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La foire des arabes à Francfort

Que les arabes disent ce qu´ils veulent de leur unité et de leur solidarité, le message clair et net qu´ils ont laissé en tant qu´invité d´honneur de la foire du livre de Francfort, l´une des plus renommées du monde, c´est qu´ils sont une nation divisée, maladivement égoïste et à des siècles d´arriération dans la communication interne.

Les arabes ne peuvent pas dialoguer avec les autres s´ils n´arrivent pas à dialoguer entre eux et ils ne peuvent pas dialoguer entre eux s´ils n´y a pas un minimum d´entente dans leurs rangs.

Ajoutons à tout cela que le soin d´organiser la participation arabe à cette foire était confié à la ligue arabe, qui n´a pas cherché un consensus interne pour régler les mal entendus intérieurs afin d´aboutir à une base large d´entente et se présenter dignement ensemble. Non, au lieu de ça les amis d´Amr Moussa ont claqué la porte aux nez des autres pays arabes qui n´étaient pas d´accord sur la manière de présenter les arabes à Francfort. C’estbien connu, nous commençons et nous finirons nos fêtes presque toujours par des bagarres, et la bagarre de Francfort ne va pas être oubliée si vite.

Ce que je peux conseiller à nous arabes, c´est qu´au lieu des diplomates dans nos institutions, ils nous faut des psychologues, des thérapeutes et des experts dans la communication, parce que ce n´est pas la même langue qui nous aidera à communiquer ensemble, mais l´élaboration d´une culture communicative positive qui prend en considération rationnellement et psychiquement les besoins de chacun avant de passer à une fusion des idées où chacun se reconnaîtra et reconnaîtra.

Comme prévu, la cérémonie d´ouverture s´est tenue le 5 octobre et l´invité d´honneur, les arabes, ont eu l´honneur de bombarder les visiteurs par des discours insoutenables. On a rédigé à Amr Moussa un discours/leçon qu´il devait donner aux occidentaux en ce qui concerne la participation arabe dans la fondation de la culture occidentale moderne et contemporaine: «Laisser moi vous rappeler au moment historique, lorsque l´occident a découvert les sources de la pensée, de la culture et des sciences de l´orient arabe …. Dans un temps où l´Europe tapait dans son époque noire».

Après cette gifle historique les grincements de dents ont commencé quand notre éminent secrétaire général a voulu faire croire aux allemands bien averti que les fameuses «1000 et une nuit», que l´occident a découvert au 19 siècle, sont des œuvres arabes, alors que le monde entier sait qu´elles sont d´origine perse.

Le fait que notre Moussa a cité 80% des écrivains égyptiens contre 20% des autres arabes, dont figurait aucun marocain, n´était pas tellement grave. Le scandaleux, l´intolérable c´est que Monsieur le secrétaire général a choqué nos amis Allemands, lorsqu´il leur a prouvé son ignorance des sensibilités du pays ami qui nous a invité en mettant le point sur l´importance du musicien Wagner, qui n´était pas autre chose pour les Allemands qu´un musicien Nazi.

Quand à Mohamed Ghoneim, responsable directeur du programme arabe à cette foire, il n´a pas pu convaincre la centaine de journalistes et le grand nombre de visiteurs, qui n´ont pas pu constater une unité arabe, mais sa divergence. Au contraire, il a montré comment on fait taire les voix de l´opposition dans les pays arabes: «Ces voix –il parle des voix qui n´étaient pas d´accord sur la manière de présenter les arabes à cette foire- ignoraient la force de notre engagement et n´avait aucune idée avec quelle force nous voulions présenter cette culture créative», pour conclure que malgré tout, les arabes sont unis à Francfort, comme si personne n´a vu que quelques pays ont préféré faire cavalier seul.

L´unique qui, à notre avis, a vraiment donné une idée sur la réalité du livre et de la culture dans le monde arabe, c´est Ibrahim El-Mouallem, président de l´union des éditeurs arabes; qui a présenté, dans un discours court et bien frappé, le vrai visage de notre culture, guidée encore par la censure, le manque des moyens et le clientélisme concernant l´attribution du droit d´imprimer le livre scolaire, qui est, à ma propre surprise, encore délégué aux éditeurs européens.

Bref, et malgré que les intervenants de la fête d´ouverture n´était que des Egyptiens, au point que des visiteurs se sont demandé si la nation arabe se réduit à sa composante pharaonienne, les Allemands ont montré encore une fois que leur relation avec les Arabes est une relation consciente, réfléchie et critique, comme l´a montré le discours Volker Neumann, car le dialogue ne passe pas uniquement par les voies qui nous sont communes, mais aussi par les chemins qui nous séparent. Le dialogue est l´unique moyen qui reste devant nous pour vaincre la thèse de la confrontation des cultures, car cette dernière détruira à moyen et long terme la culture mondiale diversifiée et riche en la réduisant à une seule culture.

Il faut saluer aussi le courage des arabes qui ont préféré faire chevalier seul, leur geste montre aussi qu´il ne faut pas à n´importe quel prix mentir à soi même et aux autres en faisant croire qu´il y a une unité culturelle arabe, si l´on sait déjà que nos dirigeants n´ont pas pu depuis des siècles concrétiser cette union. L´union qui se construit sur le compte des autres est une union à refuser catégoriquement. Pour le répéter encore une autre fois, dans le monde arabe, le passage à une union de la nation doit d´abord passer par la construction d´une union interne de chaque pays arabe à part, où les principes de la solidarité, de la coopération, de la communication et du respect doivent devenir des composantes intrinsèques de notre structure psychique, afin de dépasser l´ère de: «les arabes se sont mis d´accord pour ne jamais être d´accord!».

Hamid Lechaab - Yabiladi.com
Autriche

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