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Le calvaire des expulsés Marocains de France

Depuis l’an dernier, Sarkozy et le gouvernement français ont commencé à s’acharner sur les enfants d’immigrés qui entraient à l’école sans papier, l’éducation étant libre. Le ministre de l’intérieur français a fait une proposition consistant à ce que les gens qui sont dans ces cas déposent leurs dossiers pour des procédures de légalisation : 6000 candidatures devraient être retenues sur les quelque 33000 dossiers déposés. Ce qui fait que 27 000 personnes –de toutes nationalités confondues- se retrouvent sous la menace de l’expulsion. Des Marocains faisaient partie aussi de ce lot de personnes victimes de la nouvelle politique de Sarko.

Ainsi un premier cas de Marocain expulsé remonte à septembre dernier. C’était un jeune homme.
Un autre cas d’expulsion intervient en octobre dernier, celui d’une femme avec sa fille qui était en maternelle. Le dossier de cette femme est un peu compliqué puisque sa petite fille n’a pas l’âge scolaire obligatoire.
En France, Latéfa, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, avait un travail rémunéré, une allocation familiale, et sa fille Inès allait à la maternelle. Son expulsion l’a plongée dans une situation morale et matérielle désespérante : plus de boulot maintenant (elle a eu une proposition de devenir serveuse dans un café à Tanger, mais le salaire modique a fait qu’elle y a renoncé), elle est également sans toit (une copine l’héberge provisoirement). Elle habitait Montauban, près de Toulouse.

Autre cas : celui d’une jeune lycéenne Fatéma Charbi, expulsée en novembre dernier à 6 mois du bac, alors que le bac professionnel en chimie (2BB3) qu’elle préparait au lycée Paul Constans à Montluçon n’existe pas au Maroc. En 2006, devenue majeure, elle fait une demande de carte de séjour étudiant qui lui est refusée sans aucun motif. Un arrêté de reconduite à la frontière lui est envoyé au mois de juin. A la rentrée de Septembre 2006, elle reprend normalement ses études en terminale. Mais le 26 octobre, pendant les vacances de la Toussaint, elle est convoquée au commissariat, d’où elle est aussitôt conduite au Centre de Rétention Administrative de Lyon. Avant d’être reconduite –à la hussarde-, menottes aux mains (telle une criminelle !) à Casablanca. Elle n’a même pas eu le temps d’alerter qui que ce soit puisqu’elle n’a été informée de son expulsion que 10 mn avant son départ. Privée alors de son portable, elle n’a pu prévenir ni sa famille, ni les associations qui suivaient son cas pendant sa rétention.
Contrairement à ce qu’avait écrit un quotidien arabophone Fatéma n’a pas encore trouvé d’école à Casablanca où elle habite. En revanche, elle a eu une proposition de la part d’un lycée, mais quand elle s’y était présentée, le cursus proposé ne convenait pas à son profil.

Le père de Fatéma (arrivé en France dans les années 1970) travaillait comme ouvrier chez Dunlop, et suite à un accident de travail, il n’a plus qu’une pension d’invalidité ; ce qui a servi de prétexte au gouvernement français pour expulser sa fille, en estimant que vu la « dèche » dans laquelle vit désormais son papa il ne peut plus supporter les charges de sa fille. Sa fille qui elle, est née en 1987 au Maroc et a rejoint son papa dans l’Hexagone en 2000.
Le 15 décembre courant, un autre Marocain, père de quatre enfants scolarisés dans le Gard, a été également reconduit vers Casablanca.

Plusieurs élans de solidarité se sont manifestés. Ainsi les associations nationales (OMDH, le Réseau des Associations du Nord, AMDH…) et internationales (Attac et d’autres associations françaises) élèvent la voix contre ces expulsions tous azimuts et viennent autant que faire se peut au secours de ces désespérés –ne ce serait-ce que moralement- D’ailleurs les actions du Réseau Education Sans Frontière (très actif dans ce domaine) ont empêché une vingtaine d’expulsions.

Pour le cas de Fatéma, Lucile Daumas (membre du Réseau Education Sans Frontière que nous avons interrogée) qui réside à Rabat, et d’autres personnes travaillent d’arrache-pied pour obtenir qu’elle reparte terminer ses études, en faisant circuler des pétitions dans les établissements français), et aussi une demande d’audience à l’ambassadeur de France à Rabat, demande sans suite jusqu’à présent.

En plus des griefs contre l’Etat français, le RESF et d’autres associations de défense des droits humains en veulent également aux ambassades des pays, notamment le Maroc, qui ont accepté les accords de réadmission des expulsés. Même s’ils reconnaissent que ces pays ont subi de fortes pressions, que leur complicité a été dictée puisque c’est devenu une conditionnalité pour ces pays afin de bénéficier de l’aide au développement des pays ‘’nettoyeurs’’.

En ces jours de démobilisation (les associations, la presse, etc.) pour les vacances, les associations de défense des droits humains craignent l’augmentation des expulsions en catimini. En effet, le RESF a eu des informations selon lesquelles les centres de rétention sont en train de se remplir ces jours-ci ; et que les personnes interpelées ne vont passer que 10 jours dans ces centres en attendant un dernier recours administratif, après quoi elles seront ‘’embarquées’’ vers leur pays d’origine. En plus des procédures judiciaires contre le réseau accusé de cacher des personnes susceptibles d’être expulsées.

En attendant, pour Fatéma, Latéfa et sa fille Inès et toutes les autres personnes expulsées ou en cours de l’être, c’est la galère. Un véritable chemin de croix. Au quotidien. C’est cela désormais la nouvelle politique étrangère de la France…

Bassirou Bâ
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