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40e édition du Festival national des arts populaires à Marrakech

Après la soirée Ghiwaniate où les groupes Tagada et Larsade ont fait danser et chanter, jusqu'à une heure tardive, une salle comble, ravie de revivre les glorieux moments de ces musiciens qui ont enchanté les Marocains dès le début des années 70 et dont les chants et les danses étaient puisés du Maroc profond, le Brésil et sa Samba prenaient possession du Théâtre Royal de Marrakech.

La fête était le mot d'ordre du groupe Alerta Géral du Brésil qui a entraîné un public, séduit, dans un long voyage à travers différentes variations de la Samba et surtout dans une histoire passionnante, racontée par Heraldo, le meneur du groupe, sur l'arrivée des premiers esclaves dans le continent américain, la longue traversée de l'Océan, les souffrances, les rêves et les joies d'un peuple qui a trouvé dans la musique et la danse un exutoire à ses peines et à son exil forcé.

«La création de cette troupe fut pour moi, pour nous tous une nécessité urgente. Pour mes amis et moi, il fallait dire et crier haut et fort que nous sommes en état d'alerte générale, pour l'égalité, pour le bien-être. On a envie de vivre, d'aller au-delà de tous les préjugés, de combattre ces forces qui font diviser les pensées et les êtres», nous explique Herraldo qui vit depuis longtemps en France. Sa troupe existe depuis de longues années. Sa création a été possible, précise-t-il, grâce à la rencontre de musiciens vivant en France, de danseuses brésiliennes et de musiciens français.

Utilisant de multiples instruments dont certains très anciens que les esclaves avaient apporté avec eux dans cet immense pays, et qui témoignent de ces métissages et ces mélanges de races dont le Brésil tire l'essence de son génie et de sa créativité, la troupe a tenu, en haleine, les spectateurs, grâce d'abord à une musique bâtie autour des percussions mais aussi et surtout aux danses de trois jeunes femmes époustouflantes.

Dans une envolée de déhanchement, de mouvements tour à tour rapides ou longs, les danseuses ont réussi à apporter une partie de la magie brésilienne sur la scène du Théâtre Royal. Vêtues de ces tenues spécifiques à la Samba, Viviane, Déborah et Célia ont exécuté des danses où la gestuelle, la plastique du corps, le mouvement des mains et des pieds constituaient un ensemble. Des tableaux ravissants qui ont été fortement applaudis par le public. Pour la samba, expliquent les spécialistes, «Le rythme de base est vite vite lent et est gestuée en trois pas et un petit lever de genou». Les danseuses nous ont offert, à cet égard, une merveilleuse image de cette danse spécifique au Brésil mais qui s'est exportée un peu partout dans le monde.

La troupe Alerta Géral qui illustre merveilleusement bien une rencontre réussie entre des musiciens venus d'horizons différents perpétuent, dans toute sa beauté et sa splendeur, une musique traditionnelle, fortement ancrée dans le vécu brésilien et la mémoire de tous ces peuples qui ont choisi ou ont été forcés de vivre au Brésil. «Nous sommes des citoyens du monde, moi-même, je suis un exemple vivant de la rencontre des races et des cultures.

Je suis né au Brésil et je vis à Toulouse. Je suis de culture syro-libanaise, de par ma mère et d'origine angolaise, de par mon père…», explique Herraldo dans un grand sourire. Les instruments utilisés, les chants et les danses réalisés par sa troupe reflètent, plus que les mots, les souvenirs et les réminiscences d'un passé pas souvent gai, mais aussi et surtout, la volonté de puiser dans les souffrances matière pour aller de l'avant. En un mot, pour faire la fête. La seconde partie de cette soirée fut consacrée à une nouvelle prestation du Ballet belge in Principae, qui, à nouveau, nous a donné un aperçu réussi de son art et de ces danses exécutées, avec grâce, beauté et une parfaite maîtrise, par de jeunes danseuses talentueuses.

Ainsi, et au moment même où les danseuses du Ballet in Principae réalisaient avec brio pas de deux et mouvements élaborés, la place El Harti offrait, en première partie, son esplanade à la troupe indienne Odissi Vision. Celle-ci, à travers sept tableaux différents, a fait voyager les nombreux spectateurs, hors du temps, de village en village, dans une Inde aux multiples facettes. En seconde partie, la place a résonné des mouvements, des sons et chants de la troupe Jbara Fusion d'Espagne. Cette troupe devait, jeudi 7 juillet, donner un spectacle, en compagnie de Gnaoua, pour une fusion inédite. Une troupe de Guedra devait réaliser, au cours de la même soirée, une fusion avec le Ballet Odissi Vision d'Inde.

Ce même jeudi, les frères Megri (Hassan et Jalila) devaient donner un show sur la place du Harti. De quoi ravir et répondre aux goûts et aux attentes des festivaliers de cette quarantième édition du Festival national des arts populaires.

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Programme du vendredi 8 juillet
Palais des congrès, à partir de 21 h : soirée des stars avec Abdou Chérif, Karima Skalli et Jalila Mégri.
Théâtre Royal, à partir de 21 h30 : Jbara Fusion d'Espagne et Troupe des frère Guissé du Sénégal.
Place du Harti à partir de 23 h : Troupe brésilienne de samba Alerta Géral et le ballet académique des arts populaires de Pékin.
Jardins de la Ménara, à partir de 21h30 : Troupes marocaines dans le spectacle "La magie des danses populaires et des arts chorégraphiques.

Khadija Alaoui
Source : Le Matin

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