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Médias : Studio 2M, cuvée 2005, c'est parti

«Studio 2M» sera opérationnel à partir du 25 juin prochain et jusqu'au 30 juillet sur les antennes de la chaîne casablancaise. On connaît la formule : des soirées musicales où de jeunes candidats concourent pour être sélectionnés sous l'œil sévère d'un jury. L'enjeu est de rester dans le groupe des gagnants qui s'amenuise au fil des soirées.

«La cuvée 2004 a été bonne, celle de cette année sera meilleure». Mostafa Benali, le directeur général de la chaîne d'Aïn Sébaâ, ne sait plus où donner du sourire en parlant de Studio 2M, le programme musical qui bat les records d'audience parmi les jeunes et les moins jeunes. C'était mardi dernier, à Tahiti Beach devant un auditoire médusé, invité à l'occasion du lancement de l'événement à partir du 25 juin prochain.

Entouré de sa jeune équipe d'animateurs et d'animatrices dont la plupart sont des travailleurs de l'ombre, il n'a pas assez de mots pour dire tout le bien qu'il pense et des jeunes candidats et du programme qu'il leur a consacré. Il y avait là l'incontournable Imad, la star de Façila, la douce Salma, disparue de l'écran, mais toujours cheville ouvrière de tout ce qui touche à la musique à la maison, en l'occurrence, Studio 2M, et bien sûr Anis, le vieux de la vieille.

Qui pourrait lui en vouloir ? 80% des téléspectateurs ont aimé l'émission, nous dit une enquête réalisée dans le périmètre Rabat-Casablanca. Plus, la part d'audience de 2M était montée en flèche dès le premier « prime» atteignant 74,6% -pour les ringards comme moi, «prime» dans le jargon branché (il faut le prononcer en anglais s'il vous plaît) veut dire émission programmée dans la tranche de forte audience. Continuons : 89% ont suivi la finale et 51% ont vu tous les «primes». Il faut le faire dans le contexte de compétition qui fait rage dans le domaine!

Et cette cuvée 2005 donc ? On y arrive : «Cette année, nous avons parcouru l'Europe, le Canada et les Etats-Unis pour dénicher de jeunes talents, nous étions agréablement surpris de ce que nous avions découvert». Reconnaissez que vous avez l'eau à la bouche, c'est l'occasion de ne pas rater le rendez-vous du 25 juin, c'est dans deux jours. «L'expérience a été merveilleuse, si c'est à refaire, je n'hésiterais pas», affirme Anis qui a été du voyage lors de la pérégrination de l'équipe à travers le globe. «Mais nous l'avons déjà refait mon cher Anis !», susurre Salma qui a déjà fait le trajet l'année dernière. Pas aux Etats-Unis et au Canada, la nouveauté de 2005, mais en Europe, en France particulièrement.

Oui, mais qu'en pensent les principaux intéressés, les jeunes talents qui ont eu le bonheur d'être des lauréats. Ils étaient là, à faire leur premiers pas de futurs mondains. Il y avait Joudia, dans son décolleté marron, il y avait Aziz, un tantinet Farid al Attrach dans sa chemise blanche et pantalon ample.

En plus des autres qui ont eu moins de chance mais qui ne se plaignaient pas d'avoir fait partie de l'aventure. Heureux? Et comment ? «Grâce à studio 2M, je suis connu, j'ai travaillé avec des compositeurs et 2M m'a produit un single», confirme Aziz sans se départir de son sourire Moharram Fouad. Que veut le peuple ? Inutile de leur chercher des poux dans la tête pour confondre la chaîne. Pas de poux, les jeunes sont heureux, satisfaits et surtout voient l'avenir avec optimisme. C'est l'essentiel.

Un bémol cependant s'impose. Les jeunes sont ravis, optimistes, la chaîne leur a permis de se produire une fois oui, mais après ? A quoi produire des «stars» à une échelle industrielle sans qu'il y ait en aval des structures de production pour les recevoir et les accompagner dans la durée ? Mostafa Benali a eu cette petite phrase qui justifie ces interrogations : « Nous regrettons l'absence d'un réseau de production susceptible de mettre en valeur ces talents».

Eh, oui ! Il n'est pas dit que 2M va se transformer en producteur, «Notre rôle est de découvrir les talents, de leur donner leur chance et de les mettre à la disposition des producteurs» renchérit en aparté un cadre de la chaîne. C'est le chaînon manquant en effet. Et pas seulement.

Un chanteur ne travaille pas en solitaire, il a besoin de mélodistes ou de compositeurs, de paroliers, d'arrangeurs et de distributeurs et éventuellement de chorégraphes, etc. La chanson aujourd'hui n'est plus ce qu'elle était. Pour être reconnu, il faut être capable de s'exporter. Ce qui n'est pas le cas de la chanson marocaine, tous genres confondus.

C'est le grand défi qu'il faudra un jour relever. La chanson marocaine n'est ni pire ni meilleure que celle des autres pays, pour peu que ceux qui en font leur métier se départissent de l'esprit de chapelle qui anime certains. Il faut se convaincre qu'une chanson est marocaine dès lors qu'elle est faite et chantée par des Marocains dans les langues utilisées au Maroc dont l'amazigh et le français en plus de l'arabe.

Privilégier une langue ou un style au détriment des autres n'est bon ni pour la chanson ni pour la création artistique. C'est semble-t-il l'esprit de Studio 2M. Et c'est heureux.

Abdelaziz Mouride
Source : Le Matin

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