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Spectacle : Mustapha Atrassi fait son show à Paris

Le plus jeune humoriste qui se produit actuellement sur une scène parisienne est Marocain. Il s'appelle Mustapha Atrassi, il a 19 ans et est déjà connu du public marocain. C'est, en effet, lui qui est arrivé deuxième dans le concours des humoristes pour les 15 ans de 2M. Nous l'avons encore plus connu pendant le Ramadan, sur la Sitcom produite par la deuxième chaîne. Cette jeune graine de star est aujourd'hui en train de se faire sa place dans le monde du spectacle français.

Mustapha a toujours rêvé de faire de la scène. Il a découvert les « stand up» lors d'un voyage scolaire à Londres. Ce monde l'a fasciné et il a décidé d'aller à sa conquête.

A 19 ans, il est au Trévise à Paris, et son spectacle commence à avoir du succès. Pour sa quatrième représentation, la salle qui peut recevoir 280 personnes, en comptait 190. Ce jeune talent, de plus en plus confirmé, semble avoir gagné son public hétéroclite.

Musique, lumière tamisée, le rideau se lève et Mustapha apparaît sur scène. Applaudissements, «Bonsoir New York !» lance-t-il à l'audience. Premiers rires, et encore des applaudissements.

Pendant une heure, Mustapha va démontrer que humoriste arabe ne rime pas toujours avec humour de cités. Un registre qu'il a préféré éviter car «d'autres le font et le font très bien». La seule étiquette qu'on peut coller à ce jeune comique, c'est celle d'artiste. Dans son spectacle, il parle du Maroc, de la France, des soirées en boîte avec les amis, comme de la vie de couple.

Mustapha a de la verve et le public semble conquis. Une bouteille d'eau, un tabouret, un micro et l'artiste sur scène. C'est un rêve qui devient réalité pour celui qui a toujours imaginé être à la place de ceux qui «font voyager le public avec un minimum d'outils».

Mustapha a débuté sa «carrière» d'humoriste à l'âge de 15 ans. Il était encore au collège quand il avait participé à un Championnat d'improvisation. Il avait alors réussi à collectionner les étoiles jusqu'à arriver en demi-finale. En 2001, il avait séché ses cours pour venir auditionner à Paris pour le Point virgule (une salle de spectacle), pour une représentation de 10 mn dans un plateau d'improvisation.

Il continuera quand même ses études jusqu'à décrocher un Bac, et entamer un DEUG en anglais. Un passeport qui lui permettra peut être un jour d'exaucer un vieux rêve : se produire à New York. «Je sais que c'est un pari fou, mais déjà si on me disait que je serais là où je suis aujourd'hui, je n'aurai pas cru. D'autre part des gens comme Saïd Taghmaoui et Sami Bouajila, ont réussi à se faire un nom dans le cinéma américain.

Leurs carrières me font rêver», explique Mustapha. En attendant, c'est en 2004 que sa carrière a pris un tournant significatif , avec sa première expérience télévisuelle. D'autant plus qu'elle a eu lieu dans son pays d'origine. «Au mois de janvier de l'année dernière, j'ai été pris parmi 4000 personnes, lors des auditions de 2M (15 ans, 15 talents NDLR). Après les trois primes au Maroc, je suis arrivé deuxième dans la catégorie Humoristes. C'était vraiment fabuleux.

J'ai appris beaucoup de choses. C'était ma première télévision. J'ai vu comment les choses se passent dans une émission, un plateau… J'ai appris à gérer mon image à la télé…», raconte-t-il avec un brin de nostalgie. L'émission a permis à cet humoriste en herbe de se faire connaître du public marocain et surtout d'avoir l'occasion de travailler avec des comédiens professionnels, dans le cadre du Sitcom produit par 2M pendant le mois de Ramadan dernier. Il est prévu qu'il revienne pour la deuxième saison du prochain Ramadan.

Débuts prometteurs

Cette expérience au Maroc, Mustapha en est tout fier. En tout cas ce qui est sûr c'est qu'elle a été de bonne augure. De retour à Paris, où il s'est installé depuis un an (venant de Tours), les productions «Juste pour rire», le contactent. Ils lui trouvent une salle pour se produire dans les règles de l'art, sur une vrai scène.
Finis les petits théâtres et cafés. Mustapha entre dans la cour des grands. A en juger la qualité de ce premier spectacle, avec lequel il se produit tous les lundis au Trévise, le jeune artiste amorce très bien la pente du succès.

«Je suis très heureux de jouer au Trévise. C'est là j'ai connu ma première scène, dans une salle où les jeunes pouvaient venir se produire pendant 5 mn tous les dimanches. D'un autre côté, c'est une salle très adaptée au stand up, avec juste ce qu'il faut de proximité avec le public».

La scène parisienne

Le spectacle de Mustapha est programmé du 7 février au 27 juin 2005. «Je vis un rêve. Cela fait quatre fois que je me produis sur cette scène. A chaque fois les gens se lèvent à la fin pour applaudir, ils viennent me voir après le spectacle…etc. C'est ma grande satisfaction. J'essaye de faire un spectacle qui plait au public, et cela semble être le cas. La scène est mon premier amour», nous confie Mustapha.

A signaler que Mustapha écrit lui-même ses textes. Ses talents de «pro de l'impro» font qu'il lui arrive de temps en temps d'improviser en direct. Il préfère tester ses nouveaux sketchs directement sur le public. « Le public est mon meilleur metteur en scène», et ce public semble le lui rendre bien.

Ses sources d'inspiration : la rue, les discussions avec ses amis souvent plus âgés ou avec son frère de 10 ans son aîné… Mais il y a aussi un côté inné dans ses talents d'humoriste. « J'ai une famille de fous. On ne dormait jamais avant quatre heure du matin, maman comprise. On riait de tout. On s'amusait bien. J'ai même appris que j'ai des tantes qui faisaient des sketchs pendant les mariages au Maroc. C'est vous dire». Deux de ses quatre sœurs sont aussi dans le monde de l'art, l'une est danseuse et l'autre fait du théâtre. Ceci peut expliquer cela.

Aujourd'hui, l'humour de Mustapha a dépassé les limites de son cercle familial. En plus de son producteur qui croit en lui, d'autres professionnels du spectacle semblent commencer à s'intéresser à ce jeune talent.

David El Maleh (le père de Gad) est venu le voir dans une de ses représentations. Lundi dernier, c'est Kader Ayoun qui s'est spontanément déplacé pour le voir sur scène. Autant de témoignages qui encouragent Mustapha et lui confirment qu'il a bien choisi le bon chemin. « J'ai été félicité par tous ces gens et j'en suis fier», nous dit-il. Notre jeune artiste aime l'humour et l'art de Djamel, Gad ou encore Eric et Ramzy et Dieudonné.

Au niveau international, Mustapha trouve que l'humour noir américain ressemble aussi à l'humour «beur». «Ils ont les mêmes problèmes que nous. Parlent d'intégration, de problèmes d'accès au monde du travail ou au logement… C'est pour cela que j'apprécie ce genre d'humoristes».

Quand au monde artistique marocain que Mustapha a découvert l'année dernière, il paraît l'apprécier tout autant que le public de son pays d'origine. «Si tout les Marocains pouvaient prendre l'avion et venir me voir ça serait le rêve». Mais il serait plus simple de déplacer un seul homme. «J'ai des projets pour jouer au Maroc. En fait, j'ai envie de préparer un spectacle entier, en arabe, pour mon public là-bas», répond-t-il. En attendant, Mustapha est attendu cet été à Montréal, pour le plus grand festival du rire au monde.

Après quoi il se dirigera vers le Maroc pour le tournage de la deuxième Sitcom ramadanesque de 2M. Pour ses projets parisiens il espère pouvoir jouer tous les soirs au Trévise à partir du mois de janvier 2006. Une histoire qui ne fait que commencer et à suivre de très près.

Aziza Nait Sibaha
Source : LE MATIN

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