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Indigènes : L'acteur Jamel Debbouze indésirable à Alger

L'acteur était absent de l'avant-première à Alger du film «Indigènes» pour cause de refus de visa. Il se voit reprocher de soutenir le Maroc et de connaître personnellement le roi Mohammed VI.

Cela ressemble à une mauvaise blague : Jamel Debbouze absent de l'avant-première à Alger du film «Indigènes» pour cause de refus de visa. Depuis samedi, c'est une désespérante réalité : les autorités algériennes ont bien refusé un visa à l'acteur qui l'avait demandé il y a une bonne dizaine de jours.

Ce refus a été confirmé à Paris par Jean Bréa le producteur du film et à Alger par Caroline Aymard, l'attaché de presse d'Unifrance. Les Algérois, qui se bousculaient samedi soir à l'Algeria, l'une des plus grandes salles de cinéma de la capitale, pour assister à la projection n'ont pu ainsi apercevoir ni Jamel Debbouze ni Samy Naceri qui n'a pas fait le déplacement.

Si l'absence de ce dernier est dûe officiellement à des «problèmes familliaux de dernier moment», on ne peut exclure qu'il s'agisse d'un acte de solidarité avec Jamel Debbouze. Au bout du compte, seuls le réalisateur Rachid Bouchareb et Jean Bréa se trouvaient à Alger pour cette avant-première. Ni l'un ni l'autre n'ont commenté cette affaire, le producteur se bornant à confirmer que les autorités algériennes n'avaient fourni aucune explication. Depuis quelques jours, il était patent que Debbouze n'était pas bienvenu, même si les administrations algériennes concernées étaient aux abonnés absents.

Le quotidien francophone El Watan rapportait, dimanche, que les ministères des Affaires étrangères et de la Culture avaient refusé de répondre à ses questions, tandis que le consulat d'Algérie à Paris était «injoignable».Ce silence embarrassé ne change rien à une affaire qui, ébruitée, devient des plus génantes pour les autorités algériennes et la ministre de la culture Khalida Toumi, très connue en France pour ses prises de position en faveur de la démocratie pendant la guerre civile de la décennie 90. `

Comment justifier en effet que soit déclaré persona non grata à Alger un comédien qui est non seulement trés connu et aimé par les Algériens mais qui est aussi l'un des acteurs principaux et des initiateurs d'un film rendant hommage au sacrifice des «Indigènes» dans l'armée française ? Surtout quand les raisons du refus de visa de Jamel Debbouze sont un secret de polichinelle.

Le comique d'origine marocaine se voit en effet reprocher de soutenir le...Maroc dans le conflit du Sahara Occidental, d'avoir ses entrées auprès du roi Mohammed VI et d'avoir eu le mauvais goût de se marier en grande pompe à Marrakech ! Les autorités algériennes auront du mal à convaincre du contraire compte tenu de la campagne virulente lancée sur ces thèmes il y a quelques mois à Alger contre Jamel Debbouze.

Dimanche, le quotidien El Watan commentait cette affaire en se demandant «pourquoi les autorités marocaines n'ont pas fermé les portes devant les chanteurs Khaled et Mami qui font un tabac à Casablanca, Rabat et Marrakech»? Et d'ajouter: «Faut-il exiger de toutes les célébrités qui veulent venir en Algérie de montrer patte blanche sur le dossier sahraoui avant de leur accorder un visa?».

José GARCON
Source : Libération France

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