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Enquête interactive : Mieux que les émeutes : la révolte des urnes !

Les récentes émeutes qu’a connu une partie des banlieues françaises ont provoqué la « condamnation » chez une large partie de l’opinion publique française. Vue comme un caprice de voyous refusant de « s’intégrer » à l’universalisme français, cette révolte que certains chantres du républicanisme chauvin ont qualifié d’ « intifada des banlieues » (1), n’a pas provoqué le débat escompté.

La sortie de crise a été négociée à merveille par la droite au gouvernement. Gérard Larcher, petit nouveau de la scène médiatique a négocié le virage à droite en pointant la polygamie. Il a raison, on aurai du y penser ! Le virage à gauche a été quant à lui bien remonté par De Villepin en allant serer les mains de quelques « casseurs ». Voilà, le dossier est clos, du moins pour le moment. Mais les questions demeurent. La forme de la révolte est largement désapprouvée, y compris par les habitants des banlieues, mais, fait rare, pour la première fois, le ras le bol est partagé, le souci de « notre » image n’est plus d’actualité, l’heure est grave ! Alors quelle alternative à l’incendie ? Cette question nous l’avons posé aux internautes. Plus de 1400 personnes ont répondu à notre enquête. Analyse…

Malgré le discrédit qui frappe la classe politique et l’effet repoussoir dont pâtit la Politique en général, les internautes semblent y voir la solution la plus efficace. En effet ils sont 72% à privilégier l’alternative politique, 49% d’entre eux optent pour l’investissement des structures politiques existantes. Rifton pense que « pour répondre à cette logique de boucs émissaires qui est un danger pour cette société entretenue par tous les partis politiques sans exception, il faut investir les partis politiques de gauche comme de droite pour y avoir une tribune d’expression d’une voix autre que celles qui veulent nous mettre sous tutelle et s’exprimer en notre nom, comme jadis le parti socialiste ».

Le vote reste l’arme la plus redoutable pour faire évoluer les structures du pouvoir. L’écrasante majorité des participants à notre enquête insiste sur « l’arme du bulletin de vote ». Pour Yassy il y a urgence « Il faut et c'est urgent que nos jeunes votent massivement (même si c'est un vote blanc, il faut le faire). Qu'ils s'investissent dans les partis politiques. Qu'ils créent des courants au sein même de ces partis. Mais malgré cette urgence une chose est sûre, c’est un travail à long terme. Pour Shams « le meilleur moyen est de s'investir dans un mouvement qui pourrait nous correspondre en partie et de là le faire évoluer de l'intérieur, certes c'est pas en une année que ça arrivera, ça sera un long travail».

Les structures politiques, malgré les déclarations électoralistes et mensongères, restent des machines à discriminer. Les dernières élections régionales ont démontré la capacité de résistance de la veille France. Même la loi sur la parité homme-femme n’a pas réussi à faire bouger les structures politiques, et ce malgré la simplicité de son application (un homme, une femme) et la forte amende dont doivent s’acquitter les mauvais élèves.

A ceux qui crient à un communautarisme qui serait à l’œuvre partout dans les banlieues, peuplées de « noirs ou d’arabes » se « réclamant de l’islam », à ceux qui crient « au pogrom antirépublicain » et à la haine de la démocratie, tel que « le philosophe (2) » désormais célèbre par ses diatribes racistes élevées au rang de parole républicaine, « la racaille » répond « nous sommes comme tous les français de ce pays où nous vivons, pour obtenir des droits et une considération, la solution c’est d'aller votez ». Le dialogue serait également la clé pour le changement des mentalités, Donatello pense qu’ « il faut une présence en politique, mais sur tous les plans, mais surtout privilégier le dialogue entre les français, "black, blanc ou beur" pour faire changer les mentalités et éliminer les préjugés, et ça tous le monde en est capable ».
En effet, nous demeurons étrangers dans le regard de l’autre. Dans la France d’aujourd’hui, il suffit d’utiliser les mots à priori pudiques « jeunes, immigrés… » pour que le lien s’opère avec d’autres significations « violeurs, casseurs, terroristes potentiels ».

23% des internautes sondés ne font pas confiance dans les structures actuelles et préfèrent la méthode forte, « il faut créer un mouvement indépendant qui ne contiendrait que les jeunes "issus de l'immigration"... Ce mouvement doit être actif et doit mener des actions médiatisées, taguer les mairies qui sont hors la loi (20% logement HLM)...). Ce mouvement sera un moyen de pression sur les décideurs politiques » précise Dounia. Les partis classiques ne serviraient qu’à anesthésier la révolte des jeunes, l’action directe médiatique recueille la faveur d’une partie des sondés.
Ahmed pense qu’ « il faut utiliser les médias plus intelligemment... Une action "symbolique" mais fort médiatisée vaut mieux qu'une centaine de voitures brûlées ! Des élus hors la loi doivent être pointer du doigt, Cette élite racaille doit être stigmatisée ! ».

Les accusations répétées de repli communautaires à l’encontre de populations qui n’ont pas choisi de vivre dans les ghettos pousse ces dernières à se défendre constamment. Rifton désapprouve le mouvement politique autonome « S’organiser en mouvement politique indépendant ? Je pense que c n’est pas une bonne chose car ça sera l’expression d’un repli communautaire qui donnera des arguments aux champions de la stigmatisation et la démagogie ».


18% des sondés préfèrent plier les bagages avant que cela ne soit trop tard. Ceux-là jettent l’éponge et se projettent au « bled ». Il est vrai que depuis le 11 septembre, l’ambiance est délétère en France, la liberté d’expression a cédé la place à l’insulte. Les banlieues sont désormais peuplées de classes dangereuses. Au nom de la vérité, le racisme devient de la philosophie moderne. Face à cette déferlante sémantique et la progression galopante de la lepénisation des esprits, pour certains le jeu en vaut la chandelle : tenter l’autre rive. Ils sont encore rare ceux qui s'y risquent mais la pression médiatique et sociale augmente le nombre de candidats à l’émigration inversée. Casablanca compte désormais son club privé « beur ».


9% pense qu’il n’y a pas d’alternative, la maladie est trop avancée. Djenine confie qu’ « en l’état actuel des choses, je ne vois vraiment pas de solution. La classe politique française est complètement inefficace ».

Les équilibres politiques actuels arrangent la majorité de nos énarques au pouvoir, la versatilité de l’opinion française fait basculer le pouvoir un coup à gauche un coup à droite à 5% prés. La mobilisation des 40 % d’abstentionnistes risque de bouleverser la carte politique française et « karchériser » les gardiens des intérêts de la vielle France coloniale. Parmi ces 40% nous retrouvons majoritairement les habitants des cités. Au fond, cette vielle France revancharde a tout à perdre avec la mobilisation citoyenne. Les images de la banlieue qui brûle sont une aubaine pour ces démagos, alors vous savez ce qu’il vous reste à faire !

(1) L’hebdomadaire « Marianne »
(2) Alain Finkielkraut , lire la traduction de l’hébreu de son œuvre, livrée à un journal Israélien : http://toutesegaux.free.fr/article.php3?id_article=233


Rachid
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