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Festival : Le Maroc danse à Montpellier

«Trop» originale, «trop» différente, la danse contemporaine est décidément encore inaccessible et incomprise du large public. Cet art «trop» moderne cherche encore son audience. Mais quand un festival en entier lui est exclusivement dédié, la création atteint ses summums et le public est subjugué par une vague d’innovation et de créativité que seule la danse contemporaine peut offrir.

Montpellier accueille, en effet, jusqu’au 7 juillet, et pour la 26e année consécutive, ce festival devenu au fil des années le point de rencontre des plus grands noms de la danse à travers le monde. Et pour les nouveaux talents, Montpellier danse est un point de départ par excellence. «Faire bonne impression ici signifie impérativement le début d’une brillante carrière», souffle une jeune danseuse française venue assister aux exploits de ses aînés.

Pour 2006, le festival a choisi de mettre en avant la créativité méditerranéenne en programmant des artistes marocains, algériens, tunisiens ou turcs. Et comme Montpellier danse compte parmi les festivals les plus sélectifs, les deux danseurs marocains, représentant pour la première fois le Maroc, ne sont pas peu fiers de leur présence dans cette grand-messe de la danse.

C’est dans le petit théâtre du Hangar au coeur de Montpellier que les spectateurs ont pu découvrir une présentation saisissante par sa sincérité et son originalité. Séparés par un voile blanc, les deux danseurs évoluent sur deux scènes accolées: Taoufiq devant un public exclusivement masculin et Bouchra devant une salle réservée aux femmes. Nul des deux publics n’a idée de ce qui se passe derrière cette barrière mais chacun essaie de le deviner. L’idée est justement de titiller le spectateur et d’en appeler à la sensibilité de ses sens pour interpréter les signes provenant de l’autre côté de la barrière: voix, chants, sons d’une respiration haletante ou d’un corps propulsé par terre. Et inutile d’attendre la fin du spectacle pour y voir plus clair, car le voile ne sera pas levé.

Les deux danseurs se touchent, se rapprochent, se battent à travers le tissu fragile. Leurs gestes traduisent tantôt la curiosité de découvrir l’autre, tantôt l’appréhension et d’autres fois l’incompréhension. C’est ainsi que les deux jeunes artistes chorégraphes présentent les relations hommes/femmes: proches mais séparés, différents mais partageant les même désirs et ayant les mêmes agissements.

En fait, dans «Désirs, Désert», il ne faut pas s’attendre à de la danse pure et simple, mais surtout à une expression sincère et à des mouvements touchants.

Ichrak MOUBSIT
Source : L'Economiste

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