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Le pain nu, «un petit film avec un grand cœur»

Le Festival de Casablanca continue de faire plaisir à son public avec de l’inédit. «Le pain nu», le film, a été projeté en «avant-première mondiale», jeudi 21 juillet devant une assistance constituée d’officiels, de journalistes, d’écrivains…

Vérification faite, il s’agit d’une «seconde avant-première». Car le film a déjà été projeté en Algérie dimanche 10 juillet (le journal «Al Watan d’Alger» du 12 juillet 2005). Le film est une fidèle adaptation de la vie de Choukri telle qu’elle a été racontée dans son premier roman autobiographique. Une enfance malheureuse et difficile et une jeunesse où la situation ne s’améliore guère.

Petit rappel pour ceux à qui la lecture du livre a échappé. Choukri est né dans le Rif dans une famille des plus démunies. Il a connu la faim, le froid et la violence d’un père sans cœur qui, agacé par les geignements du plus jeune de ses deux enfants, l’étouffe et le tue. Choukri, l’enfant, a assisté également à la souffrance de sa mère continuellement violentée, sexuellement et physiquement, par son mari.

Adolescent, il travaille sans pour autant toucher un sou de ce qu’il gagne, tout était pour son père, son ennemi. Viendra cependant le jour où il quitte définitivement sa famille et entame son apprentissage de la vie. Il découvre la sexualité et passe une grande partie de sa jeunesse dans un bordel, puis en prison. La prison a marqué un important tournant dans sa vie puisque c’est là que cet illettré apprend à lire. Le film, est resté ainsi très fidèle aux événements du roman. Tellement fidèle d’ailleurs que l’empreinte du réalisateur et son apport se perdent. Quelques maladresses ont, par ailleurs, réduit la crédibilité et la spontanéité de l’histoire.

Le film est une production italienne, réalisé par Rachid Benhadj, un algérien. Le casting, lui, donne les rôles principaux à Saïd Taghmaoui (franco-marocain) dans le rôle de Mohamed Choukri jeune et à l’italienne Marzia Tedeschi, dans le rôle de «Soulafa», maîtresse de Mohamed.

C’est dans le nord que Choukri passe la plus grande partie de sa vie, plus à Tanger qu’à Tétouan et à Larache. Dans le film, ce sera à Casablanca et à Rabat. On a en effet vu un «Sidi Abderrahman» (le fameux marabout casablancais) transformé en bordel de Tanger. Les Oudayas de Rabat ont vu naître une gare routière du nord et ont abrité la maison sur la plage d’un fameux contrebandier tangerois…

Le jeu des protagonistes a, pour sa part, été assez touchant. Reste qu’il était clair que les acteurs dans certaines scènes ne se donnaient pas la réplique dans la même langue. En parlant de langue, le réalisateur, Rachid Benhadj s’est réservé le rôle d’un nationaliste marocain, compagnon de prison de Mohamed, et son initiateur à l’apprentissage de la langue arabe classique… mais avec un fort et gênant accent algérien!

L’équipe du film (consciente peut-être des lacunes dont il souffre) se justifie. Juste avant la projection, les producteurs parlaient d’une «réalisation aussi difficile que l’a été la vie de Choukri». Taghmaoui, quant à lui, parle d’«une mission plus qu’un tournage» avant de conclure que «c’est un petit film, avec un grand cœur».

Ichrak MOUBSIT
Source : L'Economiste

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