Menu

Otages marocains en Irak : Le silence qui tue

Il y a une centaine de jours, les marocains du monde entier s’étaient unis pour demander la libération des deux otages marocains détenus par El Qaida, Abderrahim Boualam et Abdelkrim El Mouhafidi. Aujourd’hui, nos deux compatriotes sont toujours détenus quelque part en Irak…Leur sort reste inconnu pour le moment, aucune nouvelle depuis ce mémorable 20 octobre 2005.

Pourtant, cinq jours plus tard, trois diplomates marocains avaient été choisis pour suivre cette affaire et, on l’espérait, convaincre les ravisseurs de relâcher leurs deux victimes…

Que savent-ils jusqu’à présent ? C’est une question que tout le monde se pose et à laquelle personne ne répond. La délégation dépêchée à Amman depuis le 25 Octobre pour apporter des nouvelles des deux marocains et, peut être, négocier leur libération a disparu à son tour. «Trois mois de mutisme », note Aujourd’hui le Maroc. « Sous d’autres cieux, de pareilles délégations tiennent au courant l’opinion publique des derniers développements de l’affaire.»
Le Journal Hebdomadaire, qui s’est visiblement posé la même question, a pensé à interroger le porte-parole du gouvernement, Nabil Benabdellah. Celui-ci déclare que’’ le gouvernement suit toujours avec attention la situation des deux otages en Irak. La délégation marocaine, qui se trouve à Amman, essaie d'obtenir des informations et d'établir le contact avec les ravisseurs’’. Cela n’empêche que les marocains n’en savent rien.

Ce silence est loin d’être rassurant. Le Journal rapporte qu’aux dires de certains responsables, « les autorités ne communiquent pas pour la simple raison qu’elles n’ont pas d’information ». Mais ne pas avoir d’informations est aussi une information en soi…A défaut d’apporter des réponses, cela servirai au moins à rafraîchir les mémoires et à garder les consciences en éveil. Il faut dire que l’agitation des premières semaines s’est progressivement atténuée pour se limiter finalement au petit rappel des «100 jours sans nouvelles»…

Les portraits des deux hommes sont bien là, sur la Une de quelques journaux, au journal télévisé de 2M, mais avec l’absence de suivi et de commentaire, ils font de plus en plus partie du décor…La mobilisation générale qui a suivi l’enlèvement : marches de solidarité à Casablanca et dans plusieurs villes étrangères, dénonciation unanime de tous les partis politiques marocains, critiques des Conseils des Oulémas, manifestations des Représentants de la société civile, etc. Tout cela s’est peu à peu réduit pour laisser place à un calme (presque) plat. Décidément, les marocains s’essoufflent vite ! «Nous sommes bien loin du branle-bas de combat autour des prises d'otage des journalistes Chesnot, Malbrunot, Sgrena ou encore Aubenas» rappelle avec raison le Journal Hebdomadaire. Nous ne sommes tout simplement pas assez tenaces.

Les journaux auront beau titrer «100 jours de captivité, 100 jours d’espoir », la conviction n’y est pas. Cela est compréhensible dans le sens où, en général, Al Qaida ne revient pas sur ses décisions meurtrières. D’ailleurs l’aphasie du gouvernement sur l’affaire n’est pas pour rassurer ; «pas de nouvelles, bonnes nouvelles» n’est malheureusement pas toujours vraie. Mais il ne faut pas oublier non plus qu’à la base, Al Qaida ne se priverait jamais du plaisir de brailler haut et fort ses exploits barbares. Il est donc probable que Boualam et El Mouhafidi soient toujours détenus par quelque groupe terroriste en Irak. Comment pourrait-on les aider ? En poursuivant la mobilisation et en redoublant d’efforts. S’il est évident qu’Al Qaida ne se laissera pas attendrir par ces marques de soutien et de persévérance, il est vrai aussi qu’une pression sur le gouvernement sera plus que la bienvenue pour bousculer un peu ses trois diplomates. Notre fameuse délégation ne ménage peut-être pas d’efforts pour libérer les deux hommes, mais cela n’empêche que les Marocains ont le droit de savoir. Nous n’avons pas besoin de trois autres portés disparus.

Salma Daki
Copyright Yabiladi.com

Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com