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Le Caftan défile sur les podiums en France

Après avoir animé les podiums de Casablanca et Marrakech, Caftan organisera un défilé à Paris, capitale de la mode, le 28 octobre prochain, puis à Saint-Etienne, où se tiendra la Biennale du design, le 22 novembre. Pas question de rater l’entrée sur la scène internationale qui consacre dix années de travail. Il faut donc s’attendre à une rude sélection. Que le meilleur gagne !

Lors de la première convention Caractères Media Group, tenue dans une atmosphère festive, samedi 17 juin, Aïcha Zaïmi Sakhri, nouvelle directrice du pôle féminin de Caractères, annonça, non sans fierté, que «Caftan» défilerait à Paris, le 28 octobre prochain, puis à Saint-Etienne, le 22 novembre. «Vu le succès de la Xe édition et la maîtrise que Femmes du Maroc a acquise dans le domaine de l’organisation de cette manifestation, et compte tenu de la qualité de la nouvelle génération de stylistes, nous avons décidé de montrer ce savoir-faire à l’étranger. Notre dévolu, nous l’avons jeté en premier sur Paris, qui est la capitale de la mode, comme chacun sait», nous dit-elle, en ajoutant : «Le même défilé sera reconduit à Saint-Etienne. Pourquoi cette ville ? En raison de la biennale du design, à laquelle participera Maroc Design. Et comme pour cette manifestation chaque pays participant organise un défilé de mode, il a été fait appel à Caftan».

Défiler à Paris est un rêve qui a longtemps habité Femmes du Maroc. Maintenant qu’il va être enfin exaucé, il convient de se montrer au diapason. Aussi la sélection sera-t-elle sévère et seul le dessus du panier parmi les stylistes sera de la partie. Inspiration, imagination et originalité seront les critères de choix. Autant dire que les places seront chères et, déjà, de nombreux stylistes se bousculent au portillon. Aïcha Sakhri considère le fait de se produire à l’étranger comme une consécration légitime. «C’est venu après dix ans de travail, dix années pendant lesquelles nous avons démontré toute l’étendue de notre savoir-faire. Nous avons accompagné les stylistes, nous en avons révélé certains, nous en avons aidé d’autres à se faire un nom. Défiler à Paris, c’est un rêve pour beaucoup de stylistes, et si Femmes du Maroc permet à certains de le réaliser, cela signifie que le magazine accomplit pleinement son rôle, celui de médiatiser», explique-t-elle. Paris, Saint-Etienne, dix années d’efforts intenses. Retour en arrière.

Tamy Tazy sonna la charge contre le caftan-carcan
En affinité avec l’air du temps, Femmes du Maroc, cette vitrine des élégances, décida, en 1996, d’honorer annuellement le caftan. Celui-ci a alors commencé à prendre un autre pli dans les mains subversives d’une pléiade de créatrices déterminées à culbuter le dogme du caftan-carcan. Bien leur en prit. Ample et informe, jusque-là, le caftan ne laissait rien suggérer du corps de la femme, qui emballait dedans son corps plutôt qu’elle ne s’en vêtait. Tamy Tazy fut la première à faire souffler le vent de fronde contre cette aliénation vestimentaire qui ne disait pas son nom. Non seulement elle accrocha au caftan des broderies mais, surtout, elle lui fit épouser la forme du corps. Les adeptes de l’orthodoxie s’en offusquèrent, les gardiens de la vertu en eurent de l’urticaire, les avant-gardistes s’en réjouirent, ciselant, dans cette heureuse foulée, à qui mieux mieux, des modèles encore plus sensuels, davantage débridés. A donner des nuits blanches à l’amant tourmenté, qui, dans la chanson de Sami Al Maghribi, Qaftanak mahloul, soupçonnait sa dulcinée d’infidélité, rien qu’à la vue de son caftan légèrement déboutonné.

Délesté de ses pesanteurs, porté plus près du corps, paré de mille atours, le caftan seyait comme un gant à la femme marocaine nouvelle, celle jalouse de son autonomie. En un mot, la fidèle lectrice de Femmes du Maroc. Ce fut d’abord à l’intention de celle-ci que Caftan émergea. La première édition se mitonna avec ardeur et ferveur. Il faut dire que le magazine jouait gros, et pas sur du velours, tant la tournure prise par le caftan gênait aux entournures de nombreux puristes engoncés dans leur perception figée de ce vêtement. Mais l’audace paya, car malgré les inévitables péchés de jeunesse et l’insuffisance de fonds, Caftan I marqua les esprits par son inventivité, sa pétulance. A sa deuxième prestation, on s’accorda à dire que les fruits passèrent la promesse des fleurs entrevues à la première. La suite fut un chemin de roses. Ayant à sa barre Nasreddine El Efrit et Aïcha Zaïm Sakhri, épaulés par quelques navigants valeureux, Caftan battait pavillon haut. Jamais il ne ramait. Pourtant, il ne songea à un aucun moment à s’endormir sur ses lauriers.

Des stylistes de renom pour défendre son rang et mettre des atouts de son côté...
Perfectionniste jusqu’à la névrose, vingt fois sur le métier Caftan remettait son ouvrage. Soucieux de défendre crânement son rang, il s’attachait à mettre tous les atouts de son côté. D’abord, en conviant les grosses pointures à sa parade rituelle. Tamy Tazy y fit une démonstration éblouissante. Zhor Raïss, créatrice au long cours, qui entretient le feu sacré de la tradition caftanienne tout en la remodelant à sa guise, enchanta à maintes reprises le public par la sobre élégance de ses coupes, son choix des tonalités douces et sa prédilection pour les tissus nobles. Fadilah Berrada, autre orfèvre de l’aiguille, changeait de cap à chaque apparition. Lors de l’édition 2 000, elle transporta carrément l’assistance par ses motifs au henné et calligraphiques sculptés sur lin, sur mousseline, sur soie, avec une telle perfection qu’on avait l’illusion qu’ils s’inscrustaient dans la peau. Et tant et tant d’emblèmes de la perfection.

...et de jeunes pousses pour apporter un vent de renouveau et de fraîcheur
Mais Caftan n’exposait pas seulement les valeurs sûres, ce qui aurait été précautionneux mais lassant. Avec aplomb, il jetait à l’eau des jeunes pousses passées à l’étamine. Albert Oiknine, Nabil Dahani, Samira Haddouchi, Si Mohamed Lakhdar, Lahoucine Aït El Mahdi, Ihssane Ghaïlane, Zahra Yaagoubi, Zineb Souissi, Loujaïne, pour ne citer que des stylistes qui ont aujourd’hui pignon sur rue, se disent éternellement redevables à Caftan de les avoir mis en lumière. Quand, après épreuve, ils gagnaient leur bâton de maréchal, ils faisaient souffler à pleines voiles un vent de renouveau, tout en audace fulgurante et rebelle inventivité. Caftan aurait été fade sans les fraîches saveurs exhalées par les créations des jeunes talents.

Et pour relever la sauce, Caftan agrémentait ses prestations par la présence de top-modèles de haut niveau (Adriana Karembeu, Estelle Hallyday, Chrystèle Saint-Louis Augustin…) et le choix de mannequins ravissants, de véritables sculptures qui ne laissaient pas de marbre.

Chaque édition de Caftan jusqu’ici suscitait l’admiration. Et comme l’admiration est comme une surprise toujours renouvelée, le rendez-vous devenu familier se faisait un devoir d’étonner à chaque fois. En 2003, Caftan nous servit un avant-goût de la fête qui allait se dérouler, pour la première fois, à Marrakech, sous forme de trois journées passées sur le pourtour de la piscine de l’hôtel Sheraton de Casablanca à s’extasier devant la ronde de tenues chatoyantes conçues par des jeunes stylistes rêvant de décrocher leur place au soleil. Ce fut merveilleux. En 2005, Caftan se révéla encore plus généreux, en délectant nos papilles gustatives de cinq jours de défilés avant le point d’orgue. Après les moments palpitants distillés par les défilés de présélections vint le tour du prêt-à-porter. Une nouveauté con-çue dans le dessein d’«imposer des marques marocaines à travers des créations “plus accessibles”, qui sont une déclinaison logique de la haute-couture», selon la formule de Aïcha Zaïma Sakhri.
Nul doute que Caftan reviendra plus aguerri aprè ses escales françaises. Il s’est déjà forgé une excellente réputation et, ayant le vent en poupe, il ira encore plus loin, pour notre bonheur.

Nadia Lakhdar, Si Mohamed Lakhdar, Ihssane Ghaïlane, trois des nombreux stylistes pour lesquels Caftan est devenu un rendez-vous incontournable qui donnera aux meilleurs l’occasion de se faire connaître ailleurs...

Et-Tayeb Houdaïfa
Source: La Vie Eco

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