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Flandre et Maroc, synonyme de Gaieté

La Flandre et le Maroc unis au nom de l'interculturalité. Cultures du nord et du sud se rencontreront à l'ancien Théâtre de la Gaieté.
Bert Anciaux invite les Flamands et les Bruxellois à surmonter leurs préjugés et à opter pour le dialogue.

Il ne faut pas s'enfouir la tête dans le sable: le racisme a méchamment repris du poil de la bête. Partout en Europe mais aussi dans la capitale de celle-ci, qui est aussi capitale de la Flandre, règne un climat négatif à l'égard de celles et ceux qui vivent autrement que les «nés-natifs». L'heure est d'autant plus grave que divers faits divers récents montrent que l'on n'hésite plus à passer à l'acte. Ce constat a amené le ministre de la Culture, de la Jeunesse et des Sports mais aussi des Affaires bruxelloises de la communauté flamande, Bert Anciaux à prôner et surtout à promouvoir un rapprochement avec l'importante communauté marocaine de Bruxelles mais aussi de Flandre.

La suggestion a plu au gouvernement marocain et ce mercredi, le ministre bruxello-flamand et la ministre chargée des Marocains à l'étranger, Nehza Chekrouni ont signé un accord de coopération afin de créer ensemble une Maison des cultures flamande et marocaine dans l'ancien Théâtre de la Gaieté, rue Fossé-aux-Loups.

«Le sentiment de peur et de méfiance qui se mue souvent en intolérance raciste n'est pas propre à la Flandre. Mais ce qui se passe chez nous me fait peur», a expliqué Bert Anciaux. «Je suis pourtant un indécrottable optimiste et suis dès lors convaincu qu'on peut réussir l'interculturalité. Mais elle ne peut réussir que dans le double respect de la diversité et de l'identité».

En Afrique du Sud, sous l'apartheid, a encore dit en substance le ministre flamand de la Culture, la majorité de la population avait été privée de son histoire et de sa culture. Pareille vision ne peut plus avoir cours aujourd'hui sous peine d'arriver à des heurts et à des excommunications réciproques. Il faut donc rapprocher les cultures et rendre la fierté de ses racines.

«Beaucoup de jeunes de nos quartiers dits difficiles ne se sentent pas d'ici, ni de là-bas. Il faut donc leur rappeler la culture de leur pays d'origine mais aussi celle du pays où ils vivent. Cela leur rendra une certaine fierté»...

Pas de ville monoculturelle
Presque lyrique, comme souvent, lorsqu'il croit à un projet, Bert Anciaux s'est dit «fier de (son) identité» mais a ajouté qu'à ses yeux, «il fallait à tout prix éviter de faire de Bruxelles une ville à dominance monoculturelle». Lisez: francophone; «au contraire, l'avenir de la capitale est dans le développement d'une réelle interculturalité.» C'est ce qui explique aussi que la Maison des cultures flamande et marocaine ne s'installera pas n'importe où dans la capitale mais en plein centre de celle-ci près de la place de la Monnaie et de la rue Neuve. Plus précisément à la Gaieté qui a l'avantage d'être proche de tous les hauts lieux culturels de la ville. «Notre objectif n'est cependant pas d'en faire un lieu pour l'élite mais plutôt un centre de rencontres où toutes les autres cultures se sentent aussi chez elles. L'imagination interculturelle peut et doit revenir au pouvoir!» Concrètement, l'on y donnera des concerts, les arts de la scène seront aussi de la partie et on pourra y découvrir toutes sortes d'expositions et de happenings. Et même y installer, pourquoi pas?, des artistes en résidence...

Mais Bert Anciaux tient aussi beaucoup à ce que ce soit un lieu où l'on pourra venir s'informer et même s'initier aux langues...

La ministre des Marocains de l'étranger mais davantage encore l'ambassadeur du Maroc à Bruxelles sont passés à l'acte: là où la première a salué ses hôtes en néerlandais, le représentant de Mohamed VI en Belgique s'est fendu d'un discours «helemaal in het Nederlands». Avec un léger accent allemand. Il est vrai que son Excellence a travaillé pendant neuf ans outre-Rhin...

Christian Laporte
Source: La Libre Belgique

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