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Les artistes marocains ne tiennent plus le haut de l'affiche

C'est la colère dans le milieu des artistes casablancais ! Une avalanche de protestations sans précédent vient de déferler sur les organisateurs du festival de Casablanca.

La mairie, la wilaya, le ministère de la Culture … tout le monde est critiqué. Jamais un festival ne s'était retrouvé dans une telle tourmente en raison des choix des organisateurs. Pour faire entendre leur mécontentement, l'Union des syndicats artistiques marocains a organisé le mardi 7 juin un sit-in devant le siège de la wilaya pour dénoncer la marginalisation de l'artiste marocain.

Brandissant des pancartes et des banderoles où sont écrits « Pas de développement humain sans les arts et la culture » ou encore «Non à la marginalisation de l'artiste marocain », les artistes ont voulu mettre à nu la politique de la direction du festival de Casablanca qui a voulu, selon les dires des artistes en grève, réduire la culture marocaine à quelques groupes de hip hop qui est d'ailleurs une musique venue d'ailleurs et qui n'a rien à voir avec le répertoire marocain. «Nous voulons un festival marocain au lieu d'un festival étranger au Maroc », clame haut et fort l'acteur Mohamed Akessebi qui s'indigne de la marginalisation orchestrée des artistes marocains qui ont enrichi à tous les niveaux la culture marocaine.

«La chanson malhoune, comme d'ailleurs la chanson moderne, le théâtre, la peinture et le livre marocain ne figurent pas au programme du festival», s'insurge Mustapha Baghdad, secrétaire général adjoint de l'Union des syndicats artistiques marocains. Même son de cloche chez Abdelkarim Berchid, secrétaire général du syndicat qui affirme que c'est une honte qu'un festival culturel se tient au Maroc sans la participation des artistes marocains, alors que c'est le contribuable marocain qui doit payer la facture. Et d'ajouter que le programme dans son état actuel est une insulte aux artistes marocains et à la culture marocaine qui n'a rien à envier à son homologue étrangère.
Les critiques les plus virulentes viennent de l'artiste peintre Abdellatif Zyne qui affirme que les organisateurs ne connaissent rien à l'art et à la culture, mais surtout souffrent du complexe de l'étranger. «On n'aurait jamais manifesté ou protesté si le festival est organisé par des entreprises du secteur privée », reconnaît Zyne.

Tous les artistes qui ont observé un sit-in devant la wilaya ne comptent pas s'arrêter au milieu de chemin s'ils ne sont pas associés à l'événement. Ils menacent clairement de jouer les troubles fêtes au moment du festival en s'invitant à tous les spectacles pour perturber le déroulement de ce festival. Il est à signaler que quelque «500 artistes » nationaux et internationaux se produiront du 16 au 23 juillet à Casablanca. A en croire les organisateurs 40 concerts, 60 projections de films, des expositions, des spectacles de rue et diverses animations sont au programme. Les lieux qui accueilleront les animations sont la place Rachidi, le terrain d'El Hank, sur le boulevard de la corniche, le stade de Sidi Bernoussi.

Parmi les artistes qui sont invités au festival de Casablanca, on cite entre autres : Cheikha Rimitti de l'Algérie, la chanteuse libanaise Elissa, les rappeurs marocains H-Kayne (hip hop), Hoba Hoba Spirit, un groupe de rock casablancais, Stati, chanteur de chaâbi, le chanteur ivoirien Tiken Jah Fakoly (reggae) et Wyclef Jean du Haïti (hip hop).

Toute cette liste avec le respect que l'on doit à tous ces artistes traduit une réelle marginalisation aux ténors de la chanson marocaine qui ont fait vibrer des générations et des générations de Marocains. Pourtant, les organisateurs parlent d'une programmation conçue dans un esprit d'échange et de rencontres entre des artistes internationaux et marocains, pour tous publics. Chose apparemment qui n'apparaît pas dans le programme final, à moins que les goûts des Marocains s'arrêtent au hip hop, au raï, à la variété arabe et au chaâbi.

Abderrahman Ichi
Source : L'Economiste

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