelle, si décalée.

Mustapha Bourakkadi
Source: Le Soir Echos

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