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Des bijoux «Homo sapiens» découverts au Maroc

Les Homo Sapiens aimaient séduire et s’ornaient déjà de bijoux. C’est en tout cas la conclusion qui pourrait découler d’une trouvaille extraordinaire faite tout récemment dans la grotte des Pigeons à Taforalt, petit village situé à 2 km de Berkane. Dix-neuf coquillages marins perforés et ocrés en rouge y ont été découverts par un groupe d’archéologues marocains et étrangers. Les recherches et analyses ont montré qu’ils étaient utilisés par l’Homo Sapiens comme objets de parure.

L’équipe scientifique qui dirigeait les recherches était composée de Abdeljalil Bouzouggar, enseignant-chercheur à l’Insap (Maroc), Nick Barton, professeur à l’Oxford University, ainsi que plusieurs spécialistes du Natural History Museum à Londres, du Römisch-Germanisches Zentralmuseum à Mainz et du Centre national de la recherche scientifique et technique (CNRST) au Maroc.

Cette équipe a effectué la découverte à l’occasion de recherches dans la grotte du 24 mars au 24 avril derniers. Les objets trouvés remonteraient entre 84 et 85.000 ans avant notre ère. «Encore plus anciens que ceux découverts sur le même site en 2003 et publiés par l’Académie nationale des sciences aux Etats-Unis d’Amérique en 2007», indique Abdeljalil Bouzouggar.

Ils sont même plus vieux encore que ceux découverts en Algérie, en Afrique du Sud et Palestine, ce qui conforte la place du Maroc en tant que «centre de fabrication et d’utilisation des premiers objets de parure au monde», ajoute-t-il.

Cette datation des vestiges est devenue de plus en plus précise grâce à des centaines d’analyses techniques réalisées au Laboratoire des recherches d’analyses techniques et scientifiques de la Gendarmerie Royale (Larates) à Témara, et aussi en Angleterre et en Australie.
«Cette découverte bouleverse nos connaissances sur le mode de vie des hommes préhistoriques. Nous découvrons, en effet, que les gens utilisaient ces parures, non seulement comme ornements, mais aussi comme éléments identitaires pour signifier leur appartenance à un groupe, ce qui montre leur intérêt pour le symbolisme», explique Bouzouggar. L’ocre rouge utilisé pour colorer les bijoux pouvait signifier beaucoup de choses: le sacrifice, la vie…
Pour ce qui est de la fiabilité de cette découverte, le ministère de la Culture se montre rassurant: «Les coquillages perforés de Taforalt sont issus de fouilles archéologiques respectant les standards internationaux sous le contrôle de plusieurs spécialités comme l’archéologie, la géologie, la paléontologie, la physique et la chimie».

L’équipe scientifique a également découvert dans le même site cinq sépultures d’enfants, datant de plus de 12.000 ans avant notre ère. Ils étaient couverts d’ocre rouge, enterrés avec des ossements d’animaux et mis sous des blocs en pierre. A côté d’autres sépultures d’adultes également ocrés et enterrés avec des cornes de mouflon et des outils en pierre et en os.

Aujourd’hui, la grotte des Pigeons est un site classé monument national. Elle est protégée et préservée par la direction du patrimoine culturel au ministère de la Culture.
A noter que les coquillages seront exposés dans un musée au Maroc pour être accessibles au public.

Nadia Belkhayat
Source: L'Economiste

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