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Coopération culturelle franco-marocaine : 9 instituts français veillent au grain

Le Maroc est au premier plan des pays francophones qui disposent d'une forte concentration des instituts français et autres alliances culturelles, preuve que la coopération culturelle franco-marocaine est au beau fixe, a affirmé M. Jean-François Marguerin, directeur sortant de l'Institut Français de Casablanca (IFC).

Dans un entretien accordé à la MAP à la veille de sa mission finissante à la tête de cet établissement installé depuis 1963 au coeur de la métropole, M. Marguerin a indiqué que le réseau des instituts français au Maroc (9 au total), de par sa programmation culturelle riche et variée, est incontestablement un formidable moyen pour resserrer les liens de coopération culturelle franco-marocaine.

A la traditionnelle et incontournable question du bilan de fin de parcours, M. Marguerin, modestie oblige, a tenu à souligner d'abord que l'auteur d'une oeuvre n'est pas habilité à en parler au risque de tomber dans l'auto-glorification, néanmoins, il s'est dit fier et heureux d'avoir pu réaliser son projet jusqu'au bout, en compagnie de son équipe.

«Ce que j'ai proposé de faire, il y a de cela quatre années, nous l'avons exhaustivement fait», a-t-il dit, indiquant qu'il s'agissait au début de sa mission de parier sur une forte présence dans les esprits de la vocation de l'institut en travaillant sur les moyens de fidéliser, diversifier et rajeunir le public.

Pour réaliser ces objectifs, il a fallu s'inscrire dans une logique de contrat vis-à-vis du public en lui donnant la possibilité d'assister aux spectacles et de profiter de toute la panoplie de prestations éducatives et linguistiques offertes par l'institut en contrepartie d'une contribution pécuniaire somme toute symbolique mais qui a l'avantage de fidéliser le public et aussi de le responsabiliser en veillant à respecter le programme des spectacles et autres manifestations.

«La formule fidélité (5 billets valables 5 mois pour la somme de 200 DH) se vend comme très bien, preuve qu'elle satisfait les attentes du public en matière tarifaire», a-t-il fait remarquer.

M. Marguerin prendra, à compter du 1er septembre prochain, la direction du Centre National des Arts du Cirque à Chalons-en-Champagne, un établissement dépendant du ministère de la Culture et de la communication qui a pour mission de participer à l'évolution des arts du cirque en France et dans le monde (il forme chaque année 20 à 30 % d'étudiants de divers pays).

Tout en soulignant la variété qui a toujours primé dans le choix de la programmation culturelle de l'IFC (musique, rencontres, théâtre, danse, conférences, cinéma, résidences d'artistes et d'écrivains et aussi une médiatique qui réalise le plus de prêts annuels dans le réseau des médiathèques françaises à l'étranger avec 200.000 prêts par an), M. Marguerin a assuré que l'IFC reste solidairement engagé dans le soutien des artistes.

«Toujours taper sur le même clou, celui du travail, de la formation, de l'émergence de nouveaux artistes, ici au Maroc», a-t-il dit avec conviction et passion, considérant que cette démarche est essentielle et fondamentale pour le rayonnement culturel de la métropole qui ambitionne recouvrer son âme artistique pour ne plus être uniquement une ville des affaires, comme en témoigne le nombre de nouveaux festivals qui y ont vu le jour ces derniers temps.

Reste néanmoins pour cet ancien chef du département des institutions théâtrales au ministère de la culture et de la communication en France, que les Festivals, certes utiles et nécessaires, ne peuvent à eux seuls structurer le paysage culturel et artistique dans un pays ou dans une ville, et tout particulièrement à Casablanca.

Car, a-t-il expliqué, pour qu'il y ait une vie culturelle et artistique permanente, il faut fournir aux artistes et aux intellectuels des moyens publics réguliers et ajustés à leurs besoins pour pouvoir se produire et diffuser leurs créations (aménagement des structures adéquates) et aussi les moyens d'achat de leurs prestations en raison de la nécessité pour l'artiste de vivre, au moins en partie, de son oeuvre.

Catégorique et prolifique sur le sujet, M. Marguerin pense que «sans moyens publics pour le soutien de la création et en amont même pour la formation, et sans moyens pour la promotion et la diffusion des créations, on n'arrive pas à structurer un paysage culturel et une vie artistique permanente».

Né en septembre 1948, Jean-François Marguerin, compte à son actif un parcours particulièrement riche dans l'administration culturelle. Au cours des vingt dernières années, il a occupé différents postes de responsabilités au sein du ministère de la culture et de la communication, notamment chargé de mission pour la modernisation de l'Etat, Conseiller technique en charge du spectacle vivant, et chef des interventions culturelles à la direction de développement culturel. Il contribue aussi dans diverses revues culturelles dans l'Hexagone, notamment La Scène, Ciném Action et Autrement.

A partir du 1er septembre prochain, M. Jean-Jacques Beucler prendra les commandes de l'IFC. Le parcours professionnel du nouveau responsable l'a mené, outre quelques villes de l'Hexagone, tour à tour à Vanuatu, Madagascar, Colombie, Mexique et en Bosnie-Herzégovine. Se réjouissant d'emblée de la perspective de travailler sous les cieux du royaume, il écrit dans l'éditorial de l'agenda culturel «septembre-octobre 2005» de l'IFC que «s'il est des villes et des pays dont le seul nom évoque la richesse culturelle, le foisonnement, et qui ouvre le champ des découvertes infinies, Casablanca et le Maroc sont, à n'en pas douter, de ceux-là».

Rachid Sami
Source : Al Bayane

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