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Essaouira, une ville intimement liée à son festival

Dans l’esprit de beaucoup, Essaouira est synonyme de festival gnaoua. En effet, si la culture gnaoua doit beaucoup à l’ancien port de Tombouctou, il en est de même de la ville qui doit beaucoup à ses descendants africains. Grâce au festival gnaoua, Essaouira connaît un essor culturel et économique sans précédent.

amais, au Maroc, un festival n’aura eu autant d’impact sur son environnement. Le festival gnaoua et musiques du monde, incontestablement le plus populaire du Maroc, a réussi à désenclaver la cité vents.

En l’espace de quelques années, Essaouira, qui abrite l’unique zaouia gnaoua du Maroc, s’est érigée en destination culturelle de choix. Autrefois enclavée, l’ancienne Mogador est aujourd’hui la fierté de ses habitants. A l’origine de cette réussite, la culture gnaoua qu’elle a su, ses dernières années, préserver.

Souvent contraints d’exercer un métier en parallèle, les maîtres gnaoua ne pouvaient, il y a quelques temps, que se résigner à voir leur patrimoine s’épuiser avant que quelques passionnés ne décident de réagir en organisant, en 1998, le premier festival de la culture des gnaoua qui deviendra par la suite le Festival gnaoua et musiques du monde.

On connaît la suite. Depuis, les maîtres gnaoua sont reconnus comme des artistes à part entière. Les noms de Guinéa, Kasri, Merchane, Bakbou, Hayet… sont désormais connus tant à l’échelle nationale qu’internationale. Pour Abdelslam Alikane, maître gnaoua et un des directeurs artistiques du festival, il est clair que la manifestation à contribuer faire renaître son art.

Le festival d’Essaouira aura ainsi permis de réhabiliter le patrimoine Gnaoua. Mais il aura aussi eu pour effet de favoriser l’essor économique de la ville. Dès la première édition du festival, certains commerçants de la ville ont pu engranger les bénéfices de toute une année. La remarquable évolution des structures d’hébergement et d’accueille et les projets touristiques en cours à Essaouira témoignent de cet engouement.

Essaouira qui dorénavant accueille, chaque édition du festival, six fois sa population compte, d’après la municipalité, 62 restaurants contre 7 en 1998. 130 cafés se sont ajoutés aux 17 existant il y a dix. La ville compte désormais 58 riads et 13 hôtels alors qu’elle possédait, en 1998, un seul riad et quatre hôtels.

Deux nouveaux hôtels sont en cours de construction, l’hôtel 5 étoiles “Atlas Mogador” (Altlas Hospitality) et l’hôtel Ibis Moussafir (Accor Maroc) pour un coût respectif de 150 et 20 millions de DH alors que l’Hôtel des Iles est rénové pour 50 millions de DH. Pour accompagner cet essor, un Institut de technologie appliquée à l’Hôtellerie et au Tourisme devrait bientôt voir le jour.

Les projets touristiques fleurissent. Le plan Azur prévoit un investissement global de 4,5 milliards de dirhams. Une convention de mise en valeur de la nouvelle station touristique Mogador a été signée en février 2006. À Sidi Kaouki, un immense chantier commandé par Aloha Management Corporation s’étale sur une superficie de 58 300 m2.

L’effervescence associative accompagne cette évolution. Alors qu’il n’existait aucune association en 1999, la ville en dénombre aujourd’hui 463. Au regard de ce phénomène, une question se pose, le festival et sa ville ne risquent-t-ils pas d’être victimes de leur propre succès ?

Chez les habitants les avis sont partagés. Si certains Souiri déplorent cette situation comme Nordine, étudiant, convaincu que la légendaire quiétude d’Essaouira, qui fait son principal attrait, appartient désormais au passé. D’autres, au contraire, son satisfait de voir leur ville se métamorphoser comme Youssef, exploitant d’un petit bazar, heureux de voir Essaouira définitivement sorti de l’anonymat.

Saïd Raïssi

Source: Menara

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